Le procès en appel des prisonniers politiques sahraouis de "Gdeim Izik", condamnés arbitrairement à de lourdes peines par une juridiction militaire marocaine, a été reporté au 23 janvier 2017. Le procès en appel s'était ouvert devant un tribunal civil à Rabat, sous la pression d'organisations internationales de défense des droits de l'Homme. Le 27 juillet dernier, la Cour de cassation marocaine a annulé, sous la pression d'organisations internationales de défense de droits de l'Homme, la condamnation injuste prononcée par le tribunal militaire à l'encontre de 24 militants et défenseurs des droits de l'Homme sahraouis, arrêtés dans le cadre du démantèlement par la force par les militaires marocains du camp de Gdeim Izik en novembre 2010. Détenus depuis 2010, les prisonniers de Gdeim Izik ont demandé, la veille de leur nouveau procès, leur libération "immédiate et inconditionnelle". Ils exigent également la poursuite et le jugement "des geôliers et des responsables des enlèvements, des détentions arbitraires, ainsi que les responsables de toutes les formes de tortures physiques et psychologiques dans des postes de police et de gendarmerie d'El Aâyoun occupée, dans la prison locale Salé 2 et Salé 1 et dans la prison locale Aarjat". Par ailleurs, les appels exigeant la mise en liberté "sans conditions" des prisonniers de "Gdeim Izik" se sont multipliés ces derniers jours dans le cadre d'un vaste élan de solidarité avec les détenus politiques sahraouis qui croupissent encore dans les prisons marocaines. Dans ce contexte, plus de 40 avocats de plusieurs nationalités, constitués en un collectif international de soutien aux prisonniers politiques sahraouis, ont demandé jeudi dernier l'application du droit international humanitaire sur le territoire du Sahara occidental, considéré par les Nations unies comme un territoire non-autonome, occupé par le Maroc depuis 1975. Les déclarations " provocatrices " condamnées Le gouvernement sahraoui a condamné les déclarations "provocatrices" du secrétaire général du parti marocain "El Istiklal", Hamid Chabat, qualifiant ces propos de tentative de la monarchie marocaine de légitimer son occupation illégale du Sahara occidental. Le gouvernement sahraoui a estimé que "les déclarations du parti nationaliste marocain El Istiqlal sont destinées uniquement à créer des tensions dans la région", selon un communiqué rendu publique dimanche en réaction aux propos du SG du parti marocain. L'exécutif sahraoui rappelle le Maroc que "l'ère du colonialisme, de l'expansion et de l'occupation ne peut plus avoir lieu au sein de l'organisation africaine et ses Etats membres dans le plein respect de la Charte de l'UA et de ses principes, en particulier le respect des frontières héritées de l'ère coloniale et le respect de la souveraineté des Etats membres." Il a également salué l'engagement des pays africains à défendre la Charte de l'Union africaine et ses décisions, rappelant la position de l'Afrique contre les tentatives du Maroc de nuire à l'organisation continentale, comme c'était le cas lors du sommet arabo-africain à Malabo. De son côté, le parti mauritanien l'Union pour la République (UPR), au pouvoir, a dénoncé les déclarations du secrétaire général du parti marocain El Istiklal, dans lesquelles il considère que "la Mauritanie fait partie des territoires marocains", qualifiant ces déclarations "d'atteinte à la souveraineté et à l'indépendance de la Mauritanie". Dans un communiqué aux termes très sévères publié dimanche, le parti au pouvoir mauritanien a estimé que "l'atteinte à la souveraineté et à l'indépendance de la Mauritanie n'est pas la meilleure des façons de traiter les questions et les dossiers épineux et ne mènera pas à la résolution du conflit au Sahara occidental", ajoutant que la ressuscitation des procédés provocateurs et visées occultes ne servait pas les aspirations communes des peuples et pays de la région. Le communiqué de l'UPR intervient en réponse aux déclarations du secrétaire général du parti marocain El Istiklal, Hamid Chabat, qui a estimé samedi que "la Mauritanie est une terre marocaine et que les frontières de son pays s'étalent de Ceuta au nord jusqu'au fleuve du Sénégal", s'étonnant "comment la Mauritanie avait obtenu son indépendance du royaume". Pour l'UPR les propos de Hamid Chabat dénotent "la médiocrité politique d'une élite marocaine en faillite et qui a enfoncé le Maroc dans l'isolement et dans un état de tension avec tous ses voisins". Les déclarations de Chabat interviennent après celles faites par des "analystes" politiques marocains qui ont accusé la Mauritanie sur une chaîne de télévision marocaine officielle, d'exporter le terrorisme au Sahel. Les déclarations du secrétaire général du parti marocain El Istiklal a suscité des réactions d'indignation des forces politiques et des médias en Mauritanie.