De juillet à septembre, l'économie des Etats-Unis a progressé de façon modeste à 1,5 % en rythme annualisé, conformément aux attentes des analystes. La croissance économique des Etats-Unis a marqué le pas au 3e trimestre, alourdie par l'accumulation des stocks mais soutenue par l'appétit des consommateurs, confirmant le diagnostic de la banque centrale qui n'exclut pas une hausse des taux en décembre. De juillet à septembre, l'économie des Etats-Unis a progressé de façon modeste à 1,5 % en rythme annualisé, conformément aux attentes des analystes, selon la première estimation du ministère du Commerce publiée vendredi. Cela représente une nette décélération par rapport aux + 3,9 % enregistrés au 2e trimestre, qui représentait un rebond après l'hiver long et rigoureux (+ 0,6 % au 1er trimestre).
Les consommateurs comme moteur L'expansion modérée a été tirée par les dépenses des consommateurs, les investissements résidentiels et les dépenses publiques. Les stocks accumulés au cours des trimestres précédents ont en revanche fortement pesé sur la croissance du PIB, les entreprises ayant enfin puisé dans ces stocks au détriment de la production. Cet impact des stocks a grevé la croissance de 1,4 point de pourcentage. Les consommateurs, moteur traditionnel de l'économie américaine, ont poursuivi leur rythme soutenu de dépenses (+ 3,2 % après + 3,6 % au trimestre précédent). "Il n'y a rien dans ce rapport qui fasse regretté à la Réserve fédérale (Fed) son ton un peu plus faucon à l'issue de la réunion du Comité monétaire" de mercredi, a commenté Jim O'Sullivan, économiste en chef pour High Frequency Economics (HFE).
"Frein budgétaire allégé" Tout en laissant les taux proches de zéro, la Fed n'a pas exclu de resserrer le crédit dès le mois de décembre, estimant que l'activité économique continuait de croître à un rythme "modéré", soutenu par une croissance "solide" des dépenses de consommateurs. "Le produit intérieur brut a progressé à un rythme plus lent qu'au 2e trimestre, mais l'essentiel de cette différence s'explique par le fort déclin des investissements dans les stocks, qui sont un des composants les plus volatils de la production économique", a affirmé la Maison-Blanche dans un communiqué. Elle s'est aussi félicitée du fait que "le frein budgétaire qui a pesé sur la croissance de 2011 à 2013 se soit allégé, le récent accord budgétaire (avec le Congrès) ajoutant un point positif à cette tendance".
Influence des prochains rapports sur l'emploi Hormis l'impact des stocks, ces chiffres sur la croissance "sont vraiment bons", a jugé l'économiste indépendant Joel Naroff, soulignant la solide progression du marché immobilier durant l'été (+ 6,1 %) et, malgré le dollar fort, la relative bonne tenue du commerce extérieur. "Il faudra que la Fed voie un raffermissement du marché de l'emploi et des indications que les prix hors énergie sont en augmentation pour qu'elle décide de relever les taux en décembre", estime cet expert. Même son de cloche chez Capital Economics, où Paul Ashworth assure que "les deux prochains rapports sur l'emploi et sur l'inflation auront une grande influence sur le choix de la Fed d'augmenter les taux d'intérêt en décembre ou d'attendre le début de l'année prochaine". La décision "reste serrée", affirme cet économiste pour qui la Fed devrait néanmoins "finir par repousser la hausse à 2016".
Le ralentissement va-t-il s'intensifier ? Pour Chris Low, de FTN Financial, "les chances d'un relèvement des taux en décembre sont à 50-50". La dernière réunion de l'année du Comité monétaire de la banque centrale se tiendra les 15 et 16 décembre. Ce sera aussi le 7e anniversaire de la politique monétaire à taux zéro, adoptée pour sortir de la crise financière de fin 2008 et soutenir la reprise. Le ministère du Travail publie le 6 novembre les chiffres de l'emploi pour octobre, très attendus après les créations d'emploi décevantes de septembre (142 000). Même s'il est beaucoup plus faible que les mois précédents, ce rythme peut néanmoins suffire pour continuer à faire baisser le taux de chômage situé à 5,1 % actuellement. "La grande question est de savoir si le ralentissement va s'intensifier d'ici la fin de l'année", se demande Chris Williamson, de Markit, alors que certains soupçonnent qu'en puisant dans leurs stocks les entreprises sont en train d'anticiper un ralentissement de la demande des consommateurs. Sur l'ensemble de l'année, la Fed prévoit une croissance de 2,1 % pour la première économie mondiale, après 2,4 % en 2014.