Cela fait plus de cinq ans que la rareté du ciment se pose de manière récurrente, notamment durant la période sèche qui s'étend d'avril à octobre. La décision du gouvernement de soumettre les importations de ciment et de rond à béton à des licences a engendré une pénurie sur le marché national. Cette mesure n'a pas été sans conséquence sur les projets lancés dans le secteur du BTPH. D'innombrables chantiers souffrant d'un manque d'approvisionnement en cette matière première, sont à l'arrêt ou du moins accusent un retard flagrant. Les entreprises réalisatrices, tenues par le respect du délai conformément au contrat paraphé avec le maître d'ouvrage, se débrouillent comme elles peuvent pour se procurer le fameux sac. Ils recourent, malgré eux, au marché noir, caractérisé par une flambée des prix. Le ministère du Commerce a fixé les contingents quantitatifs du ciment Portland gris, à 1,5 million de tonnes et celui de l'acier et du rond à béton à 2 millions de tonnes. Cela fait plus de cinq ans que la rareté du ciment se pose de manière récurrente notamment durant la période sèche qui s'étale d'avril à octobre où l'on enregistre habituellement le lancement de projets de construction, de mises en chantiers de projets publics et des travaux d'aménagement des habitations. Ce constat peut s'expliquer par une défaillance des cimenteries pour diverses raisons. "Quand une seule usine effectue un arrêt technique de maintenance, les spéculateurs saisissent l'opportunité de créer une tension en stockant du ciment dans le but de le revendre à des prix élevés", indique un observateur très au fait des évolutions du marché. Abstraction faite des problèmes liés aux arrêts techniques ou à la baisse de la production de ces unités, ce sont tous les spéculateurs et les intermédiaires qui contrôlent la distribution en imposant leur propre tarification. Il y a plus d'un mois, le prix du ciment produit localement a dépassé les 1 800 DA le quintal, alors que celui importé a atteint le seuil des 1 900 DA/quintal, tandis qu'un quintal du ciment dit "Shamel" dépassait les 1 560 DA, est-il relevé chez certains vendeurs de matériaux de construction. Chez d'autres, les tarifs du sac de ciment de 50 kg se situaient sur le marché parallèle, entre 700 et 950 DA, le triple du prix, sortie d'usine, estimé, selon les opérateurs, à environ 500 DA. Certaines sources indiquent que cette pénurie est due au fait que les quantités de ciment existantes sur le marché sont affectées essentiellement aux grands projets que sont la Grande mosquée d'Alger et l'aéroport, sur lesquels le gouvernement reste intransigeant en terme de délai de réalisation. D'où l'autorisation accordée aux entreprises chinoises, affirme une autre source, d'importer de leur pays plus de deux millions de tonnes de ciment. La hausse des prix des carburants depuis janvier dernier s'est, également, répercutée dans la tarification de ce matériau. Le ministère du Commerce est, de ce fait, interpellé pour assainir cette situation dont sont à l'origine ces pratiques illicites. L'Exécutif s'est engagé ainsi dans sa politique de réduction des importations des produits de construction. Ce qui a eu pour effet une baisse réelle des importations. Par catégorie de produits, les ciments (non pulvérisé, Portland, alumineux, hydraulique...) ont été importés pour un montant de 85,778 millions de dollars contre 102,029 millions usd, en baisse de 15,93%. Mais les quantités importées ont atteint 1,408 million de tonnes (Mt) entre janvier et mars 2016 contre 1,336 Mt sur la même période de 2015 (+5,4%). Une chose est sûre, la production nationale, évaluée à 18 Mt/an n'a pas pu couvrir la demande estimée à plus de 22 Mt/an. Le déficit est, par conséquent, de l'ordre de 4 Mt/an. Ce différentiel ne peut être comblé donc que par le recours aux importations. B. K.