Le déficit commercial des Etats-Unis s'est accentué pour toucher un pic de près de cinq ans en janvier, la hausse des prix du pétrole ayant contribué à faire monter la facture des importations, une évolution qui suggère que le commerce pèsera de nouveau sur la croissance économique au premier trimestre. Le déficit commercial a augmenté de 9,6% à 48,50 milliards de dollars (45,86 milliards d'euros) en janvier, son niveau le plus élevé depuis mars 2012, a annoncé mardi le département américain du Commerce. Le chiffre donné pour le déficit en décembre est resté inchangé à 44,3 milliards de dollars. Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à un déficit de 48,5 milliards de dollars en janvier. Ajusté de l'inflation, le déficit commercial est passé de 62,0 milliards en décembre à 65,3 milliards en janvier. Corrigées de l'inflation, les exportations et les importations ont atteint leur niveau le plus élevé jamais enregistré en janvier. Le creusement de la balance commerciale s'ajoute à d'autres données jugées décevantes comme les mises en chantier, la consommation et les dépenses de construction. Tout cela laisse à penser que l'économie peine à reprendre de la vigueur en ce début de premier trimestre après une croissance déjà au ralenti sur les trois derniers mois de 2016 (+1,9% en taux annualisé). L'économie américaine a crû au rythme de 3,5% au troisième trimestre. Le commerce extérieur a amputé la croissance de 1,7 point au quatrième trimestre. La Réserve fédérale d'Atlanta prévoit que le PIB augmentera de 1,8% au premier trimestre. L'administration Trump, qui vise une croissance annuelle du PIB de l'ordre de 4%, est particulièrement attentive aux chiffres du commerce extérieur. Le nouveau président américain a promis des changements radicaux dans la politique commerciale des Etats-Unis, en commençant par se retirer du Partenariat transpacifique (TTP). Donald Trump veut également renégocier l'Aléna, l'accord de libre-échange nord-américain signé en 1994 par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Les économistes estiment cependant que le protectionnisme au coeur de sa politique constitue une menace pour la santé économique du pays. Les importations de biens et services ont progressé de 2,3% en janvier à 240,6 milliards de dollars, un pic depuis décembre 2014. Selon des économistes, cette progression pourrait être liée à un Nouvel an chinois tombé plus tôt cette année. La hausse de la facture des importations reflète aussi en partie le renchérissement des cours du pétrole.
Le pétrole importé à un plus haut de 2 ans Le pays a importé 259 millions de barils de pétrole brut en décembre, le niveau le plus important depuis juillet 2013. La valeur des importations de pétrole a été la plus élevée en deux ans. Le prix du pétrole importé s'est établi en moyenne à 43,94 dollars le baril en janvier, au plus haut depuis août 2015. Il y a également eu une augmentation des importations d'automobiles, qui ont atteint un niveau record. Les importations de téléphones mobiles ont également progressé. Les exportations de biens et services ont augmenté de 0,6% en janvier à 192,1 milliards de dollars, au plus haut depuis décembre 2014. Les exportations de fournitures et de matériaux industriels ont atteint leur niveau le plus élevé depuis décembre 2014 et les exportations de pétrole ont touché un sommet depuis mai 2015. Le dollar fort demeure cependant un frein à la croissance des exportations. Le billet vert a gagné 4,4% l'an dernier face à un panier de devises des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. L'essentiel de la hausse du dollar s'est produit dans les derniers mois de 2016 et prendra sans doute un certain temps pour se refléter dans les données commerciales. Les exportations vers l'Union européenne (UE) ont baissé de 7,3%, celles vers l'Allemagne ayant reculé de 10,7%. Un conseiller commercial Trump a accusé l'Allemagne de profiter indûment d'un euro faible. Les exportations vers la Chine, autre cible de la nouvelle administration Trump, ont plongé de 13,4%. Le déficit commercial des Etats-Unis à l'égard de la Chine a augmenté en janvier de 12,8% à 31,3 milliards de dollars, mais il a reculé de 8% face à l'Allemagne à 4,9 milliards de dollars. Le déficit commercial à l'égard du Mexique s'est contracté de 10,1%, son niveau le plus bas depuis juillet 2015.
Les commandes à l'industrie en hausse Les commandes à l'industrie ont augmenté pour un deuxième mois consécutif en janvier aux Etats-Unis, où le redressement du secteur manufacturier semble se confirmer avec la hausse des cours des matières premières, qui stimule la demande d'équipements. Le département du Commerce a fait état d'une hausse de 1,2% des nouvelles commandes de biens manufacturés en janvier après une progression de 1,3%, chiffre non révisé, le mois précédent. Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à une augmentation de 1,0% en janvier. La hausse est de 5,5% sur un an. Les commandes de biens d'équipement hors défense et aéronautique, considérées comme les plus représentatives de la confiance des entreprises et des prévisions d'investissement, se sont toutefois contractées de 0,1% en janvier et non de 0,4% comme rapporté le mois dernier. Les livraisons de biens d'équipement hors défense et aéronautique, qui entrent dans le calcul de la composante de l'investissement des entreprises du produit intérieur brut (PIB), ont pour leur part diminué de 0,4% en janvier. Elles avaient précédemment été estimées en baisse de 0,6%. La faiblesse de ces livraisons souligne le manque persistant de dynamisme des dépenses d'équipements des entreprises, qui ont augmenté pour la première fois en plus d'un an au cours du dernier trimestre 2016, de 1,9% en rythme annualisé.