Les deux ministres de l'Intérieur, algérien et français, réunis à Alger lors d'un séminaire «walis-préfets», ont réaffirmé l'ambition de bâtir un partenariat stratégique. Depuis la visite du chef d'Etat français, Emmanuel Macron, en Algérie, le 6 décembre dernier, les relations entre Alger et Paris prennent une dynamique soutenue. En tout cas, une volonté d'agir concrètement dans divers domaines de coopération. Les deux ministres de l'Intérieur, algérien et français, réunis à Alger lors d'un séminaire «walis-préfets», ont réaffirmé l'ambition de bâtir un partenariat stratégique. «Nous sommes en mesure d'élargir notre coopération et d'intensifier nos échanges, ce qui nous permettra à terme d'atteindre l'objectif que nous nous étions fixé, à savoir établir les bases d'un partenariat stratégique durable à la hauteur des aspirations de nos deux pays», a assuré Noureddine Bedoui. Son homologue français, Gérard Collomb, ira dans le même sens en affirmant sa conviction d'une «alliance profonde entre nos deux pays qui pourrait changer la face du monde dans cette région». «Il faut faire en sorte, que dans un contexte international incertain, de créer un pôle de stabilité, de prospérité et de développement de part et d'autre de la Méditerranée», plaide-t-il. «Nous devons continuer ensemble à écrire les nouvelles pages d'un livre, lequel permettra aux deux pays de continuer à aller de l'avant, de porter un message de paix, de fraternité, de solidarité et de développement à l'ensemble des pays des deux côtés de la Méditerranée. C'est le sens de ma visite et de notre amitié», ajoute encore M. Collomb. Les relations «encourageantes» entre les deux pays sont appelées «à être approfondies, vu les enjeux sécuritaires auxquels font face les deux Etats», réplique M. Bedoui. Des propos tenus de part et d'autre qui «rassurent» et qui témoignent de «la confiance» qui caractérise les rapports entre l'Algérie et la France. Une condition nécessaire pouvant permettre aux deux capitales de mieux faire face à des défis communs, qui sont notamment la lutte contre le terrorisme, le retour des djihadistes étrangers de Daech dans leurs pays d'origine... «On se doit d'approfondir notre coopération sécuritaire, car la sécurité de chacun des deux pays commence avec celle de l'autre», estime le ministre algérien de l'Intérieur. Il y va de même pour la «stabilité» et la sécurité dans le Sahel en proie à une double menace, que font peser sur cette région les mouvements terroristes et les groupes de trafiquants en connexion avec le crime organisé. A ce propos, Gérard Collomb a tenu à saluer l'engagement de l'Algérie sur les enjeux de sécurité au Sahel. «Je pense à son rôle (l'Algérie) pour la paix au Mali, ces efforts sont essentiels. Les efforts de l'Algérie sont essentiels pour contribuer à faire reculer le terrorisme dans la région, pour empêcher que des zones de non-droit s'établissent dans la région au détriment des Etats, des populations et de la paix», apprécie-t-il. L'autre enjeu qui doit «contraindre» Alger et Paris à agir de concert est celui lié à la circulation des personnes et l'immigration illégale. La présence de beaucoup d'Algériens en situation irrégulière en France est un véritable casse-tête pour les services du ministère de Gérard Collomb. Pas moins de 10 000 Algériens ont été interpellés en 2017 et font objet d'obligation de quitter le territoire français. Des mesures difficiles à mettre à exécution. Gérard Collomb s'étonne que des Algériens qui arrivent en France sollicitent l'asile. «Il y a beaucoup de visas qui sont octroyés.» «Comment se fait-il qu'il y ait des gens qui demandent l'asile ? Il n'y a pas besoin de demander l'asile en France. Ce sont des sujets qu'il faut que nous traitions ensemble», s'est demandé le ministre français. Par ailleurs et au sujet de la coopération des collectivités – objet du séminaire entre walis algériens et préfets français –, les deux parties souhaitent en faire «une passerelle d'excellence pour la promotion de l'échange et de la coopération entre les deux pays». Amélioration des services publics, attractivités économiques des territoires, développement local durable, décentralisation et gestion des grandes villes étaient les principales questions débattues lors de cette rencontre. Une coopération décentralisée qui devra se matérialiser sur le terrain en donnant plus de prérogatives et surtout de moyens aux élus pour leur permettre d'agir et surtout d'élaborer des politiques répondant aux aspirations, aux besoins des populations et des collectivités.