La nouvelle grande berline bavaroise se distingue peu esthétiquement de la génération précédente. Et c'est tant mieux. Elégante, bien finie, luxueuse en version de pointe Luxury, la 5 est rassurante à conduire et plutôt confortable. Dommage: une absence totale de sensations. Pour une conduite aseptisée. Comme chez Audi et Mercedes - dans une moindre mesure -, une génération chasse l'autre, sans qu'on s'en rende compte. La nouvelle Série 5 ressemble ainsi à s'y méprendre à la précédente. Seul un fin connaisseur les distinguera. Avantage: un nouveau modèle ne déclasse pas l'ancien. BMW parvient même à garder un air de famille avec la première Série 5, apparue en 1972! Nous retrouvons avec plaisir ces lignes intemporelles, harmonieuses, élégantes, avec juste un peu d'agressivité mais pas trop, qui semblent dessinées simplement, d'un seul jet. A y regarder d'un peu plus près, la silhouette est, toutefois, désormais plus fine, plus étirée. Quelle classe! On regrettera juste un avant surchargé, avec des phares au dessin trop compliqué assez prétentieux et une foison de (faux) chromes clinquants.
Intérieur plein de classe, mais défauts d'ergonomie A l'intérieur, c'est pareil. Tout est chic, rigoureusement fabriqué. Rien que du bon goût, à une fausse note près: le pourtour du levier de vitesses en plastique piano noir… A côté des placages en vrai bois, ça fait ridicule. Sinon, tout est luxe (à condition de choisir la finition haute Luxury) et volupté. Voilà un joli cocon douillet, avec un cuir brun chaleureux sur notre modèle de test. Les commandes tombent sous la main. On applaudit à la vitesse qui s'affiche désormais en gros devant les yeux (à gauche) et le rapport sur lequel on est (avec la boîte auto) à droite. La petite montre analogique au centre est plaisante. Sinon, la voiture est assez spacieuse - mais, vu la longueur, ça n'a rien d'extraordinaire. Malgré ses qualités, cet habitacle recèle quand même des détails d'ergonomie… mal pensés, qui agacent à ce tarif. L'accoudoir central demeure non réglable. Les sièges, conçus pour des grands et larges gabarits, manquent de maintien. La multitude de fonctions génère une complexité d'utilisation guère évidente. La cartographie du GPS est étonnamment lacunaire. Quantité de petites routes de campagne sont absentes! Enfin, toute l'aide au stationnement est à revoir. Les bips-bips de parking, stridents, peuvent s'éteindre, mais ils se remettent en route à chaque marche arrière. Exaspérant au possible. Et, si on les éteint, la caméra de recul se met aussi hors service! Pour avoir la caméra seule sans bips-bips, il faut cliquer à chaque fois sur un bouton mal placé à gauche du levier de vitesse. Ce qui, dans une manœuvre où l'on cherche à dégager rapidement le passage, se révèle long et irritant. Enfin, les repères apparaissant dans la caméra de recul sont mauvais. Le système indique que la voiture est carrément sur l'obstacle, alors qu'il reste 20 ou 30 centimètres encore. Si c'est pour être approximatif, à quoi ça sert? Dommage, tout ça détonne.
Mécanique agréable, sobre, pour grands rouleurs La mécanique diesel de 1995 centimètres-cubes développant 190 chevaux fait son travail très correctement. Mais, la voiture est lourde, malgré les allègements revendiqués. Les accélérations ou relances à très petite vitesse manquent de franchise. Et, même en mettant l'excellente boîte automatique (2.460 euros en option!) en mode "S Sport" tout en réglant, par ailleurs, l'ensemble moteur- transmission sur "Sport" également - tout ça est un peu compliqué, et redondant! -, la boîte rechigne quelque peu à rétrograder en entrée de virage. Heureusement, on peut recourir au mode manuel, via des palettes (trop petites) ou à travers le levier central. L'ensemble mécanique est globalement agréable. BMW a d'ailleurs une jolie réputation de motoriste. Les performances n'ont rien de critiquable en soi, surtout à partir de 50 à l'heure quand la voiture est lancée. Elles satisferont les grands rouleurs. Mais, pour une voiture de la marque bavaroise, ça manque un rien de dynamisme. Et, quand on fait monter le diesel dans les tours, le moteur devient trop sonore. Les réglages sont surtout peaufinés pour abaisser les consommations. Au détriment du plaisir. Et, dans ce domaine, le résultat se révèle il est vrai remarquable. Nous avons consommé à peine 6,8 litres de gazole aux cents. Des valeurs extrêmement basses pour une telle berline avec une transmission intégrale.
