Le chancelier autrichien Christian Kern a appelé dimanche à une interdiction dans toute l'Union européenne des réunions électorales de figures politiques turques, afin, dit-il dans une interview au Welt am Sonntag, d'éviter des tensions bilatérales avec Ankara. Les autorités turques ont déclaré samedi qu'elles allaient continuer de tenir des meetings en Allemagne et aux Pays-Bas pour appeler les Turcs installés dans ces pays à voter "oui" lors du référendum du 16 avril au projet d'instaurer un régime présidentiel en Turquie. Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, s'en est pris aux restrictions imposées par l'Allemagne et les Pays-Bas, les jugeant contraires à la démocratie, et il a assuré que d'autres réunions électorales seraient organisées d'ici la mi-avril. Dans une interview au Welt am Sonntag, Christian Kern estime que l'instauration d'un régime présidentiel en Turquie affaiblirait l'Etat de droit, limiterait la séparation des pouvoirs et contreviendrait aux valeurs de l'Union européenne. Le chancelier et ex-directeur des chemins de fer autrichiens invite également l'Union européenne à mettre fin aux discussions d'adhésion avec Ankara et de restreindre, voire supprimer, les 4,5 milliards d'euros d'aide affectés au pays à horizon 2020. "Nous devons réorienter les relations avec la Turquie sans l'illusion d'une adhésion à l'UE", estime-t-il dans le journal. "La Turquie s'est éloignée de plus en plus de l'Europe ces dernières années. Les droits de l'homme et les valeurs démocratiques sont foulées aux pieds. La liberté de la presse est un mot étranger", poursuit-il en outre. Lundi, les autorités turques ont placé en détention un journaliste du journal allemand Die Welt pour propagande en faveur d'une organisation terroriste et incitation à la violence. L'Allemagne fait tout son possible pour obtenir la libération dans les plus brefs délais. Dans le même temps, la Turquie reste un partenaire important pour les questions de sécurité, de migration et de coopération économique, estime le chancelier autrichien, qui salue le rôle tenu par Ankara dans l'accord migratoire conclu avec l'UE pour réduire l'afflux de réfugiés en Europe.