Les Bourses européennes étaient une nouvelle fois toutes dans le rouge mardi, soucieuses comme Wall Street de la surenchère entre les Etats-Unis et la Chine en matière de sanctions commerciales. Le président américain Donald Trump a remis de l'huile sur le feu lundi en menaçant de taxer 200 milliards de dollars d'importations supplémentaires pour compenser, selon lui, le vol de technologies et de propriété intellectuelle américaines. Pékin a aussitôt menacé de "représailles". Les acteurs de marché ont l'impression que les Etats-Unis et la Chine sont entrés "dans un jeu de menaces qui complique la situation et éloigne l'hypothèse d'une issue favorable (...)", a souligné Andrea Tuéni, analyste de Saxo Banque. A la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average reculait vers 16H05 GMT de 1,14% à 24 701,46 points, le Nasdaq de 0,74% à 7 689,73 points, et l'indice élargi S&P 500 de 0,58% à 2.757,53 points. "Les actions baissant le plus sont celles qui sont les plus susceptibles de souffrir des sanctions commerciales", à l'instar de Boeing (-3,51%), Caterpillar (-3,46%), ou Deere (-3,53%), a relevé Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management.
L'Eurostoxx 50 a reculé de 0,90% L'indice Dax de la Bourse de Francfort a cédé 1,22% à 12 677,97 points. Volkswagen a chuté de 2,41% à 152,30 euros. En plein mondial de foot, Adidas, sponsor de l'équipe allemande, a terminé en bas de tableau (-2,52% à 189,40 euros). Beiersdorf s'est en revanche maintenu en tête du Dax (+0,51% à 99,30 euros) grâce au relèvement à "neutre" de la recommandation de JPMorgan, assorti d'un objectif de cours de 101 euros. A Paris, l'indice CAC 40 a reculé de 1,10% à 5 390,63 points. Les minières, en première ligne dans le conflit commercial, ont souffert: ArcelorMittal a reculé de 3,84% à 27,06 euros et Eramet a perdu 5,23% à 114,20 euros. Edenred a été pénalisé (-1,95% à 26,60 euros) par un abaissement de recommandation. Nexity a profité en revanche (+8,23% à 52,75 euros) des perspectives de croissances dynamiques annoncées par le groupe, à l'occasion d'une journée investisseurs. Kering a baissé de 2,97% à 493,70 euros et LVMH de 2,41% à 289,55 euros. Air France-KLM a gagné 5,42% à 7,58 euros alors que l'intersyndicale d'Air France a levé la grève prévue du 23 au 26 juin en attendant la nomination d'un nouveau P-DG prévue mi-juillet. L'indice FTSE-100 de la Bourse de Londres a cédé 0,36% à 7 603,85 points. Le spécialiste des emballages DS Smith a dévissé de 4,48% à 525 pence après avoir annoncé une augmentation de capital via l'émission de nouvelles actions, afin de financer le rachat qu'il prévoit de son concurrent espagnol Europac pour 1,7 milliard d'euros. Le loueur de matériel industriel Ashtead a chuté pour sa part de 4,43% à 2 267 pence après des résultats annuels inférieurs aux attentes des analystes. Côté minières, Rio Tinto s'est enfoncée de 3,24% à 4 120 pence, Glencore de 2,33% à 371,70 pence et Anglo American de 2,27% à 1 693,60 pence. Côté hausses, le livreur de plats à emporter Just Eat est monté de 2,49% à 806,60 pence, après avoir vu la perspective de son action relevée par les analystes d'UBS. L'indice FTSE Mib de la Bourse de Milan a perdu 0,07% à 22 084 points, malgré la bonne forme des banques. Banco BPM a réalisé la meilleure performance, gagnant 5,59% à 2,53 euros, suivi de Bper Banca (+3,39% à 4,477 euros) et de Ubi Banca (+3,07% à 3,32 euros). En revanche, STMicroelectronics a cédé 4,24% à 21,22 euros, CNH Industrial 3,12% à 9,43 euros, Moncler 3,09% à 40,19 euros et Ferrari 1,57% à 125,6 euros. A Madrid, l'indice Ibex 35 a cédé 0,14% à 9 755,4 points. Plusieurs poids lourds ont terminé en léger recul: Inditex (Zara) a lâché 0,41% à 29,47 euros, Telefonica 0,42% à 7,37 euros et le pétrolier Repsol a perdu 