Le nouveau président sud-africain Cyril Ramaphosa s'est dit mardi "déterminé" à "panser les plaies" du massacre de Marikana en 2012, quand la police avait tué 34 employés d'une mine appartenant à la société Lonmin dont il était un administrateur. "Je voudrais saisir cette opportunité pour aborder le rôle que j'ai joué en tant que l'un des directeurs de Lonmin dans les événements de cette tragique semaine", a déclaré M. Ramaphosa devant le parlement au Cap (sud-ouest). "Je suis déterminé à jouer le rôle qui m'incombe pour panser les plaies", a ajouté le nouveau président qui a pris ses fonctions la semaine dernière après la démission de Jacob Zuma. Le 16 août 2012, 34 personnes avaient été tuées à la mine de platine Lonmin de Marikana (nord) par la police qui avait ouvert le feu sur une foule de grévistes brandissant des armes traditionnelles. Cette fusillade policière, la pire depuis la fin officielle du régime d'apartheid, avait déclenché une violente vague de grèves dans les mines sud-africaines, faisant une soixantaine de morts. Cyril Ramaphosa, qui était à l'époque membre du conseil d'administration du groupe minier britannique Lonmin, avait été soupçonné d'avoir fait pression pour que la police casse la grève. Mais il a été blanchi par une commission d'enquête. Ses adversaires continuent cependant de lui reprocher ce massacre. En 2015, le leader populiste Julius Malema du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) l'avait accusé d'être un "meurtrier". Pendant son intervention devant le parlement mardi, le président Ramaphosa a aussi insisté sur la nécessité de mener à bien une réforme agraire destinée à "panser les plaies" du passé, un sujet au cœur du programme du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). Comme le reste de l'économie sud-africaine, l'agriculture reste largement aux mains des descendants des colons. Les fermiers blancs détiennent 73% des terres, contre 85% à la fin de l'apartheid, selon une récente étude. "Exproprier sans compenser (les propriétaires) est l'une des mesures qui seront utilisées pour accélérer la redistribution de la terre aux Sud-Africains noirs", a déclaré Cyril Ramaphosa mardi. Mais "nous gérerons ce problème avec responsabilité, (...) d'une manière qui ne portera pas atteinte à l'économie", a-t-il assuré. "Nous n'autoriserons pas des interventions s'apparentant à du vol" (...). Nous ne ferons pas les erreurs que les autres ont commis", a-t-il encore dit, en référence implicite au Zimbabwe voisin où une réforme agraire controversée lancée dans les années 2000 par le président de l'époque Robert Mugabe a plongé le pays dans une profonde crise économique dont il ne s'est toujours pas relevé. Le président Ramaphosa a hérité d'un pays à l'économie atone, avec un taux de chômage record (27,7%). Il s'est fixé comme objectifs de relancer la machine économique et de lutter contre la corruption, qui a provoqué la chute de son prédécesseur Jacob Zuma. Il travaille encore avec les ministres de Jacob Zuma et annoncera une nouvelle équipe gouvernementale "le moment venu", a-t-il précisé mardi. Sauf surprise, c'est donc l'actuel ministre des Finances Malusi Gigaba, un allié de Jacob Zuma, qui présentera mercredi devant le parlement le budget pour l'année.