Après la surprise, puis la satisfaction de voir élu un candidat ayant promis baisses d'impôts et programme d'infrastructures, Wall Street attend désormais les premiers pas du président élu Donald Trump pour confirmer son emballement. Dans la foulée de l'élection présidentielle l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a signé sa meilleure semaine en près de cinq ans, en augmentation de 5,36% à 18 847,66 points et a battu deux records successivement. Le Nasdaq, à dominante technologique a pris 3,78% à 5 237,11 points et l'indice élargi S&P 500 3,80% à 2 164,45 points. La Bourse de New York a très vite pris son parti d'une victoire de Donald Trump qu'elle n'attendait et qu'elle ne souhaitait pas, les investisseurs se ruant sur les titres pouvant bénéficier de son élection. "Le basculement entre secteurs a été incroyablement violent cette semaine et il sera très important de voir si les choses se normalisent la semaine prochaine", a indiqué Tom Cahill. Les entreprises technologiques, qui faisaient figure depuis le début de l'année de principal relais de croissance ont été un peu délaissées au profit des secteurs de la santé, sur lequel ne pèsent plus les risques d'une présidence Clinton, de la finance ou encore ceux liés à la défense et aux infrastructures. "Quand on s'est réveillé mercredi matin, les questions qui se sont posées ont été: s'il y a une relance par les programmes d'infrastructure, s'il y a une dérégulation du secteur financier, on a tout d'un coup des secteurs dont les profits vont beaucoup augmenter", a indiqué Gregori Volokhine de Meeschaert. Plus généralement, les investisseurs escomptent un rebond de la croissance grâce aux dépenses supplémentaires et aux baisses d'impôts et un regain de l'inflation. Pour en bénéficier et par crainte de voir la valeur de leur actifs s'éroder ils ont quitté le marché des obligations d'Etat pour affluer vers les marchés d'actions. "Le déficit va augmenter et tout ne passera pas, même avec un Congrès républicain, mais la perspective d'impôts plus faibles, de moins de réglementations et d'un plan de relance est la combinaison parfaite pour le marché", a résumé Hugh Johnson de Hugh Johnson Advisors. Cette vision a pour l'instant éclipsé les réserves émises par Wall Street avant l'élection sur les propositions du candidat Trump. Entourage Ses premières nominations dans les domaines touchant à l'économie vont être "vite décortiquées par rapport à leurs positions sur les programmes les plus +extrêmes+ de M. Trump", a estimé Gregori Volokhine, mentionnant notamment le sujet crucial des accords commerciaux. "Ce qui inquiète beaucoup le marché c'est que nous savons que M. Trump n'a pas d'expérience et nous espérons qu'il s'entoure de personnes qui en ont", a continué Hugh Johnson. La remontée des taux, qu'elle soit favorisée par les risques d'inflation ou par la perspective de voir la Réserve fédérale (Fed) procéder à un resserrement monétaire à une cadence plus élevée qu'attendu jusque-là, suscite des interrogations à plus long terme. "Il ne faut pas oublier que la justification de la progression des marchés les huit dernières années a été des taux d'intérêts proches de zéro", a rappelé Gegori Volokhine. Les fondamentaux des entreprises paraissent toutefois rassurants estimait Tom Cahill qui relevait qu'il semble que pour le troisième trimestre "le bénéfice par action des membres du S&P500 soit en hausse d'environ 2,5% sur un an ce qui est le premier chiffre positif depuis de plusieurs années". Dans les prochaines semaines, les investisseurs seront également attentifs à tout indice sur les ventes de fin d'année, période toujours cruciale pour la consommation, qui reste le principal moteur de l'économie américaine. Une semaine agitée Wall Street a légèrement monté vendredi, ce qui a suffi au Dow Jones pour battre un nouveau record, l'absence de nombreux investisseurs pour le 11 novembre ramenant du calme sur un marché bouillonnant depuis l'élection de Donald Trump. "A mon avis, aucune des fluctuations d'aujourd'hui ne témoigne d'une tendance", a résumé Jack Ablin, de BMO Private Bank. "Les investisseurs ont largement pris un jour de congé en hommage aux anciens combattants." Même si le Veterans Day, célébré le 11 novembre aux Etats-Unis, n'est pas uniformément marqué par un jour férié, beaucoup d'Américains le célèbrent et, si Wall Street a ouvert, le marché obligataire est resté fermé. Considéré comme une valeur refuge, le marché obligataire américain a été l'une des principales victimes