"C'est avant tout une visite d'amitié que j'effectue en Algérie (...) C'est aussi l'occasion de rappeler que ce qui nous unit désormais est un partenariat d'exception qu'il nous appartient de faire vivre les uns et les autres. C'est à cela que nous allons travailler dans le cadre du Comité intergouverne mental de haut niveau algéro-français (CIHN)", c'est avec ces mots, et devant la presse lors de son arrivée à l'aéroport international Houari Boumediene, qu'a décrit le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault, sa visite de travail de deux jours en Algérie. Le chef de la diplomatie française a été accueilli hier à son arrivée à l'aéroport international Houari Boumediene par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. Cette visite, qui intervient à l'invitation de M. Lamamra s'inscrit dans le cadre de la convention bilatérale instituant le Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), conclue entre les deux parties en décembre 2013, qui prévoit l'instauration d'un dialogue politique régulier entre les deux pays au niveau des Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et des secrétaire généraux, avait indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Lors de sa visite, le ministre français s'est entretenu avec le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, les deux parties ont eu l'occasion de faire le point sur l'évolution de l'ensemble des dossiers inscrits à l'agenda bilatéral et ont examiné les voies et moyens permettant d'approfondir le dialogue politique et de renforcer les relations entre les deux pays. Les deux ministres ont échangé également leurs vues sur les questions d'actualité régionale et internationale d'intérêt commun, notamment celles ayant trait à la paix et à la sécurité. L'entretien, qui s'est déroulé au siège du ministère, a été élargi par la suite aux membres des deux délégations. Avant l'entretien, M. Ayrault a procédé à l'implantation d'un arbuste au siège du ministère, en signe de l'amitié algéro-française.
Les deux pays sont liés par un "partenariat d'exception" Un "partenariat d'exception", c'est ce qui lie l'Algérie et la France selon le ministre français, qui a rappelé que son premier déplacement en Algérie remonte à 2013 à l'occasion de la première réunion du Comité intergouvernemental bilatéral, tout en ajoutant que la préparation "dans les meilleures conditions" de la prochaine réunion de ce Comité, prévue début avril prochain, sera à l'ordre du jour de cette visite. Le chef de la diplomatie française a également fait savoir qu'il était "porteur d'un message du président français, François Hollande, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ainsi qu'au peuple algérien". M. Ayrault a précisé que les entretiens qu'il aura avec de hauts responsables algériens porteront notamment sur des "questions bilatérales, économiques et celles liées à la jeunesse", exprimant le souhait de "franchir des étapes" dans certains dossiers. Les questions régionales inhérentes à la sécurité et la paix ainsi que "la lutte conjointe contre le terrorisme ne manqueront évidemment pas d'être abordées", a-t-il souligné, ajoutant que l'objectif des deux parties est de "parvenir à la stabilité dans cette partie du monde". La visite du chef de la diplomatie française en Algérie s'inscrit dans le cadre de la convention bilatérale instituant le Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), conclue entre les deux parties en décembre 2013. La convention bilatérale prévoit l'instauration d'un dialogue politique régulier entre les deux pays au niveau des Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et des secrétaires généraux.
Une question "délicate" et "difficile" Concernant les questions régionales, la question sahraouis été au centre d'une conférence de presse animée par les deux ministres, où le ministre français a indiqué que son pays est pour que la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) "puisse mettre en œuvre sa mission". "Concernant le Sahara occidental, la position de la France est toujours la même. Nous sommes pour que la Minurso puisse mettre en œuvre sa mission", a-t-il déclaré. Il a ajouté que c'était "tout le travail de dialogue que nous avons entrepris ces dernières semaines pour que la relation entre les partenaires régionaux, notamment le Maroc et l'ONU s'apaise", qualifiant la question du Sahara Occidental de "délicate" et "difficile". Soulignant "nous avons assisté à des tensions que nous ne pouvons pas ignorer, (...) Parfois, on nous a reprochés d'entreprendre cette démarche, mais celle-ci avait un but d'apaisement". Le chef de la diplomatie française a exprimé son souhait que le mandat de la Minurso, une fois arrivé à terme, soit renouvelé. M. Ayrault a fait remarquer que le conflit du Sahara occidental qui dure depuis 40 ans "ne doit pas être la pierre d'achoppement" dans l'amitié entre l'Algérie et la France. "C'est l'état d'esprit qui est le mien, du gouvernement et du président François Hollande", a-t-il enchaîné. Dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental a été occupé par le Maroc en 1975 après le départ des troupes espagnoles, et reste à ce jour inscrit à l'ONU au chapitre des territoires à décoloniser, selon les règles du droit international en la matière. Créée le 29 avril 1991, la Minurso a pour objectif de préparer et d'organiser un référendum d'autodétermination pour le peuple du Sahara occidental.
L'Algérie "garde toujours de bons espoirs" De son côté et lors de la même conférence à propos du même sujet, M. Lamamra a indiqué que l'Algérie "garde toujours de bons espoirs" que la France va "véritablement" aider la région à régler la question sahraouie dans le cadre de la légalité internationale. "Nous avons toujours de bons espoirs que l'administration du président François Hollande va véritablement aider la région à régler cette question dans le cadre de la légalité internationale et dans la satisfaction de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation", a-t-il déclaré. Le ministre a tenu à préciser que M. Ayrault est a la tête du ministère français des Affaires étrangères depuis quelques semaines et que le conflit du Sahara Occidental "dure depuis plus de 40 ans et revient épisodiquement dans notre dialogue politique". "Je ne suis pas historien, mais je ne vous cacherai pas que c'est l'un (conflit sahraoui) des principaux désaccords entre la politique extérieure de l'Algérie et celle de la France", a-t-il relevé. Pour le chef de la diplomatie algérienne, les Nations unies sont à un "tournant crucial, peut-être décisif" à l'occasion de la présentation du rapport du secrétaire général sur la question sahraouie. A cette occasion, M. Lamamra a exprimé, le souhait de l'Algérie de voir les Nations unies "prendre les décisions qui s'imposent afin que la communauté internationale puisse, enfin, s'acquitter de ses responsabilités historiques pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental". Soutenant "nous pensons que la France trouverait absolument un rôle à la mesure de son histoire, de son pouvoir et de ses responsabilités dans le soutien et la conduite d'un processus qui permettra au Maghreb arabe d'aller vers un destin collectif et unitaire avec la satisfaction du droit naturel du peuple sahraoui à l'autodétermination". "Nous sommes à un moment où il faut savoir dire que le pire n'est pas sûr et que le pire n'est pas le destin de notre région", a conclu M. Lamamra.
Il faut décourager l'islamophobie Parmi les sujets relevés dans cette conférence par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, l'islamophobie qui est selon lui un "puissant" ferment d'extrémisme, soulignant que la dé-radicalisation "implique absolument la lutte contre l'islamophobie". "L'islamophobie est un terroir et un puissant ferment d'extrémisme et il faut à tout prix savoir la décourager", a déclaré M. Lamamra. Il a à cette occasion fait part de la disponibilité de l'Algérie à travailler avec toutes les bonnes volontés en Europe pour lutter contre ce fléau. S'agissant de la lutte contre le terrorisme, M. Lamamra a affirmé que l'Algérie "continuera à lutter contre ce fléau et à faire bénéficier de son expérience tous ceux qui sont en première ligne de la lutte antiterroriste, notamment en Afrique". Concernant le dossier libyen, le ministre a réitéré le soutien de l'Algérie au processus des Nations unies pour le règlement de la crise libyenne, à l'intégrité territoriale de ce pays et l'unité nationale de son peuple. Ajoutant "il faut que les Libyens travaillent ensemble et apportent leur contribution pour sortir leur pays de cette situation absolument inacceptable et il s'agit pour les Libyens d'assumer leurs responsabilités et de prendre leur destin en main". Evoquant la situation au Mali, M. Lamamra a souligné la nécessité pour l'Algérie et la France de continuer à travailler ensemble pour "aider les Maliens à réaliser les promesses contenues dans l'Accord de paix et de réconciliation issu du processus d'Alger". Par ailleurs, il a exprimé le soutien de l'Algérie à l'initiative française pour la relance du processus de paix au Moyen-Orient en faveur de la question palestinienne et l'appui aux efforts de M. Ayrault en vue de concrétiser les promesses de cette initiative. A la question de savoir si le ministère comptait prodiguer des recommandations aux voyageurs algériens dans le contexte de la multiplication des attentats terroristes dans le monde, le ministre a souligné que l'Etat "respecte les libertés individuelles, soutient les Algériens partout où ils se trouvent et les services consulaires sont à leur disposition". "Dans l'avenir, si cela s'avérait nécessaire, le ministère pourrait être amené à prodiguer de telles recommandations", a-t-il ajouté. Evoquant les relations bilatérales algéro-françaises, M. Lamamra a indiqué que la visite de M. Ayrault à Alger intervenait "au moment opportun" et s'inscrivait dans le cadre de la préparation de la réunion du Comité intergouvernemental algéro-français de haut niveau. "Le dialogue entre l'Algérie et la France est riche, bénéfique et continu", a-t-il relevé.