Le Front Polisario a condamné lundi la décision des Etats membres de l'Union européenne (UE) d'accorder à la Commission un mandat pour négocier un nouveau protocole à l'accord de pêche UE-Maroc qui inclut les eaux territoriales sahraouies en violation de la décision de la Cour européenne de justice (CJUE). "Le Front Polisario condamne la décision prise aujourd'hui par le Conseil de l'UE d'autoriser la Commission européenne à négocier un amendement à l'accord de partenariat de pêche UE-Maroc afin d'inclure explicitement le Sahara occidental", a réagi dans un communiqué le représentant du Front Polisario à Bruxelles Abba Malainin. Les ministres européens de la Pêche, réunis lundi à 28 à Luxembourg, ont donné leur feu vert au lancement des négociations avec le Maroc sur un nouveau protocole à leur accord de pêche qui inclut le Sahara occidental, alors que la CJUE a conclu, fin février, que cet accord n'est pas applicable au Sahara occidental et à ses eaux adjacentes. L'actuel protocole à leur accord de pêche expire le 14 juillet prochain. La Commission européenne a adopté le 21 mars dernier une proposition du Conseil de l'UE qui prévoit d'étendre l'actuel accord UE-Maroc de partenariat dans le secteur de la pêche au "territoire non autonome du Sahara occidental" sous certaines conditions dont l'inclusion d'une "clause de révision permettant de prendre en compte un accord politique mutuellement acceptable (...) qui permettrait l'autodétermination du peuple du Sahara occidental". Selon le Front Polisario, "aucune garantie annoncée dans le mandat de négociation ne peut détourner l'attention de l'illégalité fondamentale de cette approche".
Le Front Polisario menace de poursuivre l'action judiciaire Abba Malainin a averti, à ce titre, que la décision prise ce lundi par le Conseil de l'UE "ne laisse pas d'autre choix au Front Polisario que d'engager de nouvelles procédures judiciaires, au nom du peuple du Sahara occidental, devant les tribunaux de l'UE". Le représentant du Front Polisario à Bruxelles a mis, ainsi, en garde les entreprises européennes contre "les risques juridiques graves" auxquels elles s'exposeraient si elles décidaient de faire des affaires dans le cadre de ces accords illégaux entre l'UE et le Maroc. Il a rappelé, à ce titre, que la CJUE "l'a clairement souligné", en affirmant que "la seule manière de négocier un accord sur le Sahara occidental consiste à obtenir le consentement du peuple sahraoui, par l'intermédiaire de son représentant reconnu par l'ONU, le Front Polisario". Le représentant du Front Polisario à Bruxelles a mis l'accent, dans ce contexte, sur le dernier jugement de la CJUE, rendu le 27 février dernier, selon lequel "le Maroc n'a aucune autorité, (...) pour conclure des accords internationaux applicables au Sahara occidental". Par conséquent, a-t-il poursuivi, "il est clair que ces négociations ne peuvent mener qu'à un autre accord illégal en vertu du droit de l'UE et du droit international". Le représentant du Front Polisario a exprimé, en outre, ses doutes quant à l'engagement de l'UE à contribuer au règlement du conflit du Sahara occidental, estimant qu'"une fois de plus, l'action de l'UE soulève de sérieuses questions quant à son engagement en faveur d'un règlement pacifique de la question du Sahara occidental sous les auspices des Nations unies". "Ces négociations illégales avec l'occupant marocain n'aboutiront à rien et risquent de compromettre les efforts de l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, Horst Kôhler, pour la reprise des pourparlers directs entre le Front Polisario et le Maroc", a-t-il regretté.
Podemos soutient le droit des Sahraouis dans la renégociation Des parlementaires du groupe politique espagnol Unidos Podemos ont demandé au gouvernement espagnol de défendre les droits du peuple Sahraoui dans la renégociation de l'accord de pêche UE-Maroc, insistant sur le respect de la décision de la Cour de justice européenne (CJUE). La sénatrice Vanessa Angustia ainsi que les députés Eva García Sempere et Antón Goméz-Reino ont, à travers des lettres, demandé au gouvernement espagnol "d'assumer un rôle de premier plan" pour défendre le respect de la récente décision de la CJUE relative à l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc qui "n'est pas applicable au Sahara occidental et aux eaux y adjacentes". Dans leurs lettres adressées au premier ministre, Mariano Rajoy, et à la ministre de l'agriculture et de la pêche, Isabel Garcia Tejerina, les députés ont exprimé leur "profonde préoccupation" au sujet du processus de négociation actuellement en cours entre l'Union européenne et le Maroc au sujet de l'accord de pêche. Les parlementaires estiment que cet accord "met en danger la sécurité de la flotte de pêche espagnole qui travaille dans les eaux sahraouies et viole le droit du peuple sahraoui à la souveraineté sur ses ressources naturelles". Au cours de la session de contrôle du gouvernement au sénat, la sénatrice Vanessa Angustia avait rappelé à la ministre de l'agriculture et de la pêche Isabel Tejerina "la dette historique qu'a l'Etat espagnol envers le Sahara occidental depuis son occupation illégale par le Maroc". Les signataires des lettres ont souligné qu'en tant que parlementaires "nous voulons alerter sur la violation du droit international qui protège l'autodétermination du peuple sahraoui et nous appelons au strict respect du récent arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne". Toute solution à ce conflit, ont affirmé ces députés, doit passer par "le respect des droits de l'homme et des négociations avec les autorités légitimes de la République arabe sahraouie démocratique (RASD)". Les députés d'Unidos Podemos ont enfin exhorté le gouvernement de M. Rajoy à jouer un rôle de premier plan dans les négociations de cet accord afin de protéger la sécurité de la flotte de pêche espagnole, d'assurer le respect des arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne et respecter les droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, ainsi que la souveraineté du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles.