La prudence était de mise, hier à Hong Kong et Shenzhen, au premier jour des échanges sur la nouvelle plateforme de connexion entre les deux places qui offre aux étrangers un accès inédit aux actions de fleurons chinois. Vanté par Pékin comme une étape cruciale dans l'ouverture des marchés chinois, le "Hong Kong-Shenzhen Connect" permet aux investisseurs de chacune des deux Bourses d'acheter des actions sur l'autre place. Peu après que le gong eut retenti pour l'ouverture des deux places, le chef de l'exécutif hongkongais Leung Chun-ying a évoqué un "nouveau jalon" dans le renforcement des relations boursières entre la Chine et l'ex-colonie britannique revenue dans son giron en 1997. "Nous sommes en effet un supraconducteur entre le reste de la Chine et le reste du monde", s'est-il félicité. Les deux places ont cependant passé la matinée dans le rouge, dans un contexte régional baissier lié aux inquiétudes, après la victoire massive du non au référendum italien et la démission de Matteo Renzi, pour la troisième économie de la zone euro. A Hong Kong, l'indice composite Hang Seng cédait en milieu de journée 68,68 points, soit 0,30% à 22.496,14 points. La Bourse de Shenzhen reculait de son côté de 0,63% à 2.071,26 points. Francis Lun, analyste chez GEO Securities, a estimé que le lancement de la plateforme risquait dans un premier temps d'accoucher d'une souris, les effets de la crise boursière chinoise de l'an dernier se faisant toujours sentir. Copié sur Shanghai L'effondrement spectaculaire des Bourses chinoises durant l'été 2015 avait notamment eu pour conséquence de retarder le lancement de la plateforme Hong Kong-Shenzhen. Les inquiétudes ont été renforcées ces derniers temps par la fuite des capitaux liée à la baisse du yuan. "Le problème auquel la Chine est confrontée est une crise de liquidités dans le système bancaire", a déclaré M. Lun. "Difficile de trouver de l'argent pour acheter des actions quand vous manquez de liquidités." Pour les étrangers, la plateforme permet un accès à 863 entreprises chinoises cotées à Shenzhen, huitième place mondiale, et notamment à certains fleurons chinois. Parmi eux, le fabricant de Smartphones ZTE, le colosse de l'immobilier Vanke, l'assureur Ping An, ou encore le producteur d'électroménager Midea (qui a racheté le fabricant allemand de robots Kuka). Ce nouveau mécanisme copie très exactement le fonctionnement de la plateforme d'échanges boursiers existant déjà depuis deux ans entre Shanghai et Hong Kong. Le "Hong Kong-Shanghai Connect" permettait pour la première fois à des investisseurs étrangers d'acheter, en passant par l'ex-colonie britannique, des actions en yuans de sociétés cotées en Chine continentale. La porte n'est cependant qu'entrouverte: les Bourses de Shanghai et Shenzhen, du fait des sévères restrictions imposées par Pékin sur les mouvements de capitaux, demeurent quasi-isolées du reste du monde. A l'inverse de Hong Kong, un territoire chinois largement autonome, dont la place financière est étroitement connectée aux marchés internationaux. Presque 60% (en capitalisation) des sociétés à la Bourse de Shenzhen relèvent de "secteurs émergents" selon son opérateur. C'est "le marché le plus dynamique" du pays, estime même le courtier Macquarie, avec un volume d'échanges quotidiens dépassant désormais celui de Shanghai. Les investisseurs étrangers n'accéderont toutefois qu'aux entreprises possédant une capitalisation d'au moins 6 milliards de yuans (822 millions d'euros), seuil censé les protéger des folles fluctuations des Bourses chinoises. De fait, l'essentiel des 116 millions d'investisseurs boursiers en Chine continentale sont des particuliers, dont les impulsions --souvent détachées de l'activité réelle des entreprises-- valent aux marchés locaux une réputation de casino. Dans l'autre sens, la nouvelle plateforme élargit à 101 petites entreprises l'éventail des titres hongkongais que peuvent acquérir des résidents de Chine populaire. Mais la nécessité de détenir au préalable un portefeuille valant 500 000 yuans (68 500 euros) devrait, en pratique, continuer d'exclure la grande majorité des boursicoteurs chinois. "Le véritable sens de cette plateforme, c'est à un horizon de dix ans la capacité de la Chine à se projeter dans le reste du monde", estime le courtier Neil McLean, d'Instinet. "La Chine n'ouvre pas sa porte pour le plaisir." Les places chinoises ferment en