C'est sans surprise que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé, hier, le maintien du niveau actuel de sa production. Lors de leur réunion tenue à Vienne pour examiner la situation du marché, les ministres des 13 pays de l'Opep étaient d'accord pour maintenir le niveau de production actuel de brut jusqu'en mars. "Nous étions tous d'accord pour maintenir les choses comme elles sont", a déclaré le ministre du Pétrole du Nigeria à l'issue de la réunion. Il faut dire que dans le contexte actuel d'inquiétude sur la situation économique mondiale, une hausse de la production semble improbable. D'ailleurs, le président de l'Opep a déclaré, il y a quelques jours, à la chaîne d'information Euronews, que "la plupart des membres de l'Opep pensent qu'on ne doit pas augmenter la production, parce qu'on a suffisamment de pétrole disponible". Hier, il a souligné dans les colonnes du journal français "Le Figaro" que l'offre sur le marché pétrolier "est déjà suffisante" et qu'"une hausse de la production ne changerait rien ni aux turbulences sur les marchés financiers ni aux prix", ajoutant que l'Opep "a déjà fait plus que ce qu'on lui demandait". Par ailleurs, avant l'ouverture de la réunion le ministre iranien, Gholamhossein Nozari, a dit que tous étaient prêts pour ne pas modifier les quotas. Son homologue saoudien Ali Al-Nouaimi appuiera cette position jugeant que l'offre et la demande s'équilibrent au niveau mondial. "La condition du marché est saine actuellement, l'offre et la demande sont égales et les réserves mondiales sont bonnes", a dit Al-Nouaimi. A travers ce statu quo décidé et qui passe outre les pressions des pays consommateurs, notamment les Etats-Unis, l'organisation veut éviter une répétition du scénario catastrophe de la réunion de Jakarta, en 1997, quand il avait décidé d'augmenter sa production alors que la crise asiatique commençait à faire sentir ses effets. La demande avait alors chuté et les prix s'étaient effondrés. N'ayant donc pas beaucoup de marge de manœuvre, l'Opep veut se donner du temps pour voir comment évolue la santé de l'économie mondiale avant de réexaminer le niveau de son offre lors sa réunion ordinaire du 5 mars. Cependant, si tous les membres de l'organisation étaient d'accord hier pour ne toucher à rien, selon le ministre du Pétrole du Nigeria, cette unanimité sera sans doute plus difficile à trouver le 5 mars prochain lorsque le cartel examinera à nouveau la situation sur le marché mondial face aux risques de récession américaine et l'impact sur la demande de brut. En effet, le Venezuela et l'Iran suggèrent déjà que l'Opep pourrait envisager une réduction de la production lors de la réunion de mars pour fixer un plancher aux cours. "S'il devait y avoir, comme cela a déjà été le cas depuis le début de l'année, une baisse du prix, nous serions partisans de réduire la production et nous le proposeront probablement en mars", a ainsi déclaré le ministre vénézuélien du Pétrole, Rafael Ramirez. "Oui (pour une réduction de la production) si les stocks montent et si le marché est bien approvisionné", a dit pour sa part Gholamhossein Nozari, ministre du Pétrole iranien. Les 13 membres de l'OPEP produisent environ 32 millions de barils par jour (mbj), soit 40 % de la production pétrolière mondiale. Les 12 pays soumis au système des quotas (l'Irak en est exclu) ont des objectifs de production s'élevant à 29,67 mbj au total. Le brut léger américain a refranchi à la hausse la barre des 91 dollars le baril hier dans le sillage de la décision de l'Opep de ne pas modifier ses quotas de production. Vers 11h30 GMT, le contrat mars sur le brut léger US cède 0,11%, soit dix cents, à 91,65 dollars tandis que le future même échéance sur le Brent de la mer du Nord recule de 0,28% (26 cents) à 91,95.