Les créations d'emplois aux Etats-Unis ont largement dépassé les attentes en février, le taux de chômage restant au plus bas depuis huit ans à 4,9%, ce qui renforce la probabilité d'une nouvelle hausse des taux d'intérêt cette année. L'économie américaine a créé 242 000 emplois nets le mois dernier alors que les analystes s'attendaient à 190 000 nouvelles embauches. A cela s'ajoute une révision en hausse des deux mois précédents (+30 000). Ces solides embauches des entreprises n'ont pas fait baisser le taux de chômage, car, autre signe de dynamisme, il y a eu davantage de nouveaux entrants sur le marché du travail. "Six années consécutives de créations d'emplois, c'est un réel progrès", a commenté le président Barack Obama, dénonçant une nouvelle fois le sombre tableau dressé par les candidats républicains à sa succession, Donald Trump en tête. "Je ne m'attends pas à ce que ces faits et éléments tangibles poussent les candidats à renoncer à leur discours catastrophistes, mais les Américains peuvent être fiers de ce qu'ils ont accompli", a-t-il ajouté, au début d'une réunion à la Maison Blanche avec ses principaux conseillers économiques. Le taux de participation à l'emploi, qui mesure ceux qui ont un emploi ou en cherchent un activement et qui est depuis la récession de 2009 à un plus bas historique, est remonté à 62,9%, son plus fort niveau depuis deux ans. Cela représente pas moins d'un demi-million de personnes revenant sur le marché de l'emploi. "Dans le détail, ce rapport sur l'emploi en février est très, très solide", soulignait Jim O'Sullivan, économiste en chef pour High Frequency Economics. C'est le secteur des services qui a largement embauché, tiré par la santé, la distribution et les restaurants. Comme depuis plusieurs mois en revanche, les secteurs minier et manufacturier, déprimés par les bas prix du pétrole, ont détruit des emplois. Points négatifs relevés par tous les analystes, les rémunérations, qui avaient augmenté au début de l'année, sont reparties en baisse le mois dernier et la moyenne hebdomadaire travaillée a reculé. La hausse des salaires est retombée à 2,2% en glissement annuel.
Une deuxième hausse se prépare Ce bon rapport sur l'emploi est le dernier à paraître avant la réunion monétaire de la Fed des 15 et 16 mars. Si la majorité des analystes doutent d'une hausse des taux d'intérêt dès la mi-mars en raison du ralentissement mondial et de la volatilité des conditions financières dans un contexte d'inflation toujours muette, ces chiffres solides remettent assurément sur la table des relèvements des taux plus tard dans l'année. "La Fed devrait relever ses taux le 16 mars, mais, en toute probabilité, elle ne le fera pas", résumait Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics. Car si la croissance des emplois est vive, "il n'y a pas encore d'augmentation de salaire à proprement parler", affirme Nariman Behvaresh, économiste pour IHS Global Insight. "Cela signifie que les chances d'un relèvement en mars sont faibles. Tout est en place pour juin", assure cet économiste. Certains n'excluent pas non plus une action de la Réserve fédérale dès la réunion du Comité monétaire (FOMC) du 27 avril. Mais à cette date, il n'est pas prévu de conférence de presse explicative de la présidente de la banque centrale Janet Yellen, ce qui en fait un rendez-vous moins probable. Pour Joel Naroff, économiste indépendant, "les inquiétudes sur l'économie qui préoccupaient la Fed en janvier se sont largement dissipées (...). Ce rapport sur l'emploi va permettre au Comité monétaire d'envoyer le signal qu'une deuxième hausse des taux se prépare". La banque centrale a fait une pause sur les taux en janvier, attendant d'apprécier quel serait l'impact du ralentissement mondial, du dollar plus fort et de la nervosité des marchés sur l'économie américaine. Elle les avait relevés pour la première fois modestement fin décembre après six ans de politique monétaire à taux zéro. La croissance américaine a marqué le pas à la fin de l'année, tombant à 1% en rythme annualisé au dernier trimestre, mais les projections misent sur un rebond autour de 2,5% au 1er trimestre.
Aggravation du déficit commercial Le déficit commercial américain a progressé plus que prévu en janvier face à un ralentissement des exportations plus fort que celui des importations, selon des données publiées par le département du Commerce. Le solde chroniquement déficitaire des échanges des Etats-Unis avec le reste du monde a augmenté de 2,2% en un mois pour s'établir à 45,7 milliards de dollars, en données corrigées des variations saisonnières. Cette contre-performance, qui pèse sur la croissance américaine, scelle un deuxième mois consécutif d'aggravation du déficit commercial et a surpris les analystes qui s'attendaient à une hausse plus modérée de 1,4%. Elle tient à une baisse des importations (-2,2% à 176,4 milliards de dollars) bien plus rapide que celle des importations (-1,2% à 222,1 milliards de dollars), selon les données du ministère qui montrent un ralentissement général des échanges commerciaux de mauvaise augure pour la première économie mondiale. Plombées par l'appréciation du dollar, les exportations américaines sont même tombées à leur plus bas niveau depuis près de cinq ans. Celles de marchandises sont-elles au plus bas depuis novembre 2010. Les ventes de biens d'équipement américains à l'étranger ont reculé de 2,0% en un mois à 48,0 milliards de dollars. Les importations américaines ont suivi la même tendance en reculant à leur plus bas niveau depuis avril 2011. Le déficit sur les produits pétroliers a par ailleurs reculé de 22% sur un mois, à 4,6 milliards de dollars, sur fond de chute des prix du brut. Le prix moyen du baril importé de pétrole de brut (32,06 dollars) est d'ailleurs au plus bas depuis avril 2004, selon le ministère. En termes géographiques et en données brutes, le déficit sur les marchandises avec la Chine s'est aggravé en janvier de 3,6% à 29,0 milliards de dollars tandis que celui avec l'Union européenne s'est spectaculairement réduit (-35,0% à 8,8 milliards). Les échanges de marchandises avec le Canada se sont par ailleurs soldés par un déficit (-2,4 milliards), en légère augmentation.