Pour être adoptée, cette motion de défiance devait obtenir la majorité absolue des voix (201), dans une Assemblée largement dominée par le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), celui du président Zuma, avec 249 sièges. C'est la neuvième motion de destitution à laquelle le président Zuma résiste. L'opposition a bénéficié du soutien d'une trentaine de parlementaires de l'ANC et le scrutin a été organisé à bulletins secrets, comme elle l'avait demandé, pour éviter les pressions sur les députés du parti de Nelson Mandela. Cependant, cette victoire n'augure pas de jours meilleurs ni pour l'ANC ni pour la nation Arc-en-ciel. Le parti, au pouvoir depuis 1994, perd la confiance des populations et le chômage a atteint 27,7% dans une société où les inégalités sociales ne font que s'élargir alors que le pays est membre du G20. En plus, le Président est empêtré dans une série de scandales mêlant politique, conflits d'intérêts et soupçons de corruption. Les élections municipales d'août 2016 ont mis à nu la faiblesse l'ANC. Elections où il a subi un revers important en réalisant son plus mauvais score national depuis l'avènement de la démocratie en 1994. Le parti au pouvoir depuis la fin de l'apartheid en 1994 a enregistré l'an dernier un score historiquement bas (moins de 54% au niveau national) et perdu le contrôle de plusieurs grandes villes du pays, dont Johannesburg et la capitale Pretoria. Ainsi, la révolte gagne les rangs du parti et J. Zuma est rendu responsable de cette défaite. Les principaux leaders de l'opposition gardent espoir, malgré leur défaite de mardi. Le Président est en effet sous la menace de la réouverture de 783 charges de corruption dans une vieille affaire de contrat d'armement. Si le calendrier est respecté, le parti doit élire, en décembre, son nouveau président qui sera le chef de file pour les élections générales de 2019. L'ANC devra choisir entre deux camps : celui des fidèles au Président et le groupe des réformistes de Cyril Ramaphosa, l'actuel vice-président. Depuis 2009 Le 6 mai 2009, le chef de l'ANC, Jacob Zuma, est élu président par le Parlement, après la victoire de ce parti lors des élections générales. Il a évincé, fin 2007, de la direction de l'ANC le chef de l'Etat, Thabo Mbeki, qui l'a limogé de la vice-Présidence deux ans plus tôt pour des accusations de corruption. En avril 2012, Julius Malema, président de la Ligue de la jeunesse de l'ANC, est exclu du parti au pouvoir, au terme d'une longue procédure disciplinaire, pour ses atteintes répétées à l'image et à l'unité du parti. Il lancera en 2013 un parti de la gauche radicale, les Combattants de la liberté économique (EFF). Le 16 août de la même année, 34 personnes sont tuées, à la mine de platine Lonmin de Marikana au nord du pays, lorsque la police ouvre le feu sur une foule de grévistes brandissant des armes traditionnelles. La fusillade déclenche une violente vague de grèves dans les mines sud-africaines, faisant une soixantaine de morts. Le 21 mai 2014, Jacob Zuma est reconduit par les députés à la tête du pays, à la suite de la victoire de l'ANC aux élections générales. Le 2 novembre, un rapport de la médiatrice de la République révèle l'influence exercée sur le gouvernement par la famille Gupta, à la tête d'un puissant empire industriel et médiatique, avec la complicité de Jacob Zuma. Le 31 mars dernier, Jacob Zuma limoge son ministre des Finances et adversaire, Pravin Gordhan, déclenchant une guerre ouverte à l'ANC. Des dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues en avril pour réclamer sa démission.