Synthèse de Said B. La Russie dérange les Etats-Unis, la Grande Bretagne et certains pays européens qui se sont alliés à ces deux nations au point où on multiplie les tentatives de " déstabilisation " de la Russie au moment où le président russe, Poutine, est devenu paradoxalement aux objectifs de ces pays, plus " puissant ". Là, le constat est bien là : la diabolisation de Poutine en Occident a eu l'effet inverse en Russie: Le dernier " acte " joué par la Grande Bretagne qui accuse, " sans preuves ", la Russie d'être derrière l'empoisonnement de l'ex-agent double russe Sergeï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, retrouvés inconscients, le 4 mars, dans un centre commercial de Salisbury (sud de l'Angleterre). Lorsqu'on évoque les " agents " dans le sens d'espions, on pense toujours inéluctablement à de l' "intelligence " dans le traitement des affaires dans ce domaine. Mais, les " arguments " annoncés par la Grande Bretagne, suivie de ses alliés, montrent, si besoin est, un vrai manque d'intelligence. Tentative d'explication : ironie du sort, cette affaire s'est produite à la veille des élections présidentielles russes au moment où la majorité des agissements du président des Etats-Unis, Donald Trump met tout le monde, y compris ses alliés dans l'embarras. Et ce, sans oublier bien évidemment les autres accusations des présumées interférences russes dans la présidentielle américaine. Et pour revenir à l'affaire Skripal, il est utile de noter que lui ; sa fille et le premier policier qui est entré en contact avec eux, sont hospitalisés dans un état grave. Toujours est-il qu'il ne faut pas oublier que Skripal est un ancien colonel du service de renseignement de l'armée russe dans les années 1990 et surtout qui fait partie d'un échange d'espions entre Moscou, Washington et Londres en 2010, lui permettant de se réfugier en Angleterre. Le 7 mars, la police révèle que Skripal et sa fille ont été empoisonnés par un agent innervant, une arme chimique redoutable, hautement toxique. Cinq jours plus tard, la réaction "officielle " de la Grande Bretagne intervient de la bouche de la Première ministre britannique Theresa May qui a estimé comme "très probable que Moscou soit responsable" de l'attaque, notamment parce que la substance utilisée est "de qualité militaire d'un type produit par la Russie". L'agent employé appartient au groupe "Novitchok", conçu pendant la fin de la guerre froide. Et comme l'effet domino, les réactions de " soutien " à la thèse britannique fusent : les Etats-Unis dénoncent une attaque "irresponsable" et apportent leur soutien à Londres. Le lendemain la France et l'Allemagne font de même. Ce qui étonne le plus, c'est que non seulement la Grande Bretagne accuse la Russie d'être derrière cet " empoisonnement ", mais, elle lui demande de prouver son innocence. Une telle démarche venue d'un pays censé être le plus " démocratique " laisse perplexe de par l' "amateurisme " de cette réaction bien inattendue à ce niveau!
Premières paroles de Poutine Vladimir Poutine, tout juste réélu à la tête de la Russie, a fustigé les accusations et déclare "Que quelqu'un puisse penser qu'en Russie quelqu'un se permettrait de faire de telles choses (l'empoisonnement de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal) juste avant l'élection et la Coupe du monde de football, c'est absurde, du grand n'importe quoi", a-t-il déclaré, le 18 mars, devant la presse après sa victoire à la présidentielle. "C'est tout simplement inimaginable", a-t-il renchéri. Poutine précise, par ailleurs que "La première chose qui me vient à l'esprit, c'est que s'il s'était agi d'un poison militaire, les gens seraient morts sur le coup. C'est évident". Selon la police britannique, Sergueï Skripal et sa fille ont été victimes d'un empoisonnement au "Novitchok", substance conçue par des scientifiques soviétiques dans les années 1970. Et le maître du Kremlin d'ajouter : "La deuxième chose, c'est que la Russie ne dispose pas de ce type de moyen. Nous avons détruit toutes nos armes chimiques sous la supervision d'observateurs internationaux", a-t-il dit. Et là, une remarque est bien à faire : de par la présence de plusieurs experts dans ce domaine, beaucoup de pays peuvent produire ce produit. Ce qui, en lui-même, doit laisser des doutes sur l'accusation dont font l'objet "uniquement " les Russes. Cela s'est passé alors que 4 jours auparavant Londres a jugé la Russie "coupable" et, en représailles, a expulsé 23 diplomates russes (sur 59 présents au Royaume-Uni), gelé les contacts avec Moscou et annonce qu'aucun membre de la famille royale ou du gouvernement ne se rendra à la Coupe du monde de football en Russie (14 juin-15 juillet). Et c'est la coalition qui rentre en jeu : Londres, Paris, Berlin et Washington estiment dans une déclaration commune que la responsabilité russe est la seule explication "plausible" et demandent à Moscou de "répondre à toutes les questions liées à l'attaque de Salisbury". De son côté, l'Otan dénonce une attaque "extrêmement grave" et assure qu'elle "défendra tous ses membres contre toute menace". Le 16 mars, le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson avait de nouveau mis en cause Moscou et était allé jusqu'à juger "probable" que Vladimir Poutine lui-même ait "ordonné" d'empoisonner Sergueï Skripal. