Le marché des produits de construction, a affiché ces dernières semaine, des prix très hauts ; en effet, la flambée des prix du ciment a créé une nouvelle crise dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, notamment pour le ciment qui atteint 1000 DA pour le sac de 50 kg, et l'acier qui a été vendu à 7 500 DA le quintal. Les revendeurs des matériaux de construction ont exprimé leur colère face à ce marché instable. Questionné sur les causes, Mohamed, gérant d'un grand magasin sis à Cheraga dans la banlieue ouest, d'Alger nous a affirmé que " le marché est contrôlé par des spéculateurs qui détiennent un énorme stock de ce matériau vital dans leurs entrepôts ". Sur la possibilité de s'approvisionner directement depuis les usines, M. Mohamed a déploré que l'usine accuse toujours une pénurie, donc, on est obligés de s'orienter vers le marché parallèle. La spéculation sur les prix des matériaux de construction a atteint un seuil inquiétant, à cet effet, des clients qu'on a croisés, ont plaidé pour que le gouvernement réagisse vis-à-vis de cette situation, " le gouvernement doit intervenir, afin de stopper cette spéculation et stabiliser le marché ", a manifesté un acheteur de ciment, " on n'a pas demandé un appartement, on a construit notre propre maison, mais l'Etat doit nous aider pour que le prix des matériaux soit raisonnable " a-t-il ajouté. Mieux encore, passé de 550 DA à 950 DA le sac de 50 kg, soit plus de 550 DA par rapport au prix d'usine, selon des revendeurs et des promoteurs immobiliers. " Il y a un déséquilibre flagrant entre l'offre et la demande. En plus, les cimenteries ont rajouté 30 DA sur le prix d'usine suite à la hausse des carburants depuis le 1er janvier ", a-t-on constaté chez un revendeur de matériaux de construction à Cheraga, dans la banlieue ouest d'Alger. Selon un responsable chez Batistore, un supermarché des matériaux de construction, filiale du groupe Lafarge, les prix du ciment n'ont augmenté que de 20 DA le sac de 50 kg.
Le sac de ciment de 50 kg est facturé à 400 DA a la sortie d'usine Par ailleurs, à la sortie d'usine, le sac de ciment de 50 kg est facturé à 400 DA. Un prix auquel il faut ajouter 40 DA de marge pour le grossiste et 60 DA pour le détaillant, soit un prix de vente de 500 DA. Or, en réalité, ce prix n'est jamais pratiqué, et même chez le détaillant (et le prix négocié pour une grande quantité de 200 sacs), il ne peut en aucun cas descendre en dessous de 800 DA, soit un plus de 300 DA, alors que pour des bricoles nécessitant seulement quelques sacs, le prix est non négociable, 950 DA, à prendre ou à laisser !" "Mais le plus grave dans cette pénurie volontaire est que des réseaux se redéployent actuellement afin de revenir à des activités de conditionnement mais en trichant sur le poids. Même si les cimenteries publiques et privées du pays produisent annuellement quelque 18 millions de tonnes de ciment, cela n'est pas suffisant puisque les besoins du marché national sont estimés à plus de 22 millions de tonnes, soit plus de 4 millions de déficit. Ainsi le gouvernement s'est engagé dans sa politique de réduire les importations des produits de construction, d'ailleurs la quantité des ciments importés a baissé passant à 1,855 million de tonnes contre 1,917 million de tonnes (-3,23%). En valeur, la facture des importations des ciments a atteint 138,29 millions usd contre 174,61 millions usd (-20,8%). Encouragés par le climat sec, les chefs de projets ont doublé le travail sur les chantiers, ce qui a provoqué une forte demande sur les produits de constructions. En effet la décision du gouvernement de geler les importations du ciment et du rond à béton, la hausse des prix des carburants, est à l'origine de la forte hausse des prix de ces deux produits, indispensables dans le BTP. La montée en flèche du prix du ciment n'épargne aucune wilaya du pays, signale-t-on. Pour Kamal M., un entrepreneur activant dans des projets de logements publics, " la hausse des prix a été également favorisée par la diminution de la production de la cimenterie de Oued Sly (Chlef) " a-t-il dit.
Un déficit de production de ciment de quatre millions de tonnes Actuellement, les cimenteries publiques et privées du pays produisent annuellement quelque 18 millions de tonnes de ciment alors que les besoins sont estimés à plus de 22 millions de tonnes, soit un déficit de quatre millions de tonnes par an. A cet effet, le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), Mouloud Khelloufi, confirme la flambée des prix du ciment. Inévitablement, cette situation a créé une nouvelle crise dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Au-delà des problèmes récurrents des arrêts techniques des usines de ciment ou de baisse de leur production, pour de nombreux entrepreneurs, le mal se situe ailleurs : "Ce sont les spéculateurs et les nombreux intermédiaires qui contrôlent la distribution et qui agissent sur les prix." Même si leurs agissements ont été dénoncés antérieurement, ils opèrent toujours sans être inquiétés. "Leur seul objectif est de fructifier leurs bénéfices au détriment de l'intérêt national", nous indiquent quelques opérateurs qui dénoncent "le manque de scrupules de certains entrepreneurs qui, munis du registre du commerce, achètent des quantités considérables de ciment pour en revendre une partie sur le marché parallèle, sans se soucier de l'équilibre en matière des prix". Les professionnels du secteur tirent la sonnette d'alarme sur cette situation qui a tendance à se répéter. "Les quantités importées sont insuffisantes", nous a indiqué le président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb), Ahmed Bengaoud. Lorsqu'une usine arrête sa production ou la diminue, les spéculateurs de tout genre et leurs supplétifs accueillent ce type d'événement avec enthousiasme. "Cela leur donne une nouvelle occasion d'engranger les gains", expliquent les promoteurs du secteur. Cette situation n'a pas manqué de se répercuter sur le rythme de réalisation des constructions individuelles, dont la construction se fait au ralenti. Pour rappel, la facture d'importation des matériaux de construction (ciment, fer et acier, bois et produits en céramique) s'est chiffrée à 437,648 millions de dollars (usd) au 1er trimestre 2016 contre 601,103 millions usd à la même période de 2015, en baisse de 27,2%. Les quantités importées ont également reculé pour s'établir à 2,259 millions de tonnes (mt) contre 2,346 mt, précise le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis), qui indique, cependant, que les quantités importées en ciment et en bois ont connu une hausse. Par catégorie de produits, les ciments (non pulvérisé, portland, alumineux, hydraulique...) ont été importés pour un montant de 85,778 millions usd contre 102,029 millions usd, en baisse de 15,93%. Quant à la facture d'importation de fer et d'acier, elle a enregistré une baisse à 179,61 millions usd contre 323,219 millions usd (-44,43%), les quantités importées ont baissé pour atteindre 458 664 t contre 647 258 t. Concernant le bois destiné à la construction, sa facture d'importation a légèrement baissé à 159,738 millions usd contre 162,757 millions usd (-1,85%), tandis que la quantité importée a bondi à 379.067 t contre 348.309 t.