Dos au mur, le gouvernement doit trouver des alternatives, et au plus vite, afin d'enclencher une nouvelle dynamique économique et faire face à la baisse drastique des réserves de change engendrée par le recul des prix du pétrole. En présentant les grands axes du nouveau modèle de croissance économique, à l'occasion de la tenue hier à Alger de la 19e tripartie (gouvernement, UGTA et patronat), le Premier ministre Abdelmalek Sellal a dressé un tableau peu rassurant de la situation économique et financière du pays. Selon lui, les réserves de change sont actuellement de 136,9 milliards de dollars, contre 143 milliards à fin décembre 2015. Cette annonce faite par le chef de l'Exécutif, laquelle n'a d'ailleurs pas surpris l'assistance puisque cette tendance baissière ne fait que poursuivre son cours entamé en 2014, se veut toutefois un appel qui vise à faire «émerger une base productive et industrielle moderne et compétitive tout en préservant la justice sociale». Pour couper court à tout éventuel recours dans l'avenir à la rente pétrolière pour financer l'économie, le Premier ministre a jugé que même si les prix des matières premières, dont essentiellement le pétrole, revenaient à des niveaux élevés dans le futur, ils ne suffiront pas à couvrir le développement socioéconomique du pays. Dans son allocution d'ouverture, il a souligné que la résilience de l'Algérie face à la chute brutale des cours pétroliers «ne doit en aucun cas justifier le statu quo ou l'attentisme qui nous serait fatal». Se montrant plus ferme, Sellal a insisté sur la nécessité d'en finir avec la dépendance au gaz et au pétrole en disant que la croissance doit désormais être cherchée en dehors des hydrocarbures, c'est-à-dire «dans la sphère économique réelle, là où l'entreprise, publique ou privée, est la clé de voûte». Pour ce faire, il a appelé à «bouger maintenant et ensemble pour poursuivre la mue de notre économie vers la création de richesses et d'emplois». Tout en reconnaissant que la situation est «dure» et que les contraintes sont «réelles» avec des «lendemains incertains», le Premier ministre garde toutefois une note d'espoir lorsqu'il se réfère au dernier rapport du FMI qui indique que le choc pétrolier n'a eu qu'un effet limité sur la croissance du PIB de l'Algérie. Pour preuve, atteste-t-il, l'Algérie est «parmi les rares producteurs de pétrole qui continuent de faire de la croissance et de créer des activités et de l'emploi». S'étalant sur le nouveau modèle de croissance économique, le chef de l'Exécutif a plaidé en faveur d'une approche «claire et consensuelle» jusqu'en 2019 avec des perspectives à l'horizon 2030. Donnant plus de détails, il a expliqué que ce modèle intègre un cadrage budgétaire sur le court et moyen termes, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une économie émergente fixés par l'autorité politique. L'objectif est d'aboutir, selon lui, à des niveaux soutenables en matière d'équilibres des finances publiques. Le modèle comprend également des mesures visant à consolider la justice sociale sans surcoûts économiques, réformer la fiscalité et mettre le budget au service de la croissance et du développement humain et durable. Afin de mettre en œuvre les décisions de la tripartite, Sellal a annoncé l'installation d'un comité de suivi. Les travaux de la tripartite se sont poursuivis à huis clos pour débattre de trois dossiers inscrits à l'ordre du jour, à savoir le nouveau modèle économique, l'évaluation du pacte économique et social dans les volets investissement et emploi, ainsi que du système des retraites.