Les cours du pétrole ont légèrement monté vendredi, partagés entre, d'un côté, l'influence négative d'un net renforcement du dollar et, de l'autre, le soutien donné au marché par des craintes géopolitiques sur l'Arabie saoudite, l'un des principaux producteurs mondiaux. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a monté de 31 cents à 47,64 dollars sur le contrat pour livraison en octobre au New York Mercantile Exchange (Nymex). La séance a été particulièrement hésitante pour le marché du pétrole, confronté à des actualités contrastées mais insuffisamment décisives pour imprimer une tendance. "D'abord, les cours ont profité d'informations sur des attaques de missiles en Arabie Saoudite contre des installations d'Aramco", compagnie publique du pays, "même si l'on ne sait pas trop si c'est vrai ou ce qui s'est vraiment produit", a rapporté Bart Melek, de TD Securities. Ces supposées attaques ont été revendiquées par l'un des deux gouvernements du Yemen, celui contrôlé par les Houthis et opposé aux forces de Ryad dans la guerre civile qui agite ce voisin de l'Arabie saoudite. Les craintes géopolitiques, liées au poids important de la production saoudienne sur le marché pétrolier, ont néanmoins vite été relativisées par l'annonce par Aramco que toutes ses installations fonctionnaient normalement. En tout état de cause, cette attaque n'était censée viser que la province frontalière de Jizan, "dont il faut noter qu'elle est éloignée de toute installation de production ou de raffinage de pétrole brut", a souligné dans une note Tim Evans, de Citi. L'attention des investisseurs a donc semblé se détourner de la situation et "le marché est revenu sur ses gains sur fond de hausse du dollar", a noté M. Melek. Assez hésitant vendredi, le billet vert, dont la force nuit aux échanges pétroliers car ils sont libellés en dollar, se renforçait finalement après des propos jugés plutôt favorables à une hausse des taux américains de la part de plusieurs responsables de la Réserve fédérale (Fed), dont sa présidente, Janet Yellen. "Une nouvelle fois, les marchés financiers sont distraits par Janet Yellen et le marché du pétrole n'échappe pas à cette influence en évoluant en fonction des fluctuations du dollar", a écrit Matt Smith, de ClipperData.
Le pétrole hésitant après le discours de Janet Yellen Les prix du pétrole hésitaient sur la marche à suivre vendredi en fin d'échanges européens, se stabilisant après avoir connu des mouvements erratiques dans le sillage des variations du dollar consécutives au discours de la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed). Vers 16H30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 49,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en repli de 18 cents par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance lâchait 1 cent à 47,32 dollars. Les cours du Brent et du WTI, à l'image de l'ensemble des matières premières, ont été soumis à une forte volatilité ce vendredi, restant suspendus aux aléas des mouvements du dollar entraînés par le discours de la présidente de la Fed Janet Yellen. Si les prix du pétrole ont tout d'abord décroché à mesure que les premiers éléments des propos de Mme Yellen étaient publiés, suivant un premier renforcement du dollar, ils ont ensuite fortement grimpé à mesure que le billet vert s'affaiblissait, avant de repartir en baisse une fois que la tendance haussière de la devise américaine a semblé confirmé. La présidente de la Fed a de nouveau promis vendredi une hausse progressive des taux d'intérêt vu l'amélioration de l'économie américaine, tout en restant prudente face aux perturbations qui peuvent troubler l'économie. Dans un discours prononcé vendredi à la conférence monétaire annuelle de Jackson Hole, dans l'ouest des Etats-Unis, la patronne de la Fed a salué le fait que la première économie mondiale s'approchait des objectifs d'emploi maximum et de stabilité des prix. Les arguments pour une hausse des taux d'intérêt se sont renforcés au cours des derniers mois, a-t-elle affirmé, ajoutant que la Fed continuait de prévoir une augmentation progressive des taux au fil du temps. Malgré son ton prudent, les marchés, après un temps d'hésitation, ont semblé considérer que le discours de Mme Yellen était plutôt haussier pour les taux américains, ce qui a tendance à renforcer le dollar puisqu'un nouveau resserrement monétaire aux Etats-Unis rendrait ce dernier plus rémunérateur et donc plus attractif pour les cambistes. Mais à l'inverse, toute appréciation du billet vert pèse sur les achats d'or noir, libellés en monnaie américaine et donc rendus plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises. En outre, sur un plan plus spécifique au marché du pétrole, les investisseurs continuaient à être ballotés au gré des signes venus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en vue d'une réunion exceptionnelle fin septembre en Algérie. Dernière actualité en date: le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh s'est dit opposé à toute réduction de la production, balayant de nouveau les espoirs des investisseurs concernant une baisse de l'offre mondiale de brut. Nous écouterons nos collègues, ce qu'ils ont à proposer, a déclaré M. al-Faleh à Bloomberg News dans une interview publiée jeudi. Je ne crois pas qu'une intervention importante soit nécessaire. Je ne préconise certainement pas une baisse de production, a-t-il poursuivi. En outre, Téhéran a insisté ce vendredi sur le fait qu'il souhaitait récupérer sa part du marché du brut d'avant les sanctions internationales, ce qui compromet d'autant plus toute perspective d'accord sur un gel de la production le mois prochain à Alger. La grande question reste de savoir si un accord peut être conclu étant donné que les acteurs principaux tels que l'Iran se réservent encore le droit de continuer à augmenter leur production. Si un accord venait à être décidé, il serait initialement considéré comme positif en tant que premier signe que les membres de l'Opep sont en réalité capables de soutenir les prix en faisant plus que s'exprimer verbalement, résumait Ole Hansen, analyste de Saxo Bank.