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait qualifié ces propos de "choquants" et d'"impardonnables". La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré dans une interview à la chaîne NTV "C'est un spectacle, une mystification absolue, une séance de magie". Et d'ajouter "Cela ne fait même plus rire. C'est une question de honte totale pour le Royaume-Uni avec tous ses services secrets. C'est un échec colossal." Maria Zakharova a fait remarquer que les déclarations des autorités officielles de Londres au sujet de l'affaire Skripal s'inscrivaient dans le droit fil de la campagne antirusse déployée dès que la Russie a lancé son opération en Syrie. "Parce que le sujet des armes chimiques doit être toujours présent dans les médias. Parce qu'il faut dénigrer les efforts de la Russie en Syrie ", a-t-elle souligné. Evoquant les déclarations de la Première ministre Theresa May au sujet de l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, Maria Zakharova a rappelé que Londres n'avait toujours pas fourni à Moscou d'informations sur Sergueï Skripal et sa fille, sur leur état, sur le lieu où ils se trouvaient, sur ce qui se passait. La Première ministre britannique Theresa May a accusé la Russie d'implication dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, sans toutefois présenter de preuves tangibles pour appuyer ses allégations. Le Royaume-Uni a refusé de fournir des éléments de preuve que Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès de l'Onu, avait demandés auparavant. Par la suite, la Russie a répondu en utilisant l'usage de la réciprocité en expulsant 23 diplomates britanniques et en ordonnant la cessation des activités en Russie du British Council, un organisme faisant la promotion des relations culturelles et de la langue anglaise. Moscou a aussi dit retirer son agrément à l'ouverture et au fonctionnement d'un consulat britannique à Saint-Pétersbourg.
Des tests d'experts attendus Le 19 mars, le chef de la diplomatie britannique a fait savoir que des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques devaient se rendre au Royaume-Uni. Ces spécialistes doivent mener des tests sur la substance utilisée lors de l'empoisonnement de Sergueï Skripal. "Nous leur remettrons des échantillons (de la substance), et ils seront testés dans les laboratoires internationaux les plus réputés", a expliqué Boris Johnson. Les résultats de ces tests devraient être connus au mieux "après deux semaines. Par ailleurs, plusieurs pays occidentaux ont demandé à la Russie de révéler à l'OIAC ses données concernant la production de l'agent Novitchok. La Russie soutient un engagement de cette organisation internationale dans l'affaire Skripal, ce qui nécessite également l'implication du Royaume-Uni. Depuis le début de l'affaire Skripal, la Russie demande au Royaume-Uni de mener une investigation transparente, en utilisant des mécanismes de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Londres a finalement consenti à envoyer des échantillons de l'agent neurotoxique avec lequel a été empoisonné l'ancien agent secret russe à cette organisation internationale. Dans le même temps, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et les Etats-Unis demandent à la Russie de divulguer à l'OIAC toutes ses données concernant l'agent chimique Novitchok dont a été supposément empoisonné M. Skripal. Les mécanismes qui seront utilisés si l'OIAC est impliquée dans cette affaire ont été mentionnés le 13 mars par Alexandre Chulguine, représentant russe auprès de l'OIAC, lors de la 87e session de l'organisation. "Si Londres a de bonnes raisons de croire que la Russie viole la Convention sur l'interdiction des armes chimiques […] nous suggérons que le Royaume-Uni suive les procédures prévues par le paragraphe 2 de l'article 9 de la CIAC", a-t-il déclaré. Le diplomate russe faisait ainsi référence aux procédures d'investigation dans le cadre d'une utilisation présumée d'armes chimiques. Selon la CIAC, l'Etat sur le territoire duquel des armes chimiques auraient été employées peut demander au directeur général de l'OIAC de créer une équipe d'inspection afin de mener une enquête. Ce mécanisme prévoit que les experts internationaux reçoivent un "accès à toutes zones susceptibles d'être atteintes par l'emploi qui aurait été fait d'armes chimiques" et aux échantillons des substances utilisées. Cela signifie que Londres devra également divulguer les informations appropriées, y compris celles concernant les recherches consacrées au Novitchok supposément effectuées au Royaume-Uni depuis les années 1990. Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès de l'Onu, a déclaré que des spécialistes avaient des raisons d'estimer que le Royaume-Uni avait lui-même la formule chimique de la substance Novitchok. L'empoisonnement de Salisbury pourrait devenir la première affaire de la sorte investiguée par l'OIAC, créée en 1997 afin de contrôler le respect de la CIAC. Affaire à suivre…