Depuis quelques temps, des indicateurs montrent que la communauté internationale s'invite dans la recherche des solutions à une crise qui perdure depuis trois mois déjà dans les régions anglophones du Cameroun, et face à laquelle le pouvoir central de Yaoundé peine à trouver un dénouement définitif. L'Onu se saisit du dossier. Le quotidien de langue anglaise " The Guardian post " annonçait dans son édition N° 1 115 du mercredi 22 février qu'une délégation du bureau de Yaoundé des droits de l'homme et de la démocratie de l'Onu, avait séjourné dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest vers la fin de la semaine de la jeunesse, et en était repartie avec un dossier hautement confidentiel. Selon l'article, les membres de cette délégation, conduite par un diplomate béninois, ont eu un entretien d'environ 45 minutes avec le gouverneur de la région du Nord-ouest - Adolphe Lélé Lafrique, mais ont été snobés par le gouverneur de la région du Sud-ouest - Bernard Okalia Bilaï, qui n'a pas accordé de suite à leur demande d'audience. En plus du gouverneur du Nord-ouest, les délégués du centre des Nations Unies pour la démocratie et les droits de l'homme ont eu des entretiens avec les représentants de la société civile, les proches des personnes interpellées ou présumées décédées durant les manifestations, de même qu'avec les responsables de la commission nationale des droits de l'homme et des libertés basés dans le Nord-ouest, selon le journal. On s'en doute, cette mission des délégués du bureau de l'Onu à Yaoundé pour les droits de l'homme et la démocratie, a permis à l'institution internationale de s'imprégner de certaines réalités du terrain sur la crise dans les régions anglophones, qui continue d'obstruer le fonctionnement normal des juridictions et des établissements scolaires des 2 régions. Cette mission intervient ainsi après que, selon d'autres sources bien autorisées, la Commission des droits de l'homme des Nations unies, basée à Genève en Suisse, appelait il y a quelques semaines à la médiation de l'Onu ou de l'Union africaine pour la résolution de la crise. Dans notre dernière édition, nous annoncions déjà que l'Organisation des Nations unies se documente sur la requête des sécessionnistes, déclarée recevable par le comité de décolonisation des Nations unies depuis mai 2016, selon des sources diplomatiques.
Rupture de la connexion internet Autant dire que la solution à la crise anglophone pourrait venir des instances internationales, face aux mesures gouvernementales qui n'ont pas permis jusqu'ici le retour des élèves et étudiants dans les salles de classe, de même que celui des avocats dans les prétoires des deux régions. On n'en est pas encore à l'escalade internationale, mais force est de constater, selon des sources diplomatiques, que les dernières décisions prises par les pouvoirs publics peinent à ramener la sérénité dans les 2 régions. Après l'interdiction des activités du Scnc - le South Cameroon national council, et de la coordination de la société civile anglophone sur l'ensemble du territoire national, l'arrestation et l'embastillement de certains leaders des 2 mouvements, l'envoi massif des forces de l'ordre en vue du maintien de l'ordre et de la sécurité des personnes et des biens dans le Nord-ouest et au Sud-ouest, l'accalmie reste assez précaire dans les 2 régions. En dépit de la reprise des activités courantes, les mots d'ordre de villes mortes ne sont toujours pas levés, même si leur application ne soit plus de rigueur comme au début de la crise. Surtout, la reprise des cours dans les 2 régions, particulièrement dans les établissements d'obédience anglophone, demeure un véritable casse-tête pour les autorités. Toutefois, au milieu des mesures de représailles prises par le gouvernement face à la radicalisation des manifestants anglophones, la décision de rupture de la connexion internet apparait comme la plus draconienne pour laquelle les institutions internationales pourraient fonder leur intervention. Pour au moins 2 raisons, selon des diplomates qui commentent la situation à Yaoundé. D'abord, parmi les griefs que pourraient formuler les manifestants anglophones, la rupture de la connexion Internet, que les délégués du bureau onusien pour les droits de l'homme et la démocratie de Yaoundé ont certainement eu à expérimenter, est la plus facile à prouver. Ensuite, les institutions en charge des droits de l'homme, tant nationale qu'internationales, l'interprètent comme une véritable violation des droits de l'Homme par le gouvernement, même si les pouvoirs publics auront beau jeu de justifier l'opportunité de cette mesures qui, selon l'Etat, a contribué à accentuer les manifestations, avec les vidéos prétendument montées et divulguées par la voie des réseaux sociaux. Depuis lors, les responsables ecclésiastiques, les leaders politiques, et les organisations de la société civile invitent le gouvernement à revenir sur cette mesure, et surtout à libérer toutes les personnes interpellées dans le cadre de ces manifestations. Des exigences qui placent les pouvoirs publics dans un véritable dilemme. Car même si lors de ses sorties récurrentes sur la situation le chef de l'Etat en personne a reconnu la pertinence de certaines revendications formulées, Paul Biya s'est empressé d'annoncer des mesures de fermeté contre les fauteurs de troubles, et notamment ceux qui empêchent par des actes de violences certains jeunes de reprendre le chemin de l'école. Le gouvernement peut-il décider de libérer ou d'accorder l'amnistie générale, comme l'exigent certaines personnes, aux vandales qui ont foulé au pied les emblèmes de la république, au risque de continuer à fragiliser l'autorité de l'Etat ? On peut donc imaginer que l'on s'enfonce davantage dans l'impasse, ce qui pourrait prêter le flanc à l'intervention des institutions internationales dans la solution à cette crise. Et du coup, dans certains cercles diplomatiques, il se susurre que le retour des délégués onusiens de leur mission dans les 2 régions anglophones pourrait ouvrir la voie à plusieurs scénarii de sortie de crise. Ce d'autant que de sources bien informées, la requête du Scnc, après plusieurs rejets, a été déclarée recevable depuis le mois de mai 2016 par le comité de décolonisation de l'Onu.