0,33% à 16,63 euros. Les banques ont terminé dans le vert, freinant le recul de l'indice espagnol: BBVA a pris 0,71% à 5,96 euros, CaixaBank 0,92% à 3,72 euros et Banco Santander 0,18% à 4,66 euros. Le groupe technologique Indra a dégringolé de 5,83% à 10,66 après le changement de recommandation d'un analyste. L'indice PSI20 de la Bourse de Lisbonne a reculé de 0,45% à 5.544,50 points. La banque BCP a pris 1,21% à 0,2682 euro. Côté énergétiques, Galp Energia a perdu 1,75% à 15,765 euros et EDP 0,29% à 3,38 euros, sa filiale dans les renouvelables EDP Renovaveis parvenant à limiter la casse (-0,06% à 8,345 euros). le distributeur Jeronimo Martins a chuté de 2,26% à 12,775 euros. Le papetier The Navigator a perdu 0,56% à 5,315 euros. L'indice SMI de la Bourse suisse a perdu 0,66% à 8 463,41 points. Seules deux valeurs ont maintenu la tête hors de l'eau: le géant agroalimentaire Nestlé a gagné 0,44 à 73,84 CHF, et le groupe pharmaceutique Roche, qui a annoncé avoir signé un accord de fusion avec le laboratoire américain Foundation Medicine, 0,50% à 211,05 CHF. Son concurrent Novartis a perdu 0,60% à 73,28 CHF. Les valeurs du luxe ont fini dans le bas du tableau, à l'instar de Richemont (-3,67% à 87,58 CHF) et Swatch (-4,22% à 470,30 CHF). Le groupe suisse de chimie de spécialités Sika a chuté de 4,07% à 136,70 CHF.
Wall Street fragilisée Ebranlée par l'exacerbation des rivalités commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, la Bourse de New York a terminé dans le rouge mardi, son indice vedette finissant en baisse pour la sixième séance de suite. Le Dow Jones Industrial Average a cédé 1,15% à 24 700,21 points. Le Nasdaq, à forte composante technologique, a perdu 0,28% à 7 725,58 points. Le S&P 500, qui représente les 500 plus grosses valeurs de Wall Stret, a reculé de 0,40% à 2 762,57 points. Même si les indices ont limité leurs pertes en fin de séance, ils ont été lestés dès l'ouverture par l'escalade des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. "Les actions baissant le plus sont celles qui sont les plus susceptibles de souffrir des sanctions commerciales", à l'instar de Boeing (-3,84%), Caterpillar (-3,62%), ou Deere (-3,73%), a relevé Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management. "Ces grandes multinationales ont vraiment besoin de la Chine comme relais de croissance", a aussi souligné Gregori Volokhine. "Il ne faut pas oublier que si la croissance mondiale ralentit à cause de la rhétorique de Trump, les entreprises américaines seront aussi touchées", a-t-il ajouté. Jusqu'à présent, nombre d'acteurs du marché considéraient que l'imposition de 25% de taxes additionnelles sur 50 milliards de dollars de biens chinois décidée par Washington, suivie de représailles similaires de Pékin, représentaient plus une bataille commerciale dans un vaste jeu de négociations qu'une véritable guerre ouverte. Mais le président américain Donald Trump a annoncé lundi soir son intention d'imposer 10% de taxes additionnelles sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises supplémentaires, éveillant la crainte d'une réelle escalade pouvant freiner la croissance mondiale. "Si l'inquiétude est réelle, si l'incertitude est réelle, il ne s'agit pas du dernier mot sur ce sujet. Les deux parties ont fortement intérêt à coopérer et à parvenir à un accord", a toutefois estimé M. Skrainka. "Au final, la baisse des indices au cours des dernières séances est plutôt continue", a aussi remarqué M. Volokhine. "Le problème est surtout qu'on ne sait pas vraiment où (Donald Trump) veut en venir, qu'on a surtout l'impression que toute cette bagarre est surtout destinée à son électorat" à l'approche des élections législatives de mi-mandat en novembre, a-t-il ajouté. Dans tous les cas, cette approche protectionniste