Fidel Castro, le père de la Révolution cubaine, qui a tenu son île d'une main de fer et défié la puissance américaine pendant plus d'un demi-siècle avant de céder le pouvoir à son frère Raul, est mort vendredi 25 novembre à l'âge de 90 ans. “Le commandant en chef de la Révolution cubaine est décédé à 22h29 (heure locale) ce soir vendredi 25 novembre”, a annoncé son frère, le président cubain Raul Castro, en lisant une déclaration sur l'antenne de la télévision nationale. Il a précisé que sa dépouille serait incinérée. " Conformément à la volonté exprimée par le camarade Fidel, sa dépouille sera incinérée dans les premières heures ", de la journée du samedi 26 novembre, a-t-il poursuivi. " L'organisation de l'hommage funèbre qui lui sera rendu sera précisé "ultérieurement, a-t-il ajouté. Sa brève allocution s'est conclue par un tonitruant " Hasta la victoria, siempre " " Jusqu'à la victoire toujours !), l'antienne bien connue du Commante. Le " Lider Maximo " avait cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006, après une hémorragie intestinale. Il a abandonné en avril 2011 ses dernières responsabilités officielles, en cédant son poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC) à Raul, numéro deux du parti depuis sa fondation en 1965. L'ex-président cubain avait totalement disparu des écrans cubains entre février 2014 et avril 2015, ce qui avait alimenté de nombreuses rumeurs sur son état de santé. Mais depuis un an et demi, même si ses déplacements restaient limités, il avait recommencé à publier des réflexions, et s'était remis à recevoir chez lui personnalités et dignitaires étrangers, le dernier en date le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de la visite qu'il a effectuée du 12 au 14 octobre à Cuba.Fils d'un propriétaire terrien d'origine espagnole, Fidel Alejandro Castro Ruz est né le 13 août 1926 à Biran dans la province d'Oriente. Elevé chez les jésuites, il est diplômé de la faculté de droit de l'université de La Havane. Rebelle sans cause précise, il fait le coup de poing et de feu contre les bandes d'ultras. Il se politise à grande vitesse, acquiert une connaissance révolutionnaire et prend souvent la parole dans le patio ou sur les escaliers de l 'université. Le 8 novembre 1947, il y proclame une sorte de programme patriotique, la frustration d'une pseudo-indépendance nationale de surcroît tardive en 1899, le hante. Le jeune étudiant marche en tête des manifestations contre le gouvernement corrompu et " vendu " de Grau San Martin. Dans ce chaudron Idéologique, il lit Marx et se familiarise avec ses idées. Faire la Révolution. Orateur hors pair, il milite à la puissante Fédération des étudiants universitaires, et se fait rapidement connaître, à tel point que trois plus tard, il sera déjà un homme politique en vue à Cuba. A La Havane, Castro était déjà Fidel. Dès le coup d'Etat du général Fulgencio Batista en 1952, il organise la lutte armée avec son frère Raul. Le 26 juillet 1953, il tente d'attaquer la caserne Moncada à Santiago de Cuba, mais échoue. Arrêté et condamné à 15 ans de prison, il est amnistié puis libéré deux plus tard. Exilé au Mexique, il débarque sur la côte sud du pays. L'expédition est décimée. Réfugié avec une poignée de combattants dans les collines de la Sierra Maestra, il réussit à se réorganiser et à prendre le contrôle d'une partie de la province d'Oriente. Lancée en août 1958, une offensive générale se soldera par l'effondrement du régime de Batista le 1er janvier 1959. La guerre de guérilla dure 25 mois : 300 guérilleros affrontent 12.000 soldats. L'opération militaire de Batista (" fin de Fidel " tourne à la débâcle. Le 8 janvier 1959, en pleine guerre froide, Fidel Castro et sa légende entrent dans La Havane, acclamés par une marée humaine, Fidel le fédérateur, le libérateur, symbole de la nation. Père de la Révolution cubaine, la disparition de Fidel Castro, c'est une page d'histoire qui se tourne pour Cuba et toute l'Amérique latine. Beaucoup d'observateurs n'ont pas manqué de rappeler à l'occasion que Fidel Castro était entré dans le Livre Guinness comme " la personne qu'on a le plus souvent tenté d'assassiner ". Quand la CIA tente 638 fois de l'assassiner et que tu vis jusqu'à 90 ans et meurs d'une mort naturelle, c'est le départ vers l'autre monde d'un grand Révolutionnaire tiers-mondiste. Oui. Il a survécu à 638 tentatives d'assassinat, défié dix présidents américains et a régné un demi-siècle sur Cuba. Vénéré autant que détesté, ennemi implacable et grand séducteur, il est l'un des grands derniers géants politiques du XXe siècle.