Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio nationale, le ministre du Commerce, M. Mohamed Benmeradi, a estimé que par ses effets, le système des licences avait " atteint ses limites ", avant de relever qu'en 2017, il a été observé des surenchérissements de prix " que nous n'arrivons pas à nous expliquer". Et là, le ministre du Commerce n'a pas du tout hésité à citer, notamment le cas du lait, dont il indique au passage que les importations ont augmenté de 50%. Concernant l'introduction de ce système d'importation, M. Benmeradi note qu'il en a été tiré des avantages mais également "beaucoup d'inconvénients". Des avantages, il précise que les produits soumis à licences ont permis de baisser de 50% le volume des importations. Quant aux inconvénients, le ministre du Commerce, admet que le système des licences a, " quelque peu ", perturbé le fonctionnement de l'économie, provoquant des coupures dans les approvisionnements en intrants et des hausses de prix, se traduisant parfois, par des " ruptures d'activités". M. Bernmeradi cite l'année 2016, au cours de laquelle, signale-t-il , cette mesure a été confortée par l'introduction de licences d'importation sur un certain nombre de produits, lesquelles se sont traduites par une baisse de 9% de ces derniers. A fin 2017, et sur 3 années consécutives, c'est la première fois de son histoire que l'Algérie enregistre un déficit de sa balance commerciale, constate le ministre du Commerce. Il relève également que le choc pétrolier, à partir de 2014, et le glissement de la parité du dinar qui s'en est suivi, a donné lieu à la limitation de 15% des importations. De plus, le ministre du Commerce indique que les gains attendus par le dispositif des licences a été " un petit peu " contrarié par ces augmentations et que, d'autre part, la diminution en chiffres, du niveau des importations n'aura été que de 1,2 milliard de dollars. Là, il est important de rappeler que le décret exécutif portant désignation des marchandises soumises au régime des restrictions à l'importation a été publié au Journal officiel no 1. Daté du 7 janvier 2018, ce texte législatif note que les produits concernés "sont temporairement suspendus à l'importation jusqu'au rétablissement de l'équilibre de la balance des paiements". Au nombre de 851, ces produits relèvent de 45 catégories de marchandises. Il s'agit essentiellement de fruits secs, des fromages (produits finis), des fruits frais (à l'exception des bananes), des légumes frais (sauf l'ail), des viandes (à l'exception des viandes bovines), du thon, des dérivés du maïs, des préparations de viande, des chewing-gum, des bonbons et chocolats, des pâtes alimentaires, des viennoiseries, des dérivés de céréales, des conserves de légumes, des tomates préparées ou conservées, des confitures, des gelées, des fruits conservés, des préparations alimentaires, des eaux minérales, du ciment, des détergents, des produits plastiques finis et semi-finis, des produits hygiéniques, du marbre et du granite, du papier hygiénique, des tapis, de la céramique finie, des glaces et verres, des moissonneuses-batteuses, des articles de robinetterie, des fils de câbles, des meubles, des lustres, des articles électroménagers et des téléphones mobiles. Pour rappel, outre la suspension d'importation de ces 851 produits, des mesures à caractère tarifaire ont été instaurées dans le cadre de l'encadrement des importations. Prévues par les dispositions de la loi de finances pour 2018, ces mesures portent sur l'élargissement de la liste des marchandises soumises à la Taxe intérieure de consommation (TIC) au taux de 30%, pour 10 familles de produits finis. S'ajoute le relèvement des droits de douane pour 32 familles de produits finis. Et pour revenir à la déclaration du ministre du Commerce en tant qu'invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio nationale, M. Benmeradi, a observé que 8 familles de produits, représentent à elles seules, 40% des importations, constituées de biens alimentaires (10%), de produits pétroliers (2%), d'acier (3%) de médicaments (2%) et de véhicules (2%). Une situation, dit-il, démontrant la " vulnérabilité supérieure à 50% " de l'économie nationale aux marchés internationaux. Evoquant le phénomène des surfacturations des marchandises soumises à importation, M. Benmeradi déclare que celui-ci est " incontestable ", assurant qu'il ne saurait préciser dans quelle proportion. Enfin, le ministre du Commerce, M. Mohamed Benmeradi, révèle qu'un travail est actuellement en train d'être entrepris pour cerner ces courants de fraude et " comment les encadrer ".
