La loi de finances 2018, examinée ces derniers jours par les députés tunisiens, est marquée par une hausse jugée remarquable de l'Education dont le ministère représente désormais 13% du budget de l'Etat, soit presque autant que les deux ministères de souveraineté chargés de la Sécurité, l'Intérieur et la Défense, qui en représentent 14% à eux deux. Le budget de l'Etat tunisien pour l'exercice 2018 s'élève à 35,851 milliards de dinars (14,4 milliards de dollars), en hausse de 4,3%. Il a été bâti sur des prévisions telles qu'une croissance de 3%, un baril de brut à 54 dollars en moyenne et un déficit budgétaire maîtrisé à 4,9% du PIB contre 6,1% en 2017. Défendant cette nouvelle loi des finances, le Premier ministre Youssef Chahed a dit pouvoir ramener ce déficit à 3% d'ici 2020, avec une croissance de 5% à la même date, et maîtriser la dette publique de façon à ne pas dépasser la barre des 70% du PIB, sans parler d'un équilibre de la masse salariale à12,5% du PIB à ce même horizon 2020. Dans ce cadre, le budget du ministère de l'Education enregistre une hausse "spectaculaire", selon certains observateurs locaux, atteignant 13% du budget global avec 4,925 milliards de dinars (1,9 milliard de dollars). Un chiffre se rapproche de celui combiné des deux ministères chargés de la sécurité, l'Intérieur et la Défense. Approuvé fin novembre par le Parlement, le budget 2018 du ministère de l'Intérieur connaît une hausse de 12,6% par rapport à 2017 pour se situer à 2,879 milliards de dinars (1,1 milliard de dollars). Quant à celui de la Défense, il se situe à 2,233 milliards de dinars (900 millions de dollars), en progression de 10,7%. D'après certains analystes, ces deux hausses s'expliquent par la lutte menée par le gouvernement tunisien contre l'extrémisme religieux qui a mené ces trois dernières années une série d'attentats dans le pays. A ce titre, le ministre de l'Intérieur Lotfi Braham a précisé devant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) que 122 millions de dinars seront consacrés à l'acquisition d'équipements de sécurité. Il a aussi dit vouloir négocier une enveloppe de 12 millions de dinars nécessaires à l'aménagement de 19 postes frontaliers avec l'Algérie et la Libye. En revanche, la hausse est plus timide pour les Affaires étrangères avec une progression de 6,8% à 211,3 millions de dinars (85 millions de dollars). Le ministre de tutelle, Khemaeïs Jhinaoui, n'a pas caché en séance que "pareil budget ne permettra pas de réaliser les objectifs de la diplomatie tunisienne". Selon lui, il permettra de couvrir les dépenses de l'administration centrale, de 90 missions diplomatiques, dont seulement 10 sur le continent africain, et les salaires de 1.150 agents. "Nos représentations sont encore faibles en Amérique latine et notre présence est timide en Asie, voire même inexistante dans des pays en pleine émergence tels que la Malaisie, Singapour et le Vietnam", a-t-il regretté. Enfin, considéré comme l'un des secteur-clés de la relance économique du pays, le tourisme enregistre en cette fin d'année les prémices d'un rétablissement après ces trois dernières années endeuillées par des attentats. Preuve en est, la suspension des restrictions de voyage envers la Tunisie de la part de plusieurs pays européens et le retour de tours opérateurs de renommée mondiale, dont Thomas Cook et TUI. Pour 2018, le budget du ministère du Tourisme s'élève à 151 millions de dinars (60,8 millions de dollars), en hausse de 7,3%. La ministre de tutelle, Salma Elloumi, a tenu à préciser que les revenus touristiques ont atteint, en date du 20 novembre dernier, 2,524 milliards de dinars (1 milliard de dollars), soit une hausse de 17% par rapport à la même période l'an dernier. La Tunisie a accueilli, jusqu'à présent, 6,11 millions de touristes, soit une croissance de 24% par rapport à la même période en 2016. Selon Mme Elloumi, cette performance s'explique par la hausse de 19,3% des visiteurs européens, principalement ceux de France, d'Allemagne et du Royaume-Uni avec des hausses respectives de 47%, 42% et 19%.