En remportant largement le premier tour de la primaire de la droite à la présidentielle française, François Fillon a créé la surprise dimanche. Il disputera à Alain Juppé, arrivé deuxième, l'investiture dimanche prochain. Battu sans appel, Nicolas Sarkozy est éliminé. François Fillon, premier ministre durant le quinquennat présidentiel de Nicolas Sarkozy (2007-2012), a été plébiscité au premier tour de la primaire avec plus de 44% des suffrages, selon des résultats provisoires. Il fait désormais figure de favori. Dimanche prochain, il affrontera Alain Juppé, qui a récolté 28,6% des voix. Le second tour paraît toutefois mal engagé pour le maire de Bordeaux, pourtant inamovible favori des sondages depuis son entrée en lice en août 2014. Nicolas Sarkozy (20,6%) a en effet annoncé qu'il voterait pour François Fillon, tout comme Bruno Le Maire (2,4%), qui a raté le pari du "renouveau" en recueillant moins de 3% des suffrages. Seule Nathalie Kosciusko-Morizet (2,6%), qui ravit à Bruno Le Maire la quatrième place, a dit choisir M. Juppé. Jean-Frédéric Poisson, qui a obtenu 1,5% des voix, n'a pas donné de consigne de vote, alors que Jean-François Copé, qui subit un camouflet avec 0,3%, doit se prononcer lundi. Sept candidats se disputaient l'investiture en vue de l'élection présidentielle de 2017. "J'entraîne avec moi les électeurs de la droite et du centre qui veulent la victoire de leurs valeurs", a déclaré François Fillon. "La défaite ne doit humilier personne, car nous aurons besoin de tout le monde", a-t-il ajouté. Premier sur la ligne de départ en 2013, François Fillon, 62 ans, a fait campagne sur un programme économique très libéral. Longtemps distancé dans les sondages, auteur d'une fulgurante remontée dans les deux dernières semaines, il est arrivé en tête dans 87 départements sur 101. Face à lui, Alain Juppé, 71 ans, distancé mais pugnace, a promis un "combat projet contre projet" avec François Fillon, dont il a tardivement attaqué le programme en fin de campagne. Jusqu'à récemment M. Juppé, favori des sondages, se consacrait surtout à se distinguer de Nicolas Sarkozy avec un discours pondéré, refusant de diviser ou de "dresser le peuple contre les élites", et avait sous-estimé François Fillon. Les deux hommes en découdront directement jeudi soir lors d'un ultime débat télévisé. Une participation record Ce scrutin inédit à droite a été marqué par une participation record, autour de 4 millions, dans les 10'228 bureaux de vote ouverts en France. En 2011, lors de la primaire socialiste, 2,6 millions de votants s'étaient déplacés au premier tour. Cette primaire, dont Nicolas Sarkozy, 61 ans, ne voulait pas, signe son éclipse politique, quatre ans après sa défaite à l'élection présidentielle de 2012. "La page des guerres fratricides de notre famille politique est donc tournée. Je l'espère définitivement", a souligné l'ancien président à son quartier général de campagne. "Je ne suis pas parvenu à convaincre une majorité d'électeurs. Je respecte et je comprends la volonté de ces derniers de choisir pour l'avenir d'autres responsables politiques que moi", a-t-il ajouté, déclarant, sibyllin sur son avenir politique, vouloir se consacrer à des passions plus "privées". Il a dit laisser libres ses électeurs de se prononcer, mais a choisi François Fillon, "quels que soient les désaccords passés". Un sondage Opinionway diffusé dimanche soir donnait M. Fillon vainqueur à 54% face à M. Juppé (46%) lors du second tour. Selon les enquêtes actuelles, la gauche au pouvoir, en miettes, risque d'être éliminée dès le premier tour de la présidentielle en avril 2017. Le résultat laisserait place à un duel au second tour entre le champion de la droite et la chef de l'extrême droite Marine Le Pen. Les sondages donnent aujourd'hui le candidat de la droite vainqueur, mais la victoire surprise du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine et le vote britannique pour le Brexit incitent à la prudence.