Les cours du pétrole ont baissé pour la troisième séance consécutive vendredi, cédant sous le poids d'un dollar renforcé par la perspective semblant se confirmer d'une prochaine hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis, suite à d'excellents chiffres sur l'emploi. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre a perdu 91 cents à 44,29 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a cédé seulement 56 cents à 47,42 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Le marché se disait déjà (depuis mercredi) que les taux d'intérêt allaient augmenter, et les chiffres de l'emploi n'ont fait que le confirmer, a déclaré Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. En effet, le nombre bien supérieur aux attentes de créations d'emploi en octobre aux Etats-Unis, témoignant de la santé de l'économie, a été perçu comme une incitation pour que la Réserve fédérale relève ses taux prochainement, conformément aux souhaits plusieurs fois exprimés par ses principaux responsables. Or tout redressement des taux aura pour effet de rendre le dollar plus attractif, et en anticipation le dollar est monté vendredi à son plus haut niveau en six mois. Comme les échanges de brut sont libellés en dollars, ce mouvement pénalise les acheteurs munis d'autres devises et pèse sur les cours. Le prix du pétrole avait commencé à baisser dès mercredi, à la suite de déclarations de la présidente de la Fed Janet Yellen rappelant déjà qu'une hausse des taux restait possible dès le mois prochain. Dans ce contexte, négatif pour l'ensemble des matières premières, l'annonce d'une nouvelle baisse du nombre de puits de pétrole en activité aux Etats-Unis est passée inaperçue. La société de services pétroliers Baker Hughes a annoncé qu'il y avait six puits de pétrole en activité de moins cette semaine que la semaine dernière, semblant confirmer la perspective d'une baisse de la production nationale, qui tarde toutefois à se confirmer dans les chiffres que le ministère américain de l'Energie (DoE) publie tous les mercredis. Une autre annonce a laissé de marbre les investisseurs, celle que l'oléoduc Keystone qui devait acheminer du pétrole canadien aux raffineries du bord du Golfe du Mexique ne serait finalement pas construit. En effet ces actualités ne suffisent pas à faire oublier que le marché souffre toujours de gros excédents mondiaux. Un renforcement du dollar n'est pas une bonne nouvelle pour les prix du pétrole, pas plus que ne l'est l'annonce que la production en mer du Nord va atteindre quasiment un plus haut en deux ans, à 2,05 millions de barils en décembre, relevait David Hufton, chez PVM, rappelant par ailleurs que la production russe s'était établie à un record de 10,78 millions de barils par jour en octobre. La chute des prix est censée décourager plutôt qu'encourager la production mais c'est l'inverse qui se produit à court terme, les producteurs se ruant pour engranger des recettes en poussant les unités de production à leurs limites, a fait valoir David Hufton. Tim Evans, chez Citi, a noté par ailleurs qu'au Brésil la production pétrolière semblait se poursuivre en dépit d'une grève du secteur, qui en début de semaine avait apporté un peu de soutien aux cours. La reprise partielle de la production brésilienne de brut, en dépit de la grève, pourrait réduire les inquiétudes quant à un éventuel manque à gagner pour l'offre globale, a-t-il noté.