Comportement rassérénant mais la direction manque de ressenti Le comportement routier est au diapason de la mécanique. Aseptisé. La voiture demeure tout le temps saine, sûre, fidèle, mais ne distille aucune sportivité. La direction est même tellement filtrée qu'elle ne donne pas une bonne perception du profil de la route ou de l'état de la chaussée. On fait même de sacrés écarts sur autoroute par vent latéral, tellement on ne sent pas la voiture. Cette direction isole trop de la chaussée, même si elle est censée être plus précise que sur la mouture précédente. Evidemment, on finit par s'habituer. Mais on aurait apprécié plus de vivacité. Et, même en réglant la direction sur "Sport", ça ne change pas grand-chose, à part un inutile durcissement. Bref, la 5.20d a un comportement de grande routière sans aspérité, mais sans beaucoup d'entrain non plus. Louons le système X Drive (quatre roues motrices) en option (à 2.440 euros). Celui-ci améliore beaucoup la sérénité sur chaussée glissante, notamment sous la neige. Indispensable pour une conduite toutes saisons. La voiture est fondamentalement souple. Ce qui est cohérent. Malheureusement, comme à l'accoutumée, BMW France a monté des énormes jantes optionnelles sur ses voitures d'essai. Avec des pneus à profil ultra-bas (40R19), notre limousine percutait trop, du coup, à basse vitesse sur de petits obstacles ou des pavés. Et elle réagissait assez bruyamment de surcroît. Mais, au fur et à mesure que la vitesse s'élève, le confort s'améliore grandement.
Prix élevé avec des options très onéreuses Notre modèle Luxury est à… 61.250 euros. C'est quand même très cher! On peut certes opter pour la finition de base Lounge, qui permet d'économiser 7.900 euros. Mais, certaines options comme le cuir - inclus dans la finition Luxury - deviennent alors indispensables à ce niveau de gamme. Cette Luxury est elle-même loin d'être complète. Commençons par le mesquin Pack fumeur à 60 euros. Mais il y a aussi le toit ouvrant à 1.450, les phares LED directionnels à 2.050, le pilotage semi-automatique (limité et souvent anxiogène) à 2.850. L'Audi et la Volvo concurrentes sont sensiblement moins onéreuses. Il est vrai, que, si la suédoise vient à peine de sortir, l'A6 d'Inglostadt vit ses derniers mois. Nul doute que la prochaine Audi A6 sera plus coûteuse. Comme d'habitude, la Mercedes affiche des tarifs encore plus élevés ! Cette très (trop?) longue berline, bien conçue, sérieusement assemblée, est séduisante, homogène, accueillante, du moins dans sa version Luxury. Avec un comportement sécurisant, qui permet de rouler en toute sérénité, et une mécanique économique. Mais, pour une BMW, on aurait attendu un peu plus d'agrément de conduite. Cette belle limousine ne procure pas assez de sensations. Prix du modèle essayé: BMW 5.20d X Drive Luxury: 61.250 euros Puissance du moteur: 190 chevaux (diesel) Dimensions: 4,93 mètres (long) x 1,87 (large) x 1,47 (haut) Qualités: lignes très harmonieuses, intérieur bien présenté, finition Luxury accueillante, comportement routier rassérénant, mécanique globalement agréable et sobre... Défauts:...mais manquant de dynamisme, direction sans ressenti, détails d'ergonomie agaçants, cartographie insuffisante, prix élevé et options chères Concurrents: Audi A6 TDi Ultra S-Tronic quattro Ambition Luxe: 56.260 euros; Volvo D4 AWD Geartronic Inscription: 57.300 euros; Mercedes Classe E 220d 4 Matic Fascination: 65.100 euros