Les prix des matériaux de construction connaissent une forte hausse depuis un certain temps et les entrepreneurs s'arrachent les cheveux au moment d'établir des devis. Une situation due tout particulièrement à la flambée du rond à béton qui enregistre une augmentation de plus de 50% sur son prix réel, la facture est également très lourde en ce qui concerne le ciment qui, dans certaines régions, devient de plus en plus rare. Le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), Monsieur Abdelmadjid Dennouni, tirant la sonnette d'alarme sur cette situation, affirme que le prix du rond à béton a augmenté à plus de 50 %, les agrégats et les autres produits pour les travaux publics subissent les mêmes hausses ainsi que tous les autres produits qui rentrent dans la réalisation du BTPH. Il espère une révision des prix des marchés en ce qui concerne le secteur du bâtiment et des travaux publics. «Il y a différentes formules de compensation qui doivent entrer en vigueur et il faut prévoir pour chaque contrat des avenants de régularisation». Il indique qu'à l'heure actuelle, les entreprises, au regard de cette flambée des prix des matériaux de construction, rencontrent d'énormes difficultés pour réaliser les projets dont elles ont la charge tant les outils et les produits de réalisation sont affectés par ces augmentations. D'après lui, les pouvoirs publics ont déjà annoncé l'actualisation des prix sur les contrats de réalisation, «mais les indices d'actualisation et de régularisation apparaissent souvent avec dix ans de retard et bien après que le projet soit terminé. Cette situation n'est pas acceptable et il faut faire vite. Il faut que les pouvoirs publics interviennent vite pour mettre des mécanismes de régularisation, pour les augmentations qui sont montées en flèches notamment à 400 % pour la réalisation des routes et éventuellement le fer à béton qui ne cesse d'augmenter de jour en jour». Il estime ces augmentations à 20% en ce qui concerne le bâtiment, car le fer à béton et le ciment rentrent de 30 à 40% dans la réalisation du bâtiment. Il préconise, à cet effet, une réévaluation de 20 à 30 % du coût de l'habitat, des travaux publics et des routes. «Il faut mettre un système de management pour concrétiser ces révisions rapidement et pour permettre aux entreprises de réaliser correctement leurs projets. Cette régularisation permettra à l'entrepreneur d'être payé rapidement quand il y a augmentation de prix». En dépit de ces problèmes liés à l'augmentation des prix des différents matériaux de construction, M. Dennouni dit que les chantiers pourraient faire l'objet d'un arrêt d'un moment à l'autre en raison de l'augmentation des matériaux, car l'entrepreneur ne peut pas supporter à lui seul des augmentations vu qu'il n'a pas tenu compte dans sa soumission de ces prix au niveau du marché qui dépassent de loin les augmentations prévues (les années dernières, elles ont atteint une augmentation maximum de 15 %). Aujourd'hui, nous sommes passés de 4 500 dinars le quintal du rond à béton à 8 000 dinars. Les hausses importantes et parfois imprévisibles du prix des matériaux de construction sont devenues un véritable casse-tête pour les chefs d'entreprise, dont certains semblent avoir changé de méthodes de gestion depuis plus d'une année, car les devis initiaux inscrits dans les marchés sont de plus en plus sensibles à la fluctuation des produits au marché. Beaucoup d'entrepreneurs estiment que la persistance de cette fluctuation causera un retard considérable dans la livraison des projets. En Algérie, le secteur du BTPH est victime de son succès et de la flambée. Le président de l'UGEA souligne que les pouvoirs publics sont conscients de tous ces problèmes et sont en train d'étudier la formule la plus simple pour mettre des mécanismes. La réaction du président de l'UGEA est tout à fait juste pour inviter le gouvernement à établir les indices d'ajustement des prix sur les prix réels du marché. Les professionnels du secteur du bâtiment et des travaux publics appellent, de fait, à la mise en œuvre d'un nouveau mécanisme destiné à régulariser les entreprises détentrices de marchés. Les entrepreneurs, qui redoutent de réaliser à perte, estiment qu'il est impératif pour le gouvernement de prendre en charge cette question de la hausse des prix des matériaux de construction à travers un plan d'accompagnement à même de réduire les factures de ces produits et par-là même d'éviter le retard dans la réalisation des projets déjà en chantier. Pour y parvenir, ils sollicitent des prix compétitifs au niveau des normes des devis et des cahiers des charges. Par contre, les entrepreneurs devront, de leur côté, s'engager dans la modernisation de leurs entreprises, la mise en place de certifications et des procédures de qualité dans les travaux, pour assurer un positionnement plus qualitatif, et garantir leur pérennité et leur développement dans le secteur. Il semble, à travers la grise mine des entrepreneurs et d'artisans du bâtiment, que la hausse des prix des matériaux de construction qui alourdit les factures, est prise intelligemment par le gouvernement, par la recherche de nouveaux mécanismes pour atténuer la pression et poursuivre le boom de la construction.