Dossier réalisé par : Saïd B. Alors que le projet de loi relatif au commerce électronique a été adopté au mois d'octobre dernier par le Conseil des ministres réuni sous la présidence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui donne une assise légale à cette activité qui commence déjà à avoir plus de confiance avec ce "nouveau" climat propre à son extension. Les derniers résultats de cette année 2017 sont illustratifs de l'évolution de cette pratique qui n'a pas encore trouvé son chemin sur le plan familiarité, mais la confiance est bien là. La rapidité et les solutions d'urgence qu'elle constitue font son atout principal pour une promotion future assurée. Il faut reconnaître que le développement de l'économie numérique dans notre pays est en marche et, offrir une protection aux consommateurs et codifier la répression de toute fraude dans ce nouveau domaine, seront les deux prochaines étapes cruciales pour la réussite de l'opération séduction du e-paiement. Là, il est tout à fait important de signaler le gap entre l'avancée remarquable enregistrée par l'Algérie en termes de connectivité à l'Internet d'un côté et le retard considérable en termes du paiement électronique de l'autre. En Algérie, le taux de pénétration de l'Internet atteint 45,2% avec plus de 45 millions d'utilisateurs d'Internet sur Smartphone, selon un expert. Mais le pays ne compte que 1,5 million de cartes interbancaires (CIB) et quelque 12. 000 TPE installés ayant généré quelque 100.000 transactions à ce jour.
Laissons parler les chiffres En dépit de ce petit "décalage", faut-il pour cela rappeler que plus de 100.000 transactions ont été effectuées depuis le lancement du e-paiement en octobre 2016. Actuellement, le service du paiement électronique se limite au paiement des factures d'électricité, de gaz et de l'eau ainsi que de certains services d'assurances notamment l'assurance voyage. De plus, pas moins de 4.500 terminaux de paiement électronique (TPE) ont été installés en 2017 à travers le pays chez les commerçants domiciliés à la Banque de Développement Local (BDL), comme l'a si bien annoncé, lundi dernier, à Oran, la directrice du développement du paiement électronique de cette banque publique, Nawel Taleb. Ce nouveau moyen de paiement répond aux standards internationaux et se veut un outil d'aide à l'inclusion financière ainsi que la lutte contre l'informel, a-t-elle précisé, assurant que ce nombre est appelé à augmenter crescendo dans les prochains mois compte tenu de l'offensive commerciale déployée par cette banque pour convaincre davantage les commerçants à se doter de ce nouveau système électronique, fiable et hautement sécurisé et les accompagner dans l'utilisation sur son réseau. Pour sa part, le vice-président de la CCIO, Samir Brixi a déploré le manque d'engouement pour l'utilisation de ce mode de paiement, tout en soulignant la nécessité de généraliser ce système (e-paiement, e-banking) , car garant de la transparence dans les transactions commerciales , a-t-il indiqué. D'autre part, une centaine de milliers de paiements électroniques de transactions commerciales ont été effectués en 2017 alors que le règlement par cash continue à prédominer, a indiqué l'administrateur du Groupement d'intérêt économique de la monétique (GIE monétique), M. Madjid Messaoudène. Ces e-paiements ont été réalisés à travers les 18 web marchands existants pour le règlement des factures et d'autres transactions commerciales, a indiqué M. Messaoudène sur les ondes de la radio nationale. Quant aux paiements effectués à travers les terminaux de paiements électroniques (TPE) auprès des rares commerces qui en possèdent, ils ont été de 90.000 opérations.
