InfoSoir : Comment expliquez-vous la flambée que connaissent les prix des matériaux de construction depuis un moment ? Moussa Talaktrane : Je crois que cette situation est vécue un peu partout dans le monde. La demande sur les matériaux de construction est très forte en raison des projets lancés çà et là. Certes, mais nous ne dépendons pas exclusivement des marchés internationaux… ll si ! pour le rond-à-béton et le ciment blanc car la production nationale est insignifiante. Mais pour les autres matériaux, comme le ciment, par exemple, la production est tout de même conséquente… ll Le problème qui se pose est d'ordre organisationnel, il n'y a pas de contrôle au niveau des unités de production, il arrive souvent que le ciment soit indisponible au niveau des usines alors qu'à quelques mètres de là, on en trouve de toutes les qualités à des prix plus qu'exorbitants bien évidemment. Depuis quand cette hausse des prix ? ll Elle a commencé au mois de novembre avant de s'accentuer au début de l'année en cours. A vrai dire, cette tendance n'est pas nouvelle, elle est enregistrée cycliquement. Ce qui est nouveau, en revanche, ce sont les taux atteints cette fois-ci. C'est pour la première fois que les prix augmentent de 50% en l'espace de quelques mois. J'ouvre une parenthèse pour signaler que les quantités de ciment, de rond-à-béton et de fer utilisées dans la construction ont sensiblement augmenté depuis le séisme du 21 mai 2003. C'est que les entreprises de réalisation sont devenues plus prudentes, elles utilisent plus de quantités qu'il n'en faut pour éviter tout problème. Cela a engendré une forte demande sur les matériaux de construction et, par ricochet, une augmentation des prix. Beaucoup d'entreprises de réalisation ont disparu ces dernières années. A combien estimez-vous leur nombre ? ll Je ne peux répondre à cette question maintenant. Nous sommes en train de recenser toutes les entreprises qui sont à l'arrêt et dès qu'on aura terminé le travail, nous rendrons publics les résultats. Que faut-il faire, à votre avis, pour éviter que d'autres entreprises subissent le même sort ? ll Il est plus qu'urgent d'inclure des clauses dans les contrats signés avec les pouvoirs publics pour permettre aux entreprises de compenser les pertes induites par l'augmentation des prix des matériaux de construction. De même, il faut que les indices de prix soient publiés tous les trois mois. Nous avons adressé un courrier dans ce sens au Chef du gouvernement et nous attendons sa réponse. * Premier vice-président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (Ugea).