L'ex-président français Nicolas Sarkozy revient à la tête du principal parti d'opposition, l'UMP, a écrit hier le quotidien Kommersant. Il pourra ainsi participer aux primaires qui désigneront le candidat du parti avant la prochaine présidentielle et prétendre, pourquoi pas, reprendre le poste de chef de l'Etat en 2017. Son retour sur la scène politique française en redessine complètement les contours. 150 000 des 250 000 militants de l'UMP ont participé au vote pour élire le président du parti. Ce scrutin était suivi de très près, pas seulement parce que l'ex-président participait à la campagne mais parce que la confrontation des acteurs majeurs du principal parti d'opposition pouvait changer toute la répartition des forces politiques dans le pays. Comme on pouvait s'y attendre Nicolas Sarkozy, qui était à la tête du parti de 2004 à 2007, est sorti vainqueur avec 64,5% des voix. L'ex-ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire et le député de la Drôme Hervé Mariton ont respectivement obtenu 29,18% et 6,32% des suffrages. Ainsi, après avoir marqué une pause après sa défaite à la présidentielle de 2012, Sarkozy fait son retour dans la grande politique. Selon ses sympathisants, le poste de président du parti devrait à nouveau lui servir de tremplin pour les primaires et le propulser vers une participation puis une victoire à l'élection présidentielle de 2017. Toutefois, le résultat de l'ex-président est bien plus modeste qu'en 2004, où il avait récolté 85,09% des votes. Il devra donc partager le pouvoir alors qu'il souhaitait rétablir l'unité dans le parti, faire disparaître les mouvements orientés vers différents chefs et toujours prêts à se battre. Une victoire plus convaincante aurait permis à Sarkozy de dompter le triumvirat des ex-premiers ministres composé de Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Alain Juppé, qui ont géré le parti en son absence - et failli le faire éclater. Chacun de ces "barons" a ses propres comptes à régler avec l'ancien (et nouveau) président - François Fillon et Alain Juppé sont prêts à l'affronter aux primaires. Par conséquent, tout le monde observera attentivement Bruno Le Maire, qui dispose de près d'un tiers des voix du parti. De retour à la tête de l'UMP, Sarkozy espère doubler le nombre d'adhérents pour le faire passer à 500 000 membres et veut en simplifier le nom. Selon certaines sources, il comportera le mot "France". Il devra également chercher des alliés en dehors de son parti. Tandis qu'Alain Juppé a l'intention de réunir la droite et le centre, de nombreux sympathisants de Sarkozy prônent une alliance avec le Front national de Marine Le Pen. En effet, leurs positions se rapprochent de plus en plus, y compris sur une question aussi sensible que l'immigration. Il est presque certain que le sort de la présidence en 2017 se décidera entre les partis de droite - dans un affrontement ou dans le cadre d'une alliance. Mais il faudra d'abord régler la question des sympathies et des antipathies personnelles. La dirigeante du FN n'apprécie pas du tout Sarkozy aussi bien personnellement que pour sa politique, alors que ce dernier doit à Marine Le Pen sa défaite en 2012: contrairement à 2007, elle n'avait pas appelé ses partisans à voter pour lui au second tour. Aujourd'hui, alors que le FN a encore renforcé ses positions, il faut encore moins s'attendre à des cadeaux de sa part.