De bon augure pour l'année 2018 Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, est si optimiste quant à l'évolution de ce système du e-paiement qu'il n'a pas hésité à déclarer que l'année 2018 devrait connaître des évolutions considérables en matière de digitalisation financière à la faveur de la modernisation des systèmes financiers des banques publiques et l'application des mesures introduites par la Loi de finances. Dans ce même ordre d'idées, M. Raouya a fait savoir que quatre banques publiques (BDL, BADR, CNEP et BEA) ont presque finalisé la modernisation de leurs systèmes financiers en attendant la concrétisation de la même opération par la BNA et le CPA. Il a en outre évoqué l'importance de deux mesures introduites par la LF 2018 pour généraliser le e-paiement et réduire l'utilisation du cash en Algérie. Il s'agit d'abord d'un article de la loi obligeant chaque commerçant algérien de se doter d'un terminal de paiement électronique (TPE) avant la fin de 2019. Et c'est ainsi que le client aura ainsi le choix, soit de payer cash ou utiliser sa carte interbancaire (CIB). De son côté, le président de l'ABEF (Association des banques et établissements financiers), M. Boualem Djebbar, a souhaité voir des TPE produits en Algérie afin que les commerçants puissent les acquérir à des prix réduits. L'autre mesure introduite par la LF 2018 est la généralisation progressive du système de télédéclaration et de télépaiement des impôts et des taxes à l'ensemble des entreprises. Pour rappel, ce système a été lancé en 2017 pour un échantillon de 2.700 grandes entreprises. Quant au Gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Loukal, il estime que la généralisation de la numérisation exigeait des banques une fine connaissance des préférences de leurs clientèles, tout en reconnaissant " le retard relatif " enregistré en la matière. Mais l'adaptation des infrastructures et la réforme du cadre législatif a quand même permis au pays d'avancer sur la voie de la digitalisation, a-t-il ajouté en assurant que ces progrès permettront de renforcer la confiance des citoyens dans le système bancaire algérien. La ministre de la Poste et des Technologies, Houda-Imane Feraoun, a, pour sa part surtout mis l'accent sur la nécessité d'une bonne préparation à la digitalisation.
Une nouvelle entreprise interbancaire en vue La ministre de la Poste et des Technologies a annoncé d'ailleurs la création attendue, en juin 2018, d'une entreprise interbancaire chargée de l'extension et du développement du réseau du e-paiement. Celle-ci constitue donc une mesure prometteuse pour la digitalisation financière en Algérie. Cette nouvelle entité aura pour principale mission de commercialiser et d'installer les terminaux de paiement électronique (TPE) au niveau des commerces et des entreprises économiques et d'assurer les prestations nécessaires à ce service. Par ailleurs et selon le directeur du Groupement d'intérêt économique de la monétique (GIE monétique), M. Madjid Messaoudène, l'année 2018 devrait être marquée par une large propagation des paiements électronique à la faveur de la disposition de la Loi de finances 2018 qui stipule que tout agent économique, qui offre des biens ou services à des consommateurs, doit mettre à leur disposition des TPE pour leur permettre de régler le montant de leurs achats par carte de paiement électronique, et grâce aussi au projet de loi sur le commerce électronique qui sera bientôt soumis au Parlement. S'exprimant sur la sécurisation du système de e-paiement, M. Messaoudène assure que les risques de piratage des données des titulaires de cartes sont quasiment impossibles du fait que ce système bénéficie de standards internationaux en matière de sécurité. "Nous travaillons depuis longtemps sur la sécurisation de ces opérations parce qu'il faut tout d'abord donner confiance à ce système en veillant à ce que l'utilisateur de ce type de paiement soit rassuré que son compte et, donc, son argent soient sécurisés", a-t-il avancé. Pour rappel, le président du conseil de direction du GIE monétique, Boualem Djebbar, avait indiqué récemment qu'environ 1,5 million de cartes ont été distribuées par les banques.
Des organismes sont déjà opérationnels pour le paiement en ligne Si côté grandes entreprises, il faut rappeler que les grands facturiers tels Sonelgaz, Algérie Télécom, Mobilis, Air Algérie, Société des eaux et d'assainissement d'Alger (SEAAL), Djezzy, Ooredoo et des compagnies d'assurance proposent déjà des services de paiement en ligne, les établissements financiers (banques et Algérie Poste) sont prêts pour le paiement en ligne dont le projet de loi, a été bel et bien adopté. "Quasiment tous les établissements financiers du pays sont prêts que ce soit les banques ou Algérie Poste pour le paiement en ligne. Quelques dispositions qui étaient nécessaires pour protéger le consommateur sont prévues dans le projet de loi sur le commerce électronique", a précisé Mme Faraoun sur les ondes de la chaîne III de la Radio algérienne. Elle a expliqué que cette nouvelle loi vise à "encadrer les droits et les obligations du commerçant, les droits du consommateur, les modalités d'application notamment les pénalités en cas d'activité non réglementée et les modalités de la mise en œuvre du paiement en ligne pour protéger la confidentialité des transactions électroniques et des données du citoyen", a-t-elle fait savoir. Cette loi prévoit que les plateformes de paiement électronique "doivent être impérativement sécurisées et répondre à une certaine norme de confidentialité et de sécurisation qui seront fixées par la banque d'Algérie", selon la ministre pour qui ces plateformes ne peuvent être hébergées que par les banques et par Algérie Poste afin d'éviter qu'elles "ne soient hébergées anarchiquement par des sous-traitants ou par des entreprises qui ne répondent pas aux normes des établissements financiers agréés par la Banque d'Algérie".