Les grands investisseurs institutionnels publics - banques centrales, fonds de pension et fonds souverains - prévoient de renforcer leurs investissements dans l'immobilier, les infrastructures et obligations vertes et les ressources renouvelables, montre une enquête annuelle publiée lundi. Le Forum officiel des institutions monétaires et financières (OMFIF) a interrogé des responsables des investissements de 31 institutions publiques dont les actifs totalisent plus de 4.200 milliards de dollars. Des marchés obligataires offrant des rendements historiquement bas quand ils ne sont pas négatifs et des marchés actions au plus haut ont renforcé l'attrait d'actifs certes illiquides mais dont les rémunérations sont à la fois régulières et prévisibles. Près d'un quart des responsables des investissements interrogés prévoient d'augmenter leur exposition à l'immobilier dans les douze prochains mois et 37% d'entre eux veulent se renforcer dans le financement des infrastructures, montre l'enquête. Les fonds de placement privés (private equity) ont aussi le vent en poupe avec 23% des responsables interrogés qui souhaitent accroître leur part dans leurs allocations d'actifs. En revanche, 26% d'entre eux prévoient de réduire la part des emprunts d'Etat des pays développés tout en affichant un intérêt croissant pour les obligations d'entreprise à haut rendement et pour les obligations des pays émergents. Pour 15,4% des responsables interrogés, la faiblesse des rendements constitue le facteur d'inquiétude primordiale devant les risques géopolitiques, cités par 16,2% d'entre eux. Les craintes d'une nouvelle crise au sein de l'Union européenne, le Brexit et les inquiétudes suscitées par la présidence de Donald Trump et par un retour en force du protectionnisme ont aussi été évoqués par les participants à l'enquête. Cette dernière fait aussi ressortir un intérêt croissant des grands investisseurs publics pour l'économie verte, 38% des participants disant prévoir d'augmenter leurs investissements en obligations vertes et 35% leur exposition aux ressources renouvelables. "Les investisseurs les plus enthousiastes pour cette catégorie d'actifs sont les banques centrales et les fonds de pension européens et nord-américains", relève l'OMFIF qui ajoute qu'ils y voient un moyen de dégager des rendements plus adéquats tout en respectant les exigences en matière de réduction des émissions de CO2. L'enquête a été réalisée parallèlement au rapport et au classement annuels de l'OMFIF qui portent sur 750 institutions monétaires et financières publiques. Le total de leurs actifs sous gestion est ressorti à 33.500 milliards de dollars à fin 2016, en hausse de 1,4% par rapport à la fin 2015, à la faveur de l'amélioration de l'économie mondiale. Les pays exportateurs de matières premières et de pétrole ont aussi bénéficié du redressement des cours. La croissance des actifs sous gestion a principalement été le fait des fonds de pension (+435 milliards de dollars) et des fonds souverains (+143 milliards de dollars) tandis que les banques centrales ont vu leurs avoirs diminuer (-103 milliards de dollars). La banque centrale chinoise reste le premier investisseur institutionnel public avec 3.097 milliards de dollars d'actifs à la fin 2016, en baisse toutefois de 9%, soit de 307 milliards de dollars. L'Agence monétaire de l'Arabie saoudite (SAMA), le nom de la banque centrale du pays, est sortie de la liste des dix premiers investisseurs publics mondiaux, tombant à la onzième place, après un recul de 76,3 milliards de dollars de ses actifs à 539 milliards de dollars. Elle a été remplacée à la dixième place par le fonds de pension des fonctionnaires fédéraux américains dont le total des actifs atteint près de 558 milliards de dollars. La Banque nationale suisse occupe la septième position à la faveur d'une hausse de 76 milliards de dollars de ses actifs liée à ses interventions sur le marché des changes destinées à prévenir l'appréciation du franc suisse. Le fonds de régulation des recettes algérien a subi la plus forte baisse de réserves des grands investisseurs publics, ses actifs chutant de 85% soit de 42,4 milliards de dollars en raison de sa contribution à l'équilibre du budget du pays. Selon l'OMFIF, la chute des cours du gaz et du pétrole, qui représentent 95% des exportations en valeur de l'Algérie, ont entraîné une diminution de 90% des actifs du fonds depuis la fin 2014. Les grands investisseurs institutionnels publics, principalement les banques centrales, ont augmenté leurs avoirs en or de 377 tonnes en 2016 pour les porter à 31.500 tonnes, au plus haut depuis 1999, selon l'OMFIF. Les banques centrales russe, chinoise et du Kazakhstan ont été les principaux acheteurs tandis que celles de Turquie, du Venezuela et d'Azerbaïdjan ont cédé du métal jaune. La Réserve fédérale américaine continue d'afficher les réserves d'or les plus importantes devant la Bundesbank.