baisse Les Bourses de Hong Kong et Shenzhen ont fermé en repli hier, la plateforme de connexion boursière entre les deux places faisant des débuts timides sur fond d'inquiétudes après la démission de Matteo Renzi en Italie. A Hong Kong, l'indice Hang Seng a perdu 0,26%, soit 59,27 points, à 22'505,55 points. La Bourse de Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, a cédé 0,78%, soit 16,32 points, à 2068,17 points, dans un volume d'échanges de 272,4 milliards de yuans (37,07 milliards d'euros). A Shanghai, l'indice composite a reculé de 1,21%, soit 39,13 points, à 3204,71 points, dans un volume d'échanges de 238,6 milliards de yuans (32,47 milliards d'euros). Les échanges sur la plateforme de connexion boursière entre Shenzhen et Hong Kong ont officiellement débuté hier, offrant aux investisseurs étrangers un accès inédit aux actions de fleurons chinois. Le chef de l'exécutif hongkongais Leung Chun-ying a qualifié cette ouverture de "nouveau jalon" dans le renforcement des relations boursières entre la Chine et l'ex-colonie britannique revenue dans son giron en 1997. Mais la plateforme a connu des débuts timides, dans un contexte d'inquiétude pour la troisième économie de la zone euro, après la victoire massive du non au référendum italien et la démission du chef du gouvernement Matteo Renzi. "La défaite de Matteo Renzi face aux forces populistes est source d'inquiétudes pour l'ensemble de l'Europe", a analysé Yunosuke Ikeda, responsable de stratégie des changes chez Nomura Securities à Tokyo. "Toutefois, ce résultat était attendu, ce n'est pas une surprise au sens de ce qui s'est passé au moment du Brexit ou de la victoire de Donald Trump aux ?tats-Unis" en novembre, a-t-il ajouté. Le résultat du référendum italien a entraîné un mouvement de ventes sur les marchés asiatiques, qui a brouillé les débuts de la plateforme. Francis Lun, analyste chez GEO Securities, a estimé que la nouvelle connexion risquait dans un premier temps d'accoucher d'une souris, les effets de la crise boursière chinoise de l'an dernier se faisant toujours sentir. L'effondrement spectaculaire des Bourses chinoises durant l'été 2015 avait notamment eu pour conséquence de retarder le lancement de la plateforme Hong Kong-Shenzhen. Hong Kong Exchanges and Clearing a cédé 2,66% à 197,40 dollars de Hong Kong et China Mobile a perdu 1,01% à 83,45 HKD tandis que Tencent reculait de 0,52% à 190,00 HKD. L'opérateur de casinos Sands China a en revanche gagné 2,05% à 37,25 HKD et HSBC a progressé de 0,25% à 61,30 HKD. En Chine continentale, les sociétés de courtage ont perdu du terrain: à Shanghai, Pacific Securities a plongé de 9,92% à 5,72 yuans et Everbright Securities a perdu 3,41% à 16,98 yuans. Les valeurs de l'immobilier étaient elles aussi dans le rouge, comme Beijing Vantone Real Estate (-7,72% à 5,74 yuans) à Shanghai ou Financial Street Holdings (5,93% à 11,27 yuans) à Shenzhen. A Shenzhen, Guangzheng Group a atteint la baisse maximale autorisée de 10% à 9,07 yuans et East China Engineering Science and Technology a perdu 6,21% à 14,66 yuans. Gree Electric Appliances Inc a plongé de 10% à 25,88 yuans et Midea Group a reculé de 4,18% 28,62 yuans. A Shanghai, Hangzhou Iron and Steel a perdu 5,11% à 8,54 yuans et Inner Mongolia Baotou Steel Union 2,31% à 2,96 yuans. Repli modéré après le référendum en Italie L'euro est tombé au plus bas depuis 20 mois lundi après la victoire massive du non au référendum italien suivie de la démission de Matteo Renzi, et les marchés boursiers ont fléchi en Asie sans pour autant céder à l'inquiétude. Dès la diffusion des sondages réalisés à la sortie des urnes, donnant le non à près de 60% des voix, la monnaie unique a décroché, touchant 1,0506 dollar autour de 08H20 (dimanche 23H20 GMT), contre 1,0664 vendredi à New York. Il s'agit du niveau le plus faible depuis mars 2015: l'euro était alors tombé à 1,0458 dollar. L'euro s'est toutefois rapidement redressé et oscillait autour de 1,0565 dollar vers 07H00 GMT, signe de la relative sérénité des cambistes. "Si le référendum est rejeté, ce ne sera pas la fin du monde", avait commenté Fabio Fois, économiste chez Barclays basé à Londres, interrogé avant le vote par l'agence Bloomberg News. Dans le même temps, le yen, valeur refuge, se renforçait. Le dollar glissait à 112,88 yens aux premières heures de la matinée à Tokyo, contre 113,51 yens vendredi, avant de remonter.