La dépendance de l'Algérie aux hydrocarbures reste une problématique sérieuse. Il est vrai que les pouvoirs publics ont initié moult réformes devant conduire à la mise en place d'une économie hors hydrocarbures performante, d'où l'initiative lancée par le département de l'industrie et de la promotion des investissements pour la mise en place d'une nouvelle stratégie industrielle, un programme de relance de certaines industries stratégiques telles que l'industrie pharmaceutique, automobile et la sidérurgie. Il en reste, néanmoins, que la pétrochimie est le créneau où des potentialités de grande importance sont à exploiter. C'est dans ce contexte que le bureau de consulting britannique, Oxford Business Group, a publié un rapport sur l'industrie pétrochimique en Algérie mettant en avant le fait qu'un certain nombre de projets ont été lancés au cours des 18 derniers mois visant à réaliser de nouveaux sites pétrochimiques ou à augmenter les capacités de production de plusieurs usines. Le même rapport estime que l'un des principaux projets, actuellement en cours de réalisation, est le complexe d'ammoniac et d'urée d'Arzew à l'ouest du pays. Le futur complexe est le fruit d'un partenariat entre la Société nationale des hydrocarbures (Sonatrach) et le groupe égyptien Orascom Construction Industries (OCI), filiale du groupe Orascom présent en Algérie à travers ses différentes filiales dans des domaines aussi variés que les télécoms, la production de ciment et le dessalement d'eau de mer, des projets d'investissement qui s'élèvent à 10 milliards de dollars. La Sonatrach détient 49% du capital de l'entreprise conjointe, la Sorfert, qui chapeautera ce projet. Pour sa part, OCI participe à hauteur de 21% au projet. Aussi, Oxford Business Group souligne l'enthousiasme d'OCI pour ce projet à tel point que les travaux ont débuté avant même d'avoir finalisé le montage financier. Fin juin 2007, la société Uhde, filiale du groupe allemand ThyssenKrupp, a été choisie par la société Sorfert pour la conception et la construction, clés en main du complexe. Le 11 janvier dernier, le projet a franchi une nouvelle étape. La Société britannique Wellman s'est vue attribuée par Uhde le contrat de fournisseur pour cinq lots de condensateurs, composants essentiels pour le fonctionnement de la nouvelle usine. L'ammoniac et l'urée sont produits à partir du nitrogène atmosphérique en le couplant avec l'hydrogène provenant des hydrocarbures. Comme ce procédé est réalisé à partir du gaz naturel, l'option la plus rentable et la plus écologique, l'Algérie, qui détient d'importantes réserves, a les moyens de devenir leader sur le marché. Le complexe, qui devrait être opérationnel en 2010, est composé d'une unité de production d'ammoniac et d'urée d'une capacité de 1 million de tonnes par an et d'une seconde unité de production d'ammoniac de 700 000 tonnes. Aussi, 7000 emplois seront créés durant la phase de construction du projet, soit plus du double de ce qui était escompté. Le site, qui couvre une superficie de 33 ha, est situé près du port d'Arzew, qui a connu des travaux d'aménagement et d'extension destinés à faciliter les exportations de produits chimiques et à assurer l'approvisionnement en gaz. Selon Osama Bishai, directeur général d'OCI, la firme table sur un retour sur investissement annuel de l'ordre de 16 à 18%. "Les marges sont bonnes aujourd'hui et nous sommes confiants en l'avenir ", a -t-il dit. "Nous comptons avoir de bonnes marges et si les coûts de transport continuent de progresser, nous aurons un avantage clé", a -t-il ajouté. Pour rappel, le marché algérien de l'industrie chimique est déjà desservi par une usine d'ammoniac implantée à Arzew d'une production annuelle de 365 000 tonnes et par une unité de production d'urée de 146 000 tonnes par an. Néanmoins, les installations ont été construites dans les années 70 et bien que réhabilitées dans les années 80, elles ne possèdent pas les capacités et la technologie qu'offre le nouveau complexe. La demande en engrais chimiques continue d'augmenter, ce qui laisse OCI et Sonatrach à penser que leur entreprise sera une réussite. Outre l'avantage des faibles coûts de production, la proximité de l'Algérie aux marchés européens permettra à la Sorfert de réaliser des gains de transport.