La police britannique a arrêté deux hommes tôt samedi à Manchester, marquant un nouveau progrès dans l'enquête pour démanteler le réseau jihadiste derrière l'attentat de lundi, et le pays s'apprêtait à passer un long week end férié sous haute protection des forces de sécurité. La police de Manchester a procédé à une "explosion contrôlée" lors d'une perquisition menée dans le quartier de Cheetham Hill, dans le nord de Manchester, et arrêté deux hommes de 20 et 22 ans, indique un communiqué. Ces nouvelles arrestations portent à 11 le nombre d'individus en garde à vue au Royaume-Uni dans le cadre de l'enquête sur l'attentat perpétré lundi soir à la Manchester Arena à l'issue d'un concert d'Ariana Grande, qui a fait 22 morts et 116 blessés. Le père et l'un des frères du kamikaze, Salman Abedi, ont eux été arrêtés en Libye. L'attentat a été revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui multiplie les attaques en Europe alors qu'il enregistre des reculs sur son terrain en Syrie et en Irak. Le chef de l'anti-terrorisme Mark Rowley a indiqué vendredi que la police faisait des progrès "immenses" et continuait à explorer des pistes "importantes", assurant qu'une "bonne partie" du réseau djihadiste avait été démantelée. Il a exhorté les Britanniques à "profiter" du week-end prolongé, le lundi étant férié, arguant d'un renfort de "centaines" de policiers supplémentaires déployés dans tout le pays tandis que l'état d'alerte avait été relevé à son niveau maximum mardi. "Un examen complet des 1.300 événements organisés à travers le pays a été effectué par des agents de sécurité spécialisés, et la sécurité policière a été intensifiée", a-t-il déclaré. Finale de la Coupe d'Angleterre, finale du Championnat d'Angleterre de rugby, important match de cricket à Londres, Great Manchester Run... Les autorités britanniques ont choisi de maintenir tous ces rendez-vous, alors que le niveau d'alerte est maximal et que l'armée est déployée dans des endroits stratégiques.
'Je vous fais confiance' Bravant la tension et la peur du terrorisme, Manchester reprenait, elle, une vie normale. Place St Ann, un homme debout les bras ouverts, un masque cachant son regard, proposait une accolade aux passants. A ses pieds, un écriteau "je suis musulman et je vous fais confiance. Et vous, assez pour me faire une accolade?". L'initiative de Baktash Noori, un jeune Mancunien de 22 ans, a eu un franc succès, les passants se pressant vendredi pour venir le prendre dans leurs bras sur cette place devenue emblématique de l'affliction des Mancuniens, où les fleurs s'amassent et débordent. Ariana Grande, qui a suspendu sa tournée après l'attentat à l'issue de son concert, a annoncé qu'elle comptait donner un concert de charité à Manchester, sans toutefois préciser de date. Même geste, autre artiste: le Mancunien Liam Gallagher, ancien chanteur du groupe Oasis, se produira mardi dans sa ville pour un concert dont les bénéfices seront reversés aux familles des victimes. Le tabloïd Daily Mail appelait samedi ses lecteurs à donner les téléphones portables dont ils n'ont plus l'usage, afin de verser les fonds récoltés au profit des victimes.
Attaques politiques En signe de solidarité, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a effectué vendredi une visite éclair à Londres, en profitant pour tenter d'aplanir les tensions liées à des fuites sur l'enquête dans les médias américains. Les ténors politiques ont repris vendredi leur campagne pour les élections législatives anticipées du 8 juin, suspendue après l'attentat. Le chef du parti d'opposition travailliste Jeremy Corbyn a souligné le lien entre la politique étrangère du Royaume-Uni et les attentats, référence aux engagements militaires en Irak et en Afghanistan, ainsi qu'aux frappes en Syrie, auxquels ce pacifiste s'est toujours opposé, affirmant qu'il changerait cette politique une fois au pouvoir. Theresa May, la cheffe du gouvernement, lui a répondu depuis le sommet du G7 en Sicile en l'accusant de trouver des excuses au terrorisme et le jugeant "pas à la hauteur" pour le poste de Premier ministre. Jeudi, la vice-présidente du parti europhobe Ukip, Suzanne Evans, avait reproché à Mme May d'être "en partie responsable" de l'attaque en raison des coupes dans le budget de la police quand elle était ministre de l'Intérieur (2010-2016). Selon un sondage de l'institut YouGov publié dans le Times, la marge entre conservateurs et travaillistes dans les intentions de vote s'est réduite à cinq points contre 24 en avril, à 43% contre 38%.