Le meurtre de Jo Cox, une députée travailliste pro-UE, tuée par balles jeudi à Birstall (nord de l'Angleterre), a fait basculer dans le drame la campagne du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne. Ceci à une semaine du vote. En début d'après-midi, un homme a tiré plusieurs balles contre la jeune députée, qui s'est effondrée en sang. Un suspect a été interpellé par la police peu après le meurtre, un homme de 52 ans, décrit par ses voisins comme un "solitaire" et identifié par les médias comme s'appelant Tommy Mair. Ses motifs n'étaient pas encore connus mais, selon un témoin cité par les médias, le meurtrier aurait crié "Britain first", soit "Le Royaume-Uni d'abord". Aussitôt l'agression connue, le camp militant pour le maintien du Royaume-Uni dans l'UE a annoncé la suspension de sa campagne jusqu'à samedi.
Tragédie L'ancien maire de Londres et chef de file du camp pro-sortie de l'UE Boris Johnson a également annoncé qu'il cessait de faire campagne jeudi tandis que David Cameron a annulé un meeting pro-UE prévu dans la soirée à Gibraltar. "La mort de Jo Cox est une tragédie. C'était une députée engagée et bienveillante. Mes pensées vont à son mari Brendan et à ses deux jeunes enfants", a-t-il écrit sur Twitter. A Gibraltar, le Premier ministre a salué dans un discours une femme "au grand cœur" qui a "un bilan impressionnant en matière d'aide aux réfugiés". Le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn a salué la mémoire d'une militante et "parlementaire exemplaire" lors d'une veillée en sa mémoire qui a rassemblé des dizaines de personnes près du parlement de Westminster dans la soirée à Londres. "Ce soir, son mari Brendan est effondré et leurs deux enfants ont perdu une maman qu'ils ne reverront plus jamais", a-t-il dit, entouré de collègues en larmes. "Ce qui s'est passé va au-delà de l'horreur", a-t-il ajouté. Une veillée était également organisée à Birstall, à proximité de la bibliothèque municipale où la députée avait pour habitude de rencontrer régulièrement ses administrés.
Hommages Nombre de responsables européens parmi lesquels les Premiers ministres belge, luxembourgeois, danois et finlandais ainsi que la ministre des Affaires étrangères suédoise, ont présenté leurs condoléances. Le président français François Hollande a fait part de sa "profonde émotion" après l'assassinat de la députée et le Premier ministre Manuel Valls a jugé qu'"à travers elle, notre idéal démocratique a été visé". Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite à Copenhague, a estimé que c'était "une attaque contre tous ceux pour qui la démocratie importe". La Chambre des Communes canadienne a observé une minute de silence. Au Luxembourg, l'Eurogroupe réunissant les ministres des Finances européens a marqué une minute de silence en hommage à la députée. Et le Fonds monétaire international (FMI) qui devait publier son rapport annuel sur l'économie britannique dans la nuit a décidé de reporter la publication de 24 heures.
Campagne suspendue La campagne en vue du référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne a été suspendue pour la journée. "J'ai le regret d'annoncer qu'elle est morte des suites de ses blessures", a indiqué la cheffe de la police locale, Dee Collins, lors d'une conférence de presse. Le décès a été prononcé à 14h48, a-t-elle précisé. Jo Cox, élue travailliste favorable au maintien de son pays au sein du bloc communautaire, a été blessée par arme à feu et poignardée alors qu'elle se préparait à tenir sa permanence électorale hebdomadaire à Birstall, près de Leeds, dans le nord de l'Angleterre.
"Britain first" D'après les médias britanniques, l'agresseur, qui a été arrêté, l'a agressée dans des circonstances encore confuses. Selon témoin cité par la chaîne Sky News, l'agresseur aurait crié "Britain first", soit "Priorité au Royaume-Uni". Selon un autre témoin cité par l'agence Press Association, Joe Cox serait intervenue pour mettre fin à une dispute entre le suspect et un autre homme. Le chef de la police du Yorkshire a précisé que ses services ne recherchaient pas d'autre suspect que l'homme interpellé, parlant d'un incident isolé dont elle essaie encore de déterminer le mobile. Jayda Fransen, numéro 2 de Britain First, a qualifié cette agression d'"absolument abjecte". Elle a souligné que l'expression "Britain first" était également un slogan employé par les partisans du Brexit dans leur campagne électorale.
Emotion L'agression de Joe Cox, 41 ans, mariée et mère de deux enfants, a provoqué une vive émotion dans la classe politique britannique, qui a dans son ensemble condamné cette attaque. Diplômée de l'université de Cambridge, elle a été élue députée en 2015 et était considérée comme l'une des étoiles montantes dans le camp travailliste. Elle était connue pour son engagement en faveur des femmes et sa participation à des œuvres caritatives.
Cameron "très inquiet" Sur son compte Twitter, le Premier ministre David Cameron s'est déclaré "très inquiet", ajoutant "nos pensées et nos prières vont à Joe et à sa famille". A peine arrivé à Gibraltar, il a annoncé qu'il annulait sa participation à un meeting. Jeremy Corbyn, le chef de file du Parti travailliste, s'est lui déclaré sur le réseau social "profondément choqué" par cette agression. Les partisans du Brexit et ceux du maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'UE ont annoncé qu'ils suspendaient pour le reste de la journée leur campagne en vue du référendum prévu jeudi prochain.
Le meurtrier dévoué à un groupe néonazi Le tueur présumé de la députée britannique travailliste pro-UE, Jo Cox, était un "partisan dévoué" d'un groupe néonazi basé aux Etats-Unis, a indiqué jeudi un groupe de défense des droits civiques. Il avait une "longue histoire avec le nationalisme blanc". D'après des archives obtenues par le Southern Poverty Law Centre, le tireur "était un partisan dévoué de l'Alliance nationale, qui a été pendant des dizaines d'années l'organisation néonazie la plus importante des Etats-Unis", a révélé sur son site Internet le groupe de défense des droits. Selon le Southern Poverty Law Center, il aurait dépensé plus de 620 dollars (598 francs) dans des ouvrages de l'Alliance nationale, groupe qui a appelé à la création d'une nation peuplée exclusivement de Blancs et à l'éradication du peuple juif. Ses motifs n'étaient pas encore connus, mais selon un témoin cité par les médias, le meurtrier aurait crié "Britain first", soit "Le Royaume-Uni d'abord" à cette élue qui n'avait de cesse de faire l'éloge de la diversité et avait fait sienne la cause des réfugiés syriens. Selon le frère du suspect, il a souffert d'une maladie mentale et a suivi un traitement. "J'ai toujours du mal à y croire. Mon frère n'est pas violent et n'est pas du tout politisé", a-t-il déclaré dans le Daily Telegraph. "Il a des antécédents de maladie mentale, mais il s'est fait aider".