Au sortir d'une semaine de records qui laisse perplexes nombre d'observateurs, Wall Street va fixer sa boussole sur les nombreux résultats trimestriels d'entreprises après une première salve plutôt rassurante, mais peu représentative. Lors des cinq dernières séances, l'indice Dow Jones Industrial Average a pris 2,04% à 18 516,55 points, un niveau jamais vu, et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,47% à 5 029,59 points. L'indice élargi S&P 500 a gagné 1,49% à 2 161,74 points. "La principale actualité de la semaine, c'est que le Dow Jones comme le S&P 500 ont monté à des niveaux sans précédent", a résumé Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors. "Dans l'ensemble, les investisseurs sont heureux... Mais la grande majorité craint que l'on soit allés trop haut et trop vite !" Comme le Dow Jones, le S&P 500, souvent jugé le plus représentatif par les investisseurs, a battu des records de clôture pendant plusieurs séances consécutives pour culminer à 5 034,06 points jeudi soir avant un repli minime vendredi. "Tout d'un coup dans l'esprit des investisseurs, comme on atteint des records, c'est le moment d'acheter... C'est typique", a ironisé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. "C'était une semaine sous le signe de la peur de manquer la hausse, ce qui pousse les gens à investir". De fait, les analystes s'interrogeaient sur ce qui, dans l'état de l'économie américaine, justifiait une Bourse aussi florissante, même si les investisseurs ont pris connaissance en fin de semaine de chiffres encourageants sur l'industrie et la consommation. "L'une des raisons, c'est l'arrivée de liquidités internationales, car les perspectives s'assombrissent dans les autres régions du monde", a estimé M. Johnson, citant des prévisions moroses en Europe. Il y voyait une explication à la bonne performance conjointe de Wall Street et du marché obligataire américain, alors que ce dernier, considéré comme un refuge, a tendance à rester en retrait quand les investisseurs sont optimistes en Bourse. "Si on se demande: +Quel est l'endroit le plus sûr pour les actions et les investissements'+... C'est le marché américain", a insisté M. Johnson.
IBM et GM Cet attrait par défaut provoque d'autant plus d'interrogations qu'il se manifeste au moment où les investisseurs digèrent les premiers résultats d'entreprises américaines du deuxième trimestre et qu'ils se révèlent, une nouvelle fois, à la fois moroses dans l'absolu, mais meilleurs que des attentes très basses. Le géant des métaux Alcoa a ainsi été salué en Bourse malgré une baisse de ses bénéfices, tandis que plusieurs grandes banques, comme JPMorgan et Citi ont fait état de profits en recul sans affoler Wall Street. "Une fois de plus, le fondamental n'est pas directeur du marché", a estimé M. Volokhine. "Pour Citi par exemple, les bénéfices sont inférieurs de 17% à l'an dernier..." Quoi qu'il en soit, les résultats du secteur financier restent soumis à la réalité particulière de taux d'intérêt très faibles, qui limitent ses marges, et les investisseurs attendent surtout les chiffres de la semaine prochaine pour se faire une idée plus fidèle des performances des entreprises. Plus qu'une salve d'indicateurs sur l'immobilier américain ou une réunion jeudi de la Banque centrale européenne (BCE), dans un contexte où l'international passe au second plan à Wall Street, ce sont des résultats comme ceux des groupes informatiques IBM et Microsoft (lundi et mardi), du constructeur automobile General Motors (jeudi) ou du conglomérat industriel General Electric (vendredi) qui donneront le ton de la semaine prochaine. "C'est là que les choses sérieuses vont commencer !", a annoncé Art Hogan, de Wunderlich Securities. "Après plusieurs trimestres de baisse des bénéfices, on va voir s'il y a un tournant." Reste que les économistes prévoient un nouveau trimestre de déclin des profits, en moyenne de 5,6% pour le S&P 500 selon les données compilées par Factset, ce qui rendrait plus chers les investissements à Wall Street et donc de moins en moins justifiable la hausse des indices.
Fin de semaine hésitante Wall Street a fini hésitante vendredi, soutenue par de bons indicateurs américains mais légèrement fatiguée à l'issue d'une semaine l'ayant portée à des niveaux sans précédent: le Dow Jones a pris 0,05%, battant un nouveau record, et le Nasdaq a perdu 0,09%. "Après une très bonne semaine, marquée par des records, la Bourse souffle un peu", a résumé Peter Cardillo, économiste en chef de First Standard Financial. "Mais elle signe une nette hausse hebdomadaire et c'est ce qui compte". L'actualité de cette fin de semaine était en tout cas plutôt positive aux Etats-Unis pour les investisseurs, avec "de vraiment bons chiffres qui laissent penser que l'économie américaine est de nouveau en forme", a estimé M. Cardillo. Indicateur de la consommation, les ventes au détail aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu en juin, tandis que la production industrielle a rebondi au-dessus des attentes le même mois.
