La diaspora sahraouie en Belgique a organisé jeudi un rassemblement de protestation au port de Gand (Nord-ouest de Bruxelles) où le navire "Key Bay" a accosté après avoir déchargé au port de Fécamp (France) une cargaison de l'huile de poisson importée "illégalement" du Sahara occidental occupé. Les participants au rassemblement, venus des quatre coins du Royaume, ont scandé des slogans dénonçant le "pillage" des richesses naturelles du Sahara occidental et ont levé des banderoles demandant le respect du principe de la souveraineté permanente des peuples sur leurs ressources naturelles. Ils ont également condamné la violation flagrante du droit européen et du droit international commise en premier lieu par les autorités marocaines d'occupation et par ce navire dont "la cargaison de l'huile de poisson a bien été chargée au port de Laâyoune et ne dispose pour cela d'aucun document valide délivré par les autorités sahraouies, seules compétentes pour le commerce de biens en provenance du Sahara occidental", selon le représentant du Front Polisario en Belgique, Djamel Zakari. Une lettre de protestation a été remise au personnel du navire Key bay avec lequel nous avons eu une discussion constructive pour protester contre le transport de cette cargaison de l'huile de poisson importée illégalement du Sahara occidental", a-t-il fait savoir. Cependant, aucune plainte n'a été déposée en Belgique contre ce navire arrivé en fin de journée au port de Gand après une escale samedi 14 janvier à Las Palmas de Gran Canaria, en Espagne et vendredi dernier à Fécamp (Normandie) en France où il aurait déchargé la totalité de sa cargaison. "Les autorités portuaires en Belgique ont confirmé que le navire ne transportait aucune cargaison à son arrivée au port de Gand d'où l'abandon de la plainte", a expliqué Djamel Zakari. Les autorités douanières espagnoles auraient confirmé, après inspection, qu'une partie de la cargaison avait bien été chargée et certifiée au port de Laâyoune au Sahara occidental, selon les eurodéputés José Bové et Karima Delli qui ont interpellé la Commission européenne sur l'affaire de ce navire. D'autres parlementaires européens ont également interpellé, il y a une dizaine de jours, la Commission européenne sur le risque de violation par l'Union européenne (UE) du droit européen et international concernant le respect du principe de la souveraineté permanente du peuple du Sahara occidental sur ses ressources naturelles. "Nous souhaitons attirer votre attention immédiate sur une question urgente qui pourrait potentiellement impliquer une violation grave de la législation de l'Union européenne et du droit international en ce qui concerne le commerce de marchandises en provenance du Sahara occidental", ont-ils écrit dans une lettre adressée à la chef de la diplomatie européenne et aux Commissaires européens chargés du Commerce et des affaires économiques et financières.
Les eurodéputés, "gravement préoccupés" Dans cette lettre signée par les eurodéputés Bodil Valero, José Bové et Florent Marcellesi, ces derniers mettent fortement en garde la Commission européenne sur les conséquences juridiques de l'importation par un Etat membre de l'UE d'une cargaison de l'huile de poisson en provenance du Sahara occidental sans le consentement de la population sahraouie. Les craintes des eurodéputés Bodil Valero, Florent Marcellesi et José Bové sont fondées sur le fait que le principe selon lequel les ressources naturelles doivent être exploitées au nom et dans l'intérêt de la population du territoire non-autonome n'est pas respecté au Sahara occidental et que l'indication de provenance de la marchandise est erronée. Ces derniers assuraient dans leur lettre que la cargaison de l'huile de poisson du Key Bay a été chargée au Sahara occidental et qu'elle a été faussement étiquetée d'origine marocaine par les autorités d'occupation qui ont fourni les "documents nécessaire à l'expédition". Les eurodéputés se sont dits, à ce titre, "gravement préoccupés" par cette évolution, qui pourrait impliquer "une violation directe du récent arrêt de la Cour de justice de l'UE (CJUE) sur les accord UE-Maroc" rendu le 21 décembre dernier. La CJUE, ont-ils poursuivi, soulignait "sans équivoque" que l'accord d'association UE-Maroc, ainsi que l'accord de libéralisation, ne s'appliquent pas au territoire du Sahara occidental, le peuple sahraoui a le droit à l'autodétermination, qui comprend le droit à la souveraineté permanente sur ses ressources naturelles, que le Sahara occidental doit être considéré comme un tiers et que le peuple sahraoui doit donner son consentement pour que d'autres parties exportent de son territoire.