L'évolution du trafic portuaire a connu une tendance inversement proportionnelle à des chemins de fer. Avant 1995, l'entreprise portuaire de Béjaïa assurait, à elle seule, 7 000 wagons pour un volume de 300 000 tonnes. Après 95, ce chiffre est descendu à 3 000 wagons et 150 000 tonnes, et depuis 1999, l'entreprise ne faite plus que 80 000 tonnes pour un attelage de 2000 wagons. Cependant, la rénovation de l'unique voie de chemin de fer reliant Béjaïa à Beni-Mançour, lieu de correspondance avec les grandes lignes nationales, par delà la réhabilitation de toutes les prestations de la SNTF, revêt un intérêt particulier pour le port de Béjaïa, dont les managers y trouvent une réelle opportunité pour éloigner le spectre de la congestion qui le menace. L'important trafic qui caractérise ses quais et entrepôts va, en partie, trouver une voie de dégagement supplémentaire, autre que la route. Mais plus que toute autre chose, l'enjeu inavoué de ce projet réside dans sa capacité à susciter des activités à vocation logistique, dont le créneau reste encore très embryonnaire en Algérie. Outre son impact sur le transport de voyageurs, la rénovation, après des années de déclin, de ladite unique voie de chemin de fer, est de nature à permettre à la SNTF de rebondir, particulièrement en matière de fret, dont le transport, lui échappe presque totalement. Sur un volume de 15 millions de tonnes de marchandises traitées en 2007 au port, dont six millions hors hydrocarbures, la SNTF n'en a capté, en effet, qu'une infime partie, soit à peine 80 000 tonnes. Selon le chef de la gare de Béjaïa, Mme Rachedi, le projet engagé en novembre dernier devrait être livré en juillet prochain. Le groupement d'entreprises, composé de Secorail (France) et Sotref (Algérie) y travaille d'arrache-pied pour le livrer dans les délais. Compartimentés en trois tronçons, Tazmal-Akbou, Akbou-Sidi Aïch et Sidi-Aich-Béjaïa, sur une distance transversale de 88 km, les travaux consistent en le renouvellement de la plate-forme, la mise en place d'un ballast et du rail ainsi que l'installation des appareils et la signalisation y afférents. Des travaux d'électrification de la voie sont, par ailleurs, programmés à partir du mois d'août prochain, notamment dans la perspective de la mise en service de deux autorails dont a été dotée, récemment, la wilaya. En fait, la SNTF, qui fait l'objet de grandes sollicitations, notamment de BMT, qui a déjà ouvert une ligne régulière entre Béjaïa et Rouiba pour le transport de conteneurs, n'en désespère pas de s'adapter à la dynamique. Rail-link (France) et l'armateur CMA-CGM ont déjà signé une convention dans ce sens pour le transport de carburant à raison de deux trains par jour et deux fois par semaine, et des opérations similaires sont prévues avec des opérateurs nationaux. "Nous allons proposer des offres adaptées aux besoins des clients, avec une possibilité de faire bénéficier d'une priorité de réseau et d'horaire les gros chargeurs', a déclaré Mme Rachedi qui souligne que "les moyens de transport sont fournis, notamment en matière de wagons adaptés (tombereau, citerne, etc..)". De quoi réjouir une flopée de clients, dont BMT qui reste engagé dans une opération de création de plate-formes logistiques, voire des ports secs, dans plusieurs régions du pays, notamment dans l'Algérois et les Hauts-Plateaux, mais dont la concrétisation est tributaire du niveau de réaction de la SNTF, selon ses dirigeants.