US Bancorp monte Surtout, les résultats du jour du secteur bancaire "ont été corrects mais certainement pas au niveau de ceux de JPMorgan", publiés la veille, a reconnu M. Cardillo. Après des chiffres bien meilleurs que prévu de JPMorgan (+0,09% à 64,18 dollars), Citigroup (-0,27% à 44,33 dollars) et Wells Fargo (-2,51% à 47,71 dollars) ont annoncé un recul de leurs profits, certes moins marqué qu'attendu pour la première, mettant en exergue l'impact de taux d'intérêt historiquement bas et de l'instabilité des marchés. En-dehors des résultats de Wells Fargo et Citi, la banque US Bancorp a gagné 1,55% à 41,89 dollars après avoir fait état d'une hausse de son chiffre d'affaires à un niveau sans précédent au dernier trimestre. L'éditeur de jeux vidéo Zynga a perdu 0,35% à 2,83 dollars après un article du New York Post selon lequel le groupe ne parvenait pas à vendre ses coûteux locaux à San Francisco au prix souhaité. La société américaine de compléments alimentaires et de produits minceur Herbalife, objet d'une enquête pour fraude pyramidale, a bondi de 9,92% à 65,25 dollars après la décision par les autorités américaines de la laisser continuer ses activités, même si elle devra payer 200 millions de compensations.
Les places chinoises indécises Les Bourses chinoises ont terminé la semaine en ordre dispersé, Hong Kong gagnant 0,46%, Shanghai restant stable et Shenzhen perdant 0,30% vendredi, après la publication de chiffres meilleurs que prévu pour la croissance de la Chine au deuxième trimestre. A Hong Kong, l'indice Hang Seng a gagné 98,19 points à 21 659,25 points. Il a pris plus de 5% au cours de la semaine. La Bourse de Shanghai a fini quasiment stable, grignotant 0,01% ou 0,28 point à 3 054,30 points, dans un volume d'échanges de 202,8 milliards de yuans (27,3 milliards d'euros). Sur la semaine, il a progressé de 2,2%. L'indice composite de Shenzhen a perdu 6,20 points à 2 038,73 points dans un volume d'échanges de 365,3 milliards de yuans (49,17 milliards d'euros). Sur la semaine, il a gagné 1,3%. La hausse de Hong Kong a été portée par l'espoir de nouvelles interventions des banques centrales pour soutenir la croissance mondiale afin de contrer les effets négatifs du vote sur le Brexit. Les investisseurs ont également salué les chiffres de la croissance chinoise. Les données officielles ont fait état d'une croissance de 6,7% d'avril à juin par rapport au trimestre précédent, mieux que les 6,6% prévus par un panel d'économistes. "La Chine est en bonne voie pour atteindre son objectif de croissance pour cette année", a commenté Zhu Haibin, l'économiste en chef de JP Morgan China. Cependant, "l'investissement continue à être faible, notamment l'investissement privé", a-t-il souligné. Parmi les plus fortes hausses, l'assureur Ping An Insurance a bondi de 3,68% à 36,60 dollars de Hong Kong (HKD) et son concurrent AIA a gagné 1,05% à 48,05 HKD. Les chiffres de la croissance chinoise ont aidé la Bourse de Shanghai à finir sur une hausse hebdomadaire pour la troisième semaine de suite. "Le marché est plus positif au sujet des actions car il y a beaucoup de liquidités et les données économiques s'améliorent", a déclaré à Bloomberg News Peter So, analyste chez CCB International Securities à Hong Kong. "Mais la progression, qui a été rapide sur la période récente, rencontre une résistance", a-t-il souligné. Zhang Qi, analyste chez Haitong Securities, est également optimiste: "La dynamique de marché a été très forte et continuera à l'être si elle n'est pas interrompue par des forces externes". Les compagnies sidérurgiques ont progressé à Shanghai après des données montrant une hausse de production en juin. Shandong Iron & Steel a pris 2,77% à 2,60 yuans alors que Maanshan Iron & Steel a bondi de 6,06% à 2,80 yuans. Mais les sociétés technologiques ont perdu du terrain. Inspur Software a abandonné 2,25% à 31,69 yuans alors que Unisplendour, cotée à Shenzhen, a lâché 1,81% à 60,78 yuans.