La suspension de l'importation a un caractère temporaire La suspension des produits à l'importation sera levée dans deux ou trois ans pour être remplacer par un dispositif d'encadrement du commerce extérieur basé essentiellement sur les tarifs douaniers, a affirmé dimanche le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi. "Le dispositif de suspension de 851 produits à l'importation a un caractère temporaire (...), probablement pour deux ans, trois ans peut-être, mais nous reviendrons à la levée de ces mesures", a indiqué M. Benmeradi qui s'exprimait sur les ondes de la Radio nationale. Il a également avancé que les marchandises concernées par la suspension à l'importation feraient l'objet d'un suivi permanent durant la période de la suspension. A ce propos, il a expliqué que la suspension des importations vise fondamentalement à redresser la balance commerciale qui demeure déficitaire et à promouvoir la production nationale: "J'ai entendu dire par ici ou par là que nous voulions priver les Algériens de consommer ce qu'ils veulent. Non, ce n'est pas du tout cet objectif (...) Il faut arriver à tout prix à assurer progressivement une intégration de tout ce qui se produit localement pour faire de la substitution à l'importation". Pour lui, il s'agit d'un "choc" à provoquer dans l'économie nationale où l'ensemble des filières hors hydrocarbures présentent une balance commerciale déficitaire. Citant l'exemple de la filière boissons qui a importé entre 400 et 450 millions de dollars en 2017 contre 12 millions de dollars d'exportations, M. Benmeradi a souligné que le gel des importations visait à assurer les intrants de la production nationale au niveau local en donnant aux entreprises nationales l'opportunité d'émerger. "Les investissement consentis en Algérie depuis des années tournent seulement entre 20% et 25% de leurs capacités du fait que les entreprises, qui interviennent en aval, ne recourent souvent pas aux produits (fabriqués localement)", a-t-il constaté. Par contre, les importations représentent 80% du chiffre d'affaires de l'industrie nationale, selon M. Benmeradi qui a mis en exergue la nécessité de faire des ajustements économiques visant à mieux intégrer l'économie domestique. Dans ce sens, a-t-il préconisé, le taux d'intégration nationale dans la filière du montage automobile en CKD/SKD doit monter en cadence pour freiner le niveau très élevé d'importation dans cette filière, qui a atteint 1,7 milliard de dollars en 2017 et pourrait augmenter à 2 ou 3 milliards de dollars dans les prochaines années. Mais après la levée de la suspension à l'importation, le gouvernement envisage de recourir à un encadrement du commerce extérieur basé principalement sur l'instrument tarifaire qui est "une pratique plus transparente que les suspensions qui sont de nature administrative", estime-t-il. Interrogé si les mesures tarifaires attendues vont être intégrées dans une éventuelle loi de finances complémentaire, le ministre a indiqué qu'aujourd'hui, le gouvernement ne prévoit aucun projet dans ce sens.
Vers un système de subvention ciblée Concernant les subventions, le ministre a reconnu que l'Etat subventionnait indirectement les importations à travers un taux de change du dinar "surcôté" sur la place officielle. "Les importateurs passent actuellement par un système bancaire avec un taux de change qui ne reflète pas toujours sa véritable valeur. La véritable valeur du dinar est probablement plus proche de celle du marché parallèle. L'Etat est donc en train de subventionner indirectement l'importation", a-t-il déploré. Toutefois, il estime que le recours au financement des importations par les moyens propres en devises de l'importateur est une solution "dangereuse" puisqu'il encourage davantage le marché parallèle. "Il faut d'abord contrecarrer le marché parallèle de change en travaillant sur la parité du dinar de manière à ce que le taux officiel et celui du parallèle se rapprochent", suggère-t-il. En outre, le ministre a réaffirmé qu'une évaluation du système de subvention était en cours au niveau du gouvernement: "Nous sommes en train de travailler pour voir concrètement comment basculer d'un système de subvention généralisé vers un système ciblé qui nous permettra de mettre fin à cette incohérence qui contribue aux dérèglements observés dans le commerce extérieur". Evoquant la nouvelle mesure exigeant des importateurs un nouveau document attestant que le produit concerné est commercialisé dans le pays d'origine, le ministre a estimé qu'elle ne représentait pas une contrainte, ajoutant que beaucoup de pays la pratiquent. Il a fait savoir, dans ce sens, que les trois plus grands pays fournisseurs (Chine, France et Espagne), qui représentent près de 40% des importations algériennes, ont communiqué, par voie diplomatique, les formulaires à remplir ainsi que les organismes habilités à certifier la circulation des produits dans ces pays.