La croissance économique des Etats-Unis a accéléré plus que prévu au 3e trimestre grâce aux consommateurs mais l'incertitude plane sur l'évolution de l'activité en 2017 avec l'arrivée de l'administration Trump. De juillet à septembre, le produit intérieur brut (PIB) américain a crû de 3,2%, en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, contre 1,4% au 2e trimestre, selon la 2e estimation du département du Commerce publiée mardi. Les analystes prévoyaient une expansion de 3% après la première évaluation qui était de 2,9%. C'est le meilleur rythme de croissance pour la première économie mondiale depuis le 3e trimestre 2014 mais certains analystes doutent que cette cadence se poursuive en 2017 avec les projets de Donald Trump de relever les tarifs douaniers avec les grands partenaires commerciaux, comme la Chine. La révision en hausse au 3e trimestre reflète un plus grand dynamisme de la part des consommateurs qui tirent traditionnellement la croissance américaine. La Maison Blanche a salué, dans un communiqué, ce rythme "solide" des dépenses des consommateurs qui, juste avant les élections présidentielles, ont avancé de 2,8% au lieu de 2,1% pour la première estimation. C'est toutefois bien moins soutenu qu'au 2e trimestre (4,3%). Les Américains ont fait beaucoup d'achats de biens durables (+11,6%), comme les automobiles ou les appareils ménagers. L'investissement des entreprises en revanche a été moins bon que précédemment estimé, reculant de 0,9%. Cela fait quatre trimestres d'affilée que les dépenses d'investissement sont en territoire négatif. Les exportations ont été solides, progressant de 10,1% mais c'est notamment grâce à des ventes exceptionnelles de soja, du fait d'une sécheresse au Brésil. Une image mitigée Tous ces éléments donnent une image encore "mitigée" de la croissance, selon les analystes de Barclays Research, tandis que Jim O'Sullivan de HFE se dit peu impressionné par cette révision en hausse. "Nous ne croyons pas à une hausse soudaine mais les données renforcent l'impression que la tendance est suffisamment solide pour continuer à faire progresser le marché de l'emploi", affirme cet économiste. Les dépenses publiques ont évolué plus lentement que précédemment estimé, n'augmentant que de 0,2%. Le marché de l'immobilier résidentiel a confirmé son affaiblissement pour le deuxième trimestre consécutif, reculant de 4,4%. Mais les prix des logements, dopés par un manque de stocks de maisons à vendre, ont continué d'avancer. L'enquête Case Shiller publiée mardi par Standard and Poor's pour septembre a atteint son plus haut niveau depuis sa création, battant notamment son précédent record établi en juillet 2006. Si l'accélération globale de l'expansion entre juillet et septembre raffermit les perspectives de croissance sur l'année, --qui sont de 1,8%, selon la dernière prévision de la Réserve fédérale (Fed) datant de septembre--, elle ne lève pas toutes les incertitudes pour la performance de 2017. L'optimisme des consommateurs semble solide, comme l'atteste l'indice du moral des ménages publié mardi également qui, selon le Conference Board, a grimpé au plus haut depuis juillet 2007. Bien que ce soit l'indice de novembre, on ne peut en attribuer le bon niveau à l'issue de l'élection présidentielle du 8 novembre que les consommateurs interrogés ne connaissaient pas encore, a souligné le Conference Board. Malgré cet optimisme du côté de la consommation, les économistes s'interrogent sur les effets sur le budget et le commerce extérieur des plans de l'administration Trump. "Le degré d'incertitude sur nos prévisions est plus grand qu'à l'ordinaire", ont signalé dans une note les économistes de Barclays Research. "Par exemple, on s'attend à un ralentissement de la croissance au 2e trimestre 2017 si l'on suppose que le président Trump va user de ses pouvoirs exécutifs pour imposer des tarifs douaniers sur les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis au cours de ses premiers 100 jours de pouvoir", soulignent ces analystes. En revanche, si ces velléités n'étaient pas mises en œuvre, la croissance pourrait poursuivre la tendance affichée au 3e trimestre, assurent-ils. Le département du Commerce publiera le 22 décembre une estimation finale de l'évolution de l'économie au 3e trimestre. La première estimation pour le 4e trimestre n'est pas attendue avant le 27 janvier. La hausse des taux "clairement renforcée" Par ailleurs, un responsable de la banque centrale américaine (Fed) a estimé que les arguments pour une hausse des taux d'intérêt s'étaient "clairement renforcés" depuis la dernière réunion monétaire de la Fed début novembre. Jerome Powell, gouverneur de la Fed et membre votant du Comité monétaire, a jugé que la patience de la banque centrale avait "payé" et qu'il ne fallait plus attendre trop longtemps. "Agir trop lentement pourrait revenir à devoir resserrer la politique monétaire de façon trop abrupte", a prévenu M. Powell dans un discours devant un club économique d'Indianapolis (nord). La prochaine réunion monétaire de la Fed est prévue les 13 et 14 décembre et les marchés s'attendent à une modeste hausse des taux d'intérêt au jour le jour après un an de patience. En décembre 2015, la Fed avait relevé le coût du crédit pour la première fois depuis près de dix ans. "Nous sommes relativement proches de nos objectifs de plein emploi et d'une inflation à 2%", a-t-il relevé ajoutant que la croissance du Produit intérieur brut restait lente en raison du vieillissement de la population. L'inflation annuelle selon l'indice PCE progresse régulièrement et a atteint 1,2% en septembre tandis que le taux de chômage est à 4,9%. M. Powell a noté que la reprise actuelle qui dure depuis juin 2009 allait bientôt être la troisième plus longue période d'expansion depuis 1913. Mais elle marque aussi la reprise au rythme le plus faible jamais vu depuis la 2e guerre mondiale. Le PIB est néanmoins de 11% supérieur à ce qu'il était avant la crise financière de 2008 et il y a 6,5 millions d'emplois de plus. La croissance de la productivité est toutefois médiocre, résultat de la faible croissance associée à des créations d'emplois soutenues et d'une population vieillissante. Selon M. Powell, les risques qui pèsent sur la croissance américaine viennent de l'étranger où la croissance et l'inflation sont faibles.