Après trois séances de baisse, les cours du pétrole ont rebondi jeudi, les investisseurs faisant preuve de prudence dans un marché dominé par la réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a pris 88 cents à 50,06 dollars au New York Mercantile Exchange (Nymex) sur le contrat pour décembre. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a progressé de 49 cents à 50,47 dollars sur le contrat pour décembre sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Les marchés se concentrent sur la perspective d'une réduction de la production de l'Opep, a indiqué Gene McGillian de Tradition Energy. L'idée qu'ils doivent se retrouver dans un mois pour finaliser un accord empêche certainement les investisseurs de trop parier sur une baisse. En septembre, la décision de l'Opep de réduire sa production avait fait figure de surprise et les investisseurs se montrent donc prudent à l'approche de la réunion de fin novembre qui doit en théorie l'entériner. Dans ce contexte, le prix du WTI a dépassé jeudi le seuil symbolique des 50 dollars sous lequel il était tombé en début de semaine au moment où se multipliaient les doutes sur les chances du cartel de parvenir à une répartition de quotas de production pays par pays. Il y a eu des nouvelles de l'Irak qui demandait à être exonéré des réductions de production à cause de la guerre qu'ils mènent contre des combattants islamistes, a rappelé Gene McGillian. Les interrogations se sont également faites nombreuses sur la position ambigüe de la Russie, important pays producteur non membre de l'Opep, qui avait initialement indiqué vouloir se joindre à un accord. Un des diplomates russes auprès de l'Opep a indiqué que la Russie ne se joindrait pas à une réduction, ce qui avait mis les prix sous pression, a rapporté Gene McGillian. Stocks américains à retardement Au cours du mois qui vient, je m'attends à voir de nombreuses annonces émanant de l'Opep au sujet d'un gel ou d'une réduction de la production, a ajouté Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Les cours devraient donc rester sensibles au va-et-vient des espoirs sur l'Opep, selon les termes de Matt Smith de ClippperData dans une note. D'ici là, les membres du cartel n'ont pas à limiter leur production et les analystes s'inquiètent de leurs extractions actuelles. Les exportations des 14 membres de l'Opep ont atteint un rythme record la semaine dernière, a avancé Matt Smith s'appuyant sur ses propres statistiques. Jeudi, les cours ont également semblé bénéficier à retardement des chiffres hebdomadaires des réserves de pétrole aux Etats-Unis, publiés la veille par le département de l'Energie (DoE). Je pense que les statistiques du DoE étaient en fait plutôt encourageantes, a estimé Andy Lipow. Les stocks de pétrole brut ont reculé de manière inattendue de 600 000 barils au cours de la semaine s'achevant le 21 octobre, ce qui n'avait pas permis aux prix de se maintenir mercredi dans un contexte d'inquiétude sur l'accord de l'Opep. Les analystes de BNY Mellon notaient comme possible soutien aux cours l'instabilité politique au Venezuela, où l'opposition a mobilisé mercredi des centaines de milliers de personnes, même si la production pétrolière n'est pour l'instant pas affectée dans le pays. Légère hausse en Asie Les cours du pétrole étaient orientés jeudi en légère hausse en Asie, sans toutefois compenser les pertes de la veille. Vers 03h30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, progressait de 6 cents à 49,24 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en décembre, gagnait 11 cents à cents à 50,09 dollars. L'annonce inattendue d'une baisse de 553 000 barils des réserves commerciales américaines de brut, selon les données hebdomadaires du département de l'Energie (DoE), n'a apporté qu'un soutien ponctuel aux prix. Les analystes avaient anticipé une hausse d'environ 2 millions de barils (mais) cela n'a pas été suffisant pour empêcher les cours de terminer à la baisse mercredi, a observé Alex Furber, analyste chez CMC Markets à Singapour. La déprime est due au scepticisme relatif à l'Opep et à la capacité du cartel à forger un accord qui puisse être mis en œuvre car plusieurs pays demandent à en être exemptés, a-t-il poursuivi. D'intenses tractations sont en cours entre les membres de l'Opep pour répartir l'effort de réduction de l'offre avant une réunion fin novembre ayant l'objectif de finaliser cet accord. L'Irak a, selon plusieurs analystes, demandé à être exempté de quota dimanche avant de concentrer ses critiques sur le niveau de production pris en compte pour établir ces mêmes quotas. L'Iran, la Libye et le Nigeria ont été exemptés de cet accord trouvé en septembre par l'Opep pour réduire la production. Le pétrole vaut aujourd'hui deux fois moins cher qu'en juin 2014, en raison d'une production trop importante. Baisse des stocks de brut américain Les stocks de pétrole brut ont légèrement baissé, de façon inattendue, la semaine dernière aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés mercredi par le département de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 21 octobre, les réserves commerciales de brut ont reculé de 600.000 barils à 468,2 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur une hausse de 2 millions de barils. Les chiffres officiels du DoE viennent également à l'encontre des estimations de la fédération privée American Petroleum Institute (API) qui tablait mardi soir sur une hausse encore plus marquée des réserves de brut la semaine dernière. A ce niveau, les réserves américaines de brut s'affichent tout de même en hausse de 4,5% par rapport à la même période en 2015 et se situent proches de la limite supérieure de la fourchette en cette période de l'année, comme l'a noté le DoE. Les réserves d'essence ont baissé de 2 millions de barils, les experts de Bloomberg ne prévoyaient un recul que d'un million de barils. Elles sont cependant en hausse de 3,4% par rapport à la même période de l'année précédente et sont bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette époque. Quant aux stocks de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène), ils ont chuté de 3,4 millions de barils, les experts s'attendant à une baisse de seulement 1,5 million de barils. Par rapport à la même époque en 2015, ils sont en hausse de 7,3% et ils restent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année. Production en hausse Toujours scrutée par les analystes, la production américaine a monté de 40.000 barils par jour (b/j) à 8,504 millions de b/j. Egalement surveillées, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de base au prix du pétrole échangé à New York, ont décliné de 1,3 million de barils, à 58,4 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks américains pétroliers ont baissé de 8,7 millions de barils. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,4 millions de barils par jour (mbj) de produits pétroliers, soit une hausse de 4,3% par rapport à la même époque de l'an dernier. Durant la même période, la demande d'essence a baissé de 0,1% tandis que celle de produits distillés a avancé de 2,5%, dans les deux cas sur un an. Les raffineries américaines ont accéléré la cadence en fonctionnant à 85,6% de leurs capacités, contre 85,0% la semaine précédente.