La Réserve fédérale américaine a annoncé mercredi avoir laissé sa politique monétaire inchangée, tout en disant qu'elle allait normaliser son bilan, gonflé par des années de rachats d'actifs obligataires, "relativement vite", signalant par là sa confiance en l'économie du pays. La banque centrale des Etats-Unis a ainsi maintenu son objectif de taux des Fed Funds dans une fourchette comprise entre 1,00% et 1,25%, ajoutant qu'elle poursuivait sur la voie d'un resserrement progressif de sa politique monétaire, qui s'est à ce stade soldée par une hausse de 100 points de base du loyer de l'argent depuis 2015. Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion de son comité de politique monétaire étalée sur des jours, la Fed a noté que l'économie connaissait une croissance modérée et que l'amélioration du marché du travail avait été solide. Mais elle a également noté que l'inflation de base avait ralenti, ajoutant qu'elle surveillerait "de près" les évolutions en termes de prix. "Le comité de politique monétaire s'attend à mettre en oeuvre assez vite une programme de normalisation de son bilan", a noté la Fed. A la suite des annonce de la banque centrale américaine, Wall Street a consolidé ses gains vers de nouveaux records, le rendement des emprunts du Trésor a augmenté tandis que dollar reculait face à un panier devises internationales. Après avoir ramené ses taux à un niveau proche de zéro en décembre 2008 - en pleine crise financière - la Fed a ensuite injecté plus de 3.000 milliards de dollars dans l'économie dans le cadre de programmes d'assouplissement quantitatif successifs qui ont porté son bilan à 4.500 milliards. Le communiqué de ce mercredi confirme les attentes de ceux qui pensent que la Fed va annoncer lors de sa prochaine réunion de politique monétaire, prévue en septembre, le lancement de son programme de réduction de son bilan. "La Fed a pour ainsi dire laissé entendre que la réduction du bilan commencerait en septembre", a dit Brian Jacobsen, chargé de la stratégie investissements chez Wells Fargo Fund Management. Les décisions de ce mercredi ont été prises à l'unanimité. La Fed peut encore décaler cette décision à fin octobre ou à la mi-décembre mais il ne fait pas de doute que, si l'économie le permet, elle veut enclencher ce processus de normalisation avant la fin du mandat de Janet Yellen en février, alors que les interrogations commencent à poindre sur sa succession. La Fed, prend acte du fait que l'inflation se situe "en dessous de 2%", dit qu'elle va surveiller son évolution de près. La banque centrale continue d'affirmer que la hausse des prix devrait se stabiliser à moyen terme autour de cette cible de 2% qu'elle juge bonne pour l'économie. Hormis la faiblesse de l'inflation, la Fed dresse un tableau relativement constant de l'économie. L'activité a progressé "modestement" et les gains d'emplois ont été "solides". Les principaux acteurs du marché obligataire pensent que la Réserve fédérale américaine entamera lors de sa réunion de politique monétaire de septembre le processus, attendu depuis longtemps, de réduction de son bilan fort de 4.500 milliards de dollars, selon une enquête menée par Reuters. Cette enquête a été conduite auprès de 23 "primary dealers" (les banques traitant directement avec la Fed) après que la banque centrale des Etats-Unis a annoncé le maintien de ses taux d'intérêt et dit que la normalisation de son bilan, gonflé par des années de rachats d'actifs obligataires, allait intervenir "relativement vite". L'ensemble des personnes interrogées par Reuters ajoutent que les taux ne devraient pas bouger en septembre. En revanche, 15 intervenants sur 17 interrogés à ce sujet pensent qu'une nouvelle hausse de taux de 25 points de base interviendra en décembre, ce qui serait la troisième de l'année. Les résultats de cette enquête sont peu ou prou identiques à ceux d'une enquête menée il y a près de 10 jours par Reuters auprès d'économistes.
La mollesse de l'inflation plaide pour des taux inchangés La banque centrale américaine (Fed) a conclu mercredi une réunion monétaire de deux jours où, préoccupée par la mollesse de l'inflation, elle a laissé les taux d'intérêt inchangés. "On ne s'attend pas à une décision de politique monétaire", a estimé Chris Low, économiste pour FTN Financial. "Il est quasiment certain que l'inflation va dominer les débats économiques comme elle l'a fait en dehors de l'enceinte de la Fed", a-t-il souligné. L'inflation a ralenti ces derniers mois pour rester obstinément sous la cible des 2% de la Fed, à 1,4% sur un an en mai, selon l'indice PCE. Janet Yellen a récemment assuré que cette faiblesse était le fait de "facteurs temporaires" mais la molle évolution des prix inquiète cependant certains membres du Comité monétaire. Le communiqué du FOMC sera scruté de près pour apprécier comment les responsables de la Réserve fédérale jugent cet affaiblissement de l'inflation. Cela pourrait se signaler seulement par le retrait du mot "légèrement" dans la phrase qualifiant le rythme de hausse de prix. A l'issue du précédent rendez-vous de juin, le Comité avait reconnu que l'inflation avait "récemment décliné" et qu'elle évoluait "légèrement sous la barre des 2%". Il faudra attendre la publication des minutes de la réunion, le traditionnel compte-rendu, dans trois semaines, pour déterminer le degré de confiance des membres de la Fed dans la croissance et l'évolution des prix. La première estimation de l'expansion du Produit intérieur brut (PIB) pour le 2e trimestre n'est prévue que vendredi. La Fed d'Atlanta prévoit une croissance de 2,5% en rythme annuel d'avril à juin, ce qui représente une accélération par rapport à un premier trimestre (1,4% en rythme annuel), traditionnellement creux depuis quelques années.
Incertitude sur la relance Mais ce modeste allant ne dissout pas l'incertitude rampante autour des mesures de relance promises par l'administration Trump, qui doivent théoriquement faire grimper la croissance de la première économie mondiale à plus de 3% durablement d'ici la fin de l'année prochaine, selon les voeux de la Maison Blanche. Dans le Livre beige de la Fed, son dernier rapport de conjoncture paru le 12 juillet, des crispations se faisaient sentir chez les industriels et employeurs autour des incertitudes par rapport à la politique du gouvernement en matière de commerce, d'assurance santé et même d'immigration. Alors que la Fed a prévu encore une modeste hausse des taux d'intérêt en 2017, selon ses projections moyennes datant de la mi-juin, les analystes et acteurs financiers sont de plus en plus nombreux à repousser cette hausse à décembre, voire 2018. Les taux d'intérêt au jour le jour qui fixent le coût de l'argent que les banques se prêtent entre elles, évoluent actuellement entre 1% et 1,25%. Autre grand sujet de discussion pour le Comité monétaire: le calendrier de la réduction des actifs à son bilan, ces 4.500 milliards de dollars de bons du Trésor et titres hypothécaires qu'elle a acquis après la crise de 2008-2009 pour soutenir la reprise. La banque centrale pourrait annoncer qu'elle va commencer à réduire sa détention de titres en septembre mais plusieurs économistes doutent que cette décision intervienne dès maintenant. Cette annonce a le potentiel de faire trembler les marchés financiers car à moyen terme elle est synonyme d'un durcissement de la politique monétaire, équivalant à un relèvement des taux. Un tel geste pourrait paraître "faucon", selon Michael Gapen de Barclays Research, qui utilise une expression synonyme d'une politique monétaire dure vis-à-vis de l'inflation impliquant un renchérissement du coût du crédit. Mais "les données économiques actuelles ne plaident pas pour une normalisation plus rapide de la politique monétaire", affirme cet économiste.