Le séminaire entre les préfets de France et les walis d'Algérie tenu jeudi à Alger sous la coprésidence du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, et le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Gérard Colomb, a été l'occasion d'aller au fond des atouts qui constituent les sillons pour construire l'avenir entre l'Algérie et la France. La volonté respective de MM. Bedoui et Colomb converge vers cet avenir. " C'est bien de cela dont il s'agit aujourd'hui ! " Nous appuyer sur les liens anciens unissant la France et l'Algérie, sur cette Histoire parfois douloureuse mais qui confère à la relation entre nos deux pays un caractère unique, pour relever ensemble les défis de ce siècle ", a rappelé M. Colomb dans son intervention. Pour sa part, M. Bedoui a souligné que cette rencontre entre les walis et les préfets constitue un cadre des plus appropriés pour approfondir la coopération bilatérale entre nos deux pays, tracée par nos deux présidents Abdelaziz Bouteflika et Emmanuel Macron et marquée par des visites mutuelles de nos responsables et de nos cadres. Nous sommes en mesure d'élargir notre coopération et d'identifier nos échanges, ce qui nous permettra à terme d'atteindre l'objectif que nous nous étions fixé, à savoir, établir les bases d'un partenariat stratégique durable à la hauteur des aspirations de nos deux pays ". Dans cet esprit, il a été souligné que depuis 2012 et la déclaration d'Alger, " les coopérations entre les deux pays se sont amplifiées, renforcées ". Les travaux de ce séminaire portaient sur trois questions prioritaires : faire travailler ensemble les walis et les préfets pour renforcer l'attractivité économique des territoires, partager les expériences pour un meilleur accompagnement concernant la gouvernance des grandes métropoles, favoriser les échanges sur la gestion des crises. Selon le bilan de cette rencontre, une première table ronde s'est penchée sur la question de l'attractivité et du développement économique des territoires. Définie comme la capacité à attirer les acteurs économiques, l'attractivité des territoires est aujourd'hui au cœur des interrogations des administrations, indique-t-on. "Une démarche de promotion des territoires doit en effet passer par un diagnostic préalable des ressources disponibles, des potentialités pour mener une politique d'aménagement optimale ". Le partage des expériences algériennes et françaises sur cette question a permis de faire émerger les défis actuels que traversent les collectivités des deux pays. Les échanges entre M. Pierre Partout, préfet des Bouches-du-Rhône et de la région Paca et les walis ont montré les différentes approches françaises et algériennes et ont fait émerger des pistes possibles pour améliorer la coopération française en la matière. La deuxième table ronde a permis d'étudier les problématiques communes à l'Algérie et à la France concernant la gouvernance des grandes métropoles. Cette discussion a été notamment l'occasion de montrer les grands projets urbains algériens, comme ceux concernant la ville d'Alger. Enfin, une dernière discussion a vu le témoignage du préfet du Var, M. Jean-Luc Videlaine concernant la gestion des situations de crises et des risques majeurs. Il a appelé à la nécessité d'une communication adéquate, responsable et réactive. Lors de son séjour à Alger, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Gérard Colomb, outre les entretiens bilatéraux avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a rencontré le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssi ; son déplacement à Alger s'inscrit dans le cadre des coopérations économiques, éducatives et culturelles. " Avec le ministre Bedoui, nous voulons qu'elles soient égaiement constitutionnelles; car même si les contextes historiques, géographiques, politiques, sont bien évidemment différents entre nos deux pays, nos défis sont souvent les mêmes, et nous avons donc beaucoup à apprendre les uns des autres, beaucoup à apprendre de la manière dont nos Etats s'organisent pour y faire face. C'est tout l'objet de ce séminaire entre préfets et walis qui nous réunit aujourd'hui. Echanger nos pratiques sur la gouvernance, sur la mise en œuvre, dans nos territoires, des programmes de réformes, qu'en France comme en Algérie, nous engageons ". Par ailleurs, les entretiens entre MM. Bedoui et Colomb ont été l'occasion d'analyser l'état de la coopération entre les deux pays, notamment sur les enjeux de sécurité au Sahel, la lutte contre le terrorisme et les enjeux migratoires : à ce sujet, M. Colomb a souligné : " Je tiens à saluer l'engagement de l'Algérie sur ces questions. Je pense à son rôle central pour la paix au Mali. Je pense aussi à son appui au processus conduit par les Nations unies pour la stabilisation de la Libye. Ces efforts sont essentiels pour contribuer à faire reculer le terrorisme dans la région, afin de faire en sorte que ne s'établissent pas de zones de non-droit, au détriment des Etats, des populations et de la paix ". D'ailleurs, pour MM. Colomb et Bedoui ces zones de non-droit favorisent des trafics divers. 'Trafics d'armes, de contrefaçons, mais aussi des trafics de migrants. L'Algérie et la France doivent renforcer la coordination pour mettre en échec les réseaux de passeurs qui, aujourd'hui, prospèrent sur la misère humaine en faisant trafic des êtres humains ". Sur la même question, M. Bedoui a estimé que les deux pays sont appelés à " approfondir leur coopération sécuritaire ". " Le bassin méditerranéen, étant la plus grande zone de coopération internationale, est également le plus grand espace caractérisé par des défis sécuritaires étendus et divers, allant de l'immigration clandestine, des réseaux de contrebande, de trafic de drogue, du terrorisme à la criminalité transnationale. Ce sont tous ces enjeux sécuritaires dont nous sommes conscients, de part et d'autre, a encore noté M. Bedoui, relevant que " l'ampleur des menaces qu'ils représentent, nous facilite la tâche d'implémenter notre coopération et notre coordination en matière de sécurité, excellente à mon point de vue ". Sur le plan économique, M. Colomb a indiqué " Nous avons aussi travaillé sur nos coopérations en matière économique. Aujourd'hui, l'Algérie est le 1er partenaire commercial de la France en Afrique et les entreprises françaises génèrent directement et indirectement 100000 emplois en Algérie .Nos deux destins sont donc liés, et il nous faut susciter toujours davantage d'investissements croisés. Pour nos deux pays, si les situations varient, la clé est la même : il s'agit d'actionner le double moteur de l'investissement public et de l'investissement privé. Investissement public, pour permettre la montée en compétences de la population mais aussi de la montée en gamme des infrastructures- et de ce point de vue, je sais l'effort considérable engagé par l'Algérie tant sur le plan des transports que sur le plan énergétique.