En dépit de la chute considérable des prix des hydrocarbures dans la majorité des pays producteurs et la dépréciation vertigineuse du dinar qui a perdu plus de 40% de sa valeur dans la bourse internationale face au billet vert, l'Algérie essaye toujours de trouver des issues de secours afin de s'en sortir de cette situation très délicate. Pour faire face à cette grave crise qui menace sérieusement l'économie nationale, l'Etat a procédé à plusieurs options pour pouvoir se prémunir contre les répercussions de la chute des cours du pétrole et relancer l'économie grâce à une politique judicieuse, tout en basant son soutien au secteur de l'agriculture et encourager, notamment l'investissement dans la production industrielle. Alors que l'Algérie a pris de strictes mesures pour limiter la facture de l'importation de différents produits. Selon les économistes, la réalisation de projets stratégiques et la préservation des réserves nationales sont des mesures qui peuvent mettre l'Algérie à l'abri d'une récession dévastatrice. En effet, le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal a présidé, hier, une réunion de la tripartite (gouvernement-patronat-syndicat) dont les travaux ont eu lieu à la Résidence El Mithak. Cette rencontre a été consacrée à l'étude des moyens de dynamiser et d'améliorer l'économie nationale ainsi qu'à l'examen du nouveau modèle économique (2016-2019), et avec des perspectives à l'horizon 2030. Il a présenté aussi les grandes lignes du nouveau modèle de croissance économique qui vise l'émergence d'une base productive et industrielle moderne et compétitive tout en préservant la justice sociale.
Sellal s'est montré rassurant Dans ce contexte, M. Sellal réaffirme la volonté de l'Etat à poursuivre la politique d'investissement et de soutien public à l'économie, notamment pour le secteur de l'agriculture. Une manière de signifier que l'Algérie ne subira pas de politique d'austérité. Il en appelle à " mettre un terme à la dépendance à la production étrangère ". Tout en indiquant dans ce contexte que les performances de l'économie nationale sont en nette amélioration, signalant que le volume d'importation en baisse de 13,7%, en 2016 (par rapport à la même période de 2015). Ainsi que les réserves de change établies à 136,07% Mrds USD, alors que le taux d'inflation est stabilisé à 4,11%. Concernant le niveau de liquidités dans les banques, celui-ci est de 1,684 Mrds de DA. Outre, les crédits à l'économie en constante progression (+9% par rapport à la même période de 2015). "Les institutions financières internationales corroborent ces données et accréditent notre démarche économique", a observé le Premier ministre notant que le FMI avait affirmé dans son rapport de mai 2016 que le choc pétrolier n'a eu qu'un effet limité sur la croissance du PIB de l'Algérie. Dans ce rapport du FMI, il est également souligné que l'Algérie a la possibilité de mener l'ajustement de manière progressive et de reconfigurer son modèle de croissance et que la progression du taux de chômage était faible (de 10,6% en 2014 à 11,29% fin 2015) avec un niveau "correct" des réserves de change et celui "très bas" de la dette extérieure (1,8% du PIB), a rappelé M. Sellal. L'Algérie est "parmi les rares producteurs de pétrole qui continuent de faire de la croissance et de créer des activités et de l'emploi", a ajouté le Premier ministre, indiquant, dans ce sillage, que le nombre des investissements déclarés sur les trois dernières années représentait 70% des créations d'activités depuis 2002 (24.386 projets lancés entre 2013 et 2016). Par ailleurs, l'emprunt national pour la croissance "évolue correctement", selon lui. "Ce sont des signaux forts de confiance des investisseurs de l'économie algérienne", a-t-il déclaré appelant la société algérienne à œuvrer de toutes ses forces pour accélérer encore plus cette "dynamique vertueuse" parce que désormais, "le temps nous est compté". Il a prévenu, dans ce cadre, que même si les prix des matières premières, dont essentiellement le pétrole, revenaient à des niveaux élevés dans le futur, ils ne suffiront pas à couvrir le développement socioéconomique du pays. Mais malgré ses difficultés économiques, le pays est "sûr et stable", "souverain et maître de la décision politique et économique", a-t-il assuré.
Sidi SAïd : "la nécessité de ne plus compter sur la rente pétrolière" Pour sa part, M. Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a indiqué que "la chute des prix du pétrole doit être une aubaine et un stimulant pour réactiver le tissu industriel", plaidant également pour "la construction d'une économie nationale productive afin de sortir du phénomène de l'importation". M. Sidi Saïd a souligné, à cette occasion, "la nécessité de ne plus compter sur la rente pétrolière", afin de pouvoir, expliquera-t-il, répondre aux défis du développement durable, qui ne peut se réaliser qu'en s'inscrivant dans la stabilité. Le secrétaire général de l'UGTA a affirmé que l'un des défis du pays actuellement "est de réaliser le progrès social et de se faire une place sur la scène universelle". Trois dossiers socio-économiques sont à l'ordre du jour de cette tripartite. Il s'agit du nouveau modèle de croissance économique pour la période 2016-2019, de l'évaluation du pacte économique et social dans les volets investissement et emploi, ainsi que du système national de retraite. Cette réunion débattra du nouveau modèle de croissance économique mais également des "nécessaires réajustements à apporter au système national de retraite", avait indiqué un communiqué des services du Premier ministre. D'autre part, et "conformément aux orientations du président de la République Abdelaziz Bouteflika, relatives au Pacte économique et social signé en 2014, il sera procédé à l'évaluation de sa mise en œuvre".
Haddad est convaincu que l'Algérie s'en sortira saine Par ailleurs, le président du Forum des chefs d'Entreprises, M. Ali Haddad était convaincu que le redressement économique de l'Algérie, dans le cadre de la nouvelle approche préconisée par le gouvernement, repose sur plusieurs enjeux et axes d'efforts majeurs. En effet, M. Haddad a insisté sur la maîtrise des finances extérieures et la substitution aux importations par l'investissement productif et les exportations hors hydrocarbures. Ajoutant lors de son allocution : " le FCE considère que si nous devons impérativement consentir les efforts nécessaires pour concrétiser l'objectif de diversification de nos exportations, des résultats probants, en termes du revenu, ne pourront être obtenus qu'à moyen terme ", a-t-il dit. A la question du financement de l'investissement, Haddad a fait savoir que : " cette question semble d'une importance capitale. L'intermédiation bancaire et financière a des exigences que nos banques auront beaucoup de mal à satisfaire dans cette phase qui exige des engagements massifs et une grande célérité d'exécution. " Affirmant par ailleurs, que le réseau bancaire national, dominé par cinq grandes banques publiques, reste de taille modeste et prend en charge une multitude d'activités très diversifiées. A titre illustratif, aux Etats-Unis, le total des actifs des banques représente 1.2 fois le PIB contre 2.5 fois le PIB en Europe. Cependant le ratio "actifs bancaires rapportés au PIB "est inférieur à 40% en Algérie, alors qu'il avoisine les 140% dans certains pays d'Afrique. Rappelant que les travaux de la Tripartite se poursuivent à huis clos pour débattre de trois dossiers: le nouveau modèle économique, l'évaluation du pacte économique et social dans les volets investissement et emploi, ainsi que le système national des retraites.