de l'élection inattendue de Donald Trump comme président, et sa chute s'est largement faite au profit de Wall Street. Wall Street se maintient en tout cas proche de niveaux sans précédent, confirmant que les marchés semblent toujours préférer se concentrer sur les aspects jugés positifs du programme de M. Trump, notamment sa volonté d'investir dans les infrastructures et d'engager de vastes baisses d'impôts Pour le reste, l'actualité économique s'est largement résumée vendredi à "une bonne nouvelle sur le moral des ménages", selon les termes de M. Johnson, en référence à un indice meilleur que prévu, établi par l'université du Michigan pour novembre. "Il n'en reste pas moins que l'on fait une pause", a-t-il conclu. Nvidia s'envole Parmi les valeurs, le géant des médias et du divertissement Disney a soutenu le Dow Jones en prenant 2,86% à 97,68 dollars après avoir fait oublier des résultats trimestriels décevants en se montrant rassurant sur les perspectives de croissance de son bouquet télévisé ESPN. Comme la veille, des résultats animaient le secteur de la distribution, la chaîne de grands magasins J.C. Penney, hésitant en séance, a finalement gagné 3,97% à 9,16 dollars malgré l'annonce de comptes dans le rouge au dernier trimestre avec un léger déclin de ses ventes. Egalement dans le secteur, le groupe Nordstrom, qui a également annoncé une perte nette trimestrielle mais un peu fait progresser son chiffre d'affaires, a avancé de 4,80% à 58,72 dollars. La marque de vêtements Michael Kors a baissé de 3,98% à 49,70 dollars après avoir annoncé une baisse des ventes et bénéfice net trimestriels et déçu par certaines de ses prévisions. Parmi les autres valeurs, le fabricant de semiconducteurs Nvidia, qui a fait bondir ses ventes et doublé son bénéfice au dernier trimestre, s'est envolé de 29,81% à 87,97 dollars Les places chinoises volatiles La Bourse de Hong Kong a fini vendredi en baisse de 1,35% sur des prises de bénéfice, tandis que Shanghai et Shenzhen ont gagné respectivement 0,78% et 0,53% dans l'attente de nouvelles statistiques économiques chinoises la semaine prochaine. A Hong Kong, l'indice composite Hang Seng a perdu 308,02 points à 22.531,09 points, au lendemain d'un bond de près de 2%, et sur fond d'inquiétudes concernant la future politique du président élu américain Donald Trump, notamment en matière de commerce international. Le secteur immobilier a souffert de la crainte qu'une hausse des taux d'intérêt puisse avoir une influence négative sur les ventes de logements après l'annonce, la semaine dernière, du doublement des droits d'enregistrement à Hong Kong afin de freiner la flambée des prix. Wharf Holding a plongé de 6,60% à 54,45 dollars de Hong Kong (HKD), China Overseas de 2,32% à 23,20 HKD et China Resources Land de 3,20% à 18,76 HKD. Le géant de l'internet Tencent a reculé de 3,94% à 200,00 HKD, le groupe énergétique CNOOC de 1,84% à 9,61 HKD et l'assureur AIA de 0,41% à 48,35 HKD. Toutefois la hausse des taux d'emprunts a profité à certaines banques, HSBC gagnant 1,92% à 61,15 HKD et BOC Hong Kong 2,36% à 28,25 HKD. En Chine continentale, l'indice composite shanghaïen a pris 24,76 points à 3.196,04 points, dans un volume d'échanges de 343,7 milliards de yuans (45,89 milliards d'euros). La Bourse de Shanghai a gagné 2,26% cette semaine. La Bourse de Shenzhen a avancé de son côté de 11,14 points à 2.108,03 points dans un volume d'échanges de 416,7 milliards de yuans (55,64 milliards d'euros). Elle a progressé de 1,98% cette semaine. Les investisseurs se préparent à la mise en place d'une connexion les places de Shenzhen et Hong Kong, similaire à celle qui relie les Bourses de Hong Kong et Shanghai. "La connexion entre Hong Kong et Shenzhen va être lancée prochainement et les actions qui en profiteront, telles celles des sociétés financières ont été recherchées par les investisseurs", a noté l'analyste Zhang Yanbing de Zheshang Securities. Le marché est par ailleurs dans l'attente de la publication le semaine prochaine d'indicateurs pour le mois d'octobre dont ceux des prix de détail et des investissements. Diu côté des valeurs, Founder Securities a bondi de 10%, la variation maximale autorisée par jour, à 8,56 yuans (CNY) à Shanghai tandis qu'à Shenzhen, First Capital Securities grimpait de 6,32% à 43,38 CNY. Les titres de la métallurgie ont profité de la hausse des cours. A Shanghai, Shandong Nanshan Aluminium s'est envolé de 10% à 3,71 CNY, à l'instar de Yunnan Aluminium (+10%), coté à Shenzhen, qui a fini à 8,09 CNY.