Les prix du pétrole new-yorkais et londonien ont reculé vendredi, marquant une pause après une forte hausse alors que s'apaisaient les craintes liées à la vague de froid qui enveloppe le nord-est des Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a perdu 57 cents pour finir à 61,44 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a terminé à 67,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 45 cents par rapport à la clôture de jeudi. Les cours de l'or noir avaient grimpé la veille à leur plus haut niveau en séance depuis mi-2015, à 62,21 dollars pour le WTI et à 68,27 dollars pour le Brent, et en clôture depuis décembre 2014. "Le marché a été dopé par des perturbations de la production, un risque géopolitique plus élevé, une croissance économique robuste et, plus récemment, par une vague de froid sur l'hémisphère nord", ont résumé les analystes de Barclays. Après cette envolée, il "semble tout simplement prendre un peu de recul avec des investisseurs engrangeant une partie de leurs bénéfices", a avancé Gene McGillian de Tradition Energy. "La semaine a été riche en informations pour le marché du pétrole, entre l'importante baisse des réserves de brut aux Etats-Unis (-7,4 millions de barils sur une semaine), les inquiétudes sur les tensions en Iran et ses possibles conséquences sur la production dans ce pays, et la poursuite du rééquilibrage entre l'offre et la demande", a-t-il rappelé. Tirés vers le haut par tous ces éléments, "les cours s'approchent d'un niveau suscitant la crainte d'une possible correction", a estimé M. McGillian. Dans le même temps, les cours du brut réagissent par ricochet à la baisse des prix de l'essence et des produits distillés. "La neige et le froid qui se sont abattus sur la côte est des Etats-Unis ces derniers jours n'ont au final par perturbé plus que ça les grandes infrastructures, en particulier les raffineries", a remarqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates. "Et on anticipe déjà une remontée des températures dès la semaine prochaine, ce qui devrait alléger la demander en énergie", a-t-il ajouté. Si à certains endroits le prix du gaz naturel, du fioul de chauffage ou du propane a pu ponctuellement bondir, "c'est un mouvement de très court terme", a estimé M. Lipow.
Surplus au 2e trimestre Le marché continue par ailleurs à scruter la production mondiale, tiraillée entre l'effort de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses partenaires, qui limitent leurs extractions pour faire remonter les prix, et les producteurs privés américains, qui profitent de la hausse des prix pour augmenter leur activité. La production américaine a ainsi atteint environ 9,7 millions de barils par jour, selon le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE). "La hausse de la production non-Opep va faire basculer le marché dans un surplus de l'offre au deuxième et au troisième trimestre", ont anticipé les analystes de Barclays. Alors que la production américaine est pour l'instant dictée par les industriels du pétrole de schiste, les marchés devront à plus long terme garder un oeil sur les exploitations offshore, l'administration Trump ayant fait part jeudi de son intention d'ouvrir la quasi-totalité des eaux littorales des Etats-Unis. "Le processus va prendre du temps et n'aura pas d'effet sur l'offre de pétrole dans les deux prochaines années, mais, sur le long terme, il sera crucial", a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
Baisse en Asie Les cours du pétrole étaient orientés à la baisse, vendredi en Asie, après avoir atteint des plus hauts de trois ans, mais l'élan demeure du fait de la demande américaine. Vers 04H45 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février, reculait de 5 cents à 61,96 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mars, cédait 6 cents à 68,01 dollars. Les prix du pétrole new-yorkais et londonien ont terminé jeudi en légère hausse et grimpé à leur plus haut niveau en clôture depuis décembre 2014, porté par la forte chute des stocks de brut aux Etats-Unis. Avec des raffineries fonctionnant à un rythme particulièrement élevé, les stocks de pétrole brut ont chuté plus fortement que prévu aux Etats-Unis la semaine se terminant au 29 décembre, reculant de 7,4 millions de barils selon un rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE). Une baisse des réserves est le signe d'une forte demande au sein de la première économie au monde, ce qui a pour effet de soutenir les prix. "Certains ont anticipé que le baril atteigne les 70 dollars, ce qui me semble un peu optimiste", a déclaré Oriano Lizza, de CMC Markets à Singapour. Les analystes attendent également de connaître le résultat d'une réunion au Conseil de sécurité vendredi sur l'instabilité en Iran qui avait été décidée par Washington. Sur des marchés pétroliers déjà nerveux, beaucoup se demandent si la situation iranienne ne finira pas par avoir des conséquences sur la production de brut de Téhéran. "La question clé est de savoir si la production pétrolière sera touchée", a déclaré Sukrit Vijyakar, de Trifectra Consuntants.