Le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault, est attendu aujourd'hui à Alger où il effectue une visite officielle à l'invitation des autorités algériennes. Selon un communiqué de l'ambassade de France à Alger, Jean-Marc Ayrault, qui s'était entretenu dès sa prise de fonction le 11 février dernier avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra, a tenu à se rendre dès que possible en Algérie «afin de poursuivre et d'approfondir encore la concertation exemplaire entre la France et l'Algérie, dans le cadre du partenariat d'exception voulu par les chefs d'Etat français et algérien». Au cours de son séjour, Ayrault s'entretiendra avec les hautes autorités algériennes, avec lesquelles il abordera les grandes échéances bilatérales des prochaines semaines. Cette visite sera l'occasion «d'approfondir la concertation sur les grandes questions régionales et internationales et de recueillir les vues de l'Algérie, pays qui joue un rôle majeur pour la stabilité de la zone, notamment en matière de lutte contre le terrorisme». Cette visite intervient au moment où Alger et Paris nourrissent des approches différentes en matière de résolution des crises et conflits des pays de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Si Alger défend les voies diplomatiques et de dialogue, en revanche, Paris n'hésite pas à faire parler les armes en optant pour les interventions militaires. Cela s'est vérifié au Mali, en Libye et en Syrie, notamment, qui sont en proie à des crises sécuritaires de grande ampleur. La visite du chef de la diplomatie française intervient également dans un contexte où l'ancienne puissance coloniale est accusée de protection du Maroc au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Alors que l'Algérie plaide pour la résolution du conflit entre le Maroc et le Sahara occidental dans le cadre des résolutions de l'ONU, à savoir l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, la France ne cache pas son soutien au Makhzen qui propose d'accorder une large autonomie aux territoires sahraouis. Dans sa logique de défiance envers la communauté internationale, le royaume marocain a mené une véritable croisade contre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans le sillage de sa visite dans la région. L'escalade sans précédent du Maroc a atteint son apogée avec l'expulsion du personnel de la Minurso, la mission onusienne chargée depuis 1991 d'organiser le référendum sur l'autodétermination du Sahara occidental. Les représentants du Front Polisario considèrent que sans le soutien de la France, le Maroc se soumettra sans aucune difficulté aux résolutions de l'ONU. Sur ce dossier, le désaccord entre Alger et Paris n'est plus à démontrer. A la veille de la visite du diplomate français, les hauts responsables civils et militaires algériens ont tenu une réunion «de haut niveau» avec les responsables sahraouis. La visite d'Ayrault à Alger balisera, en outre, le terrain à la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, les 9 et 10 avril prochain, à la tête d'une délégation composée d'une dizaine de ministres et ce, dans le cadre de la réunion à Alger, le 10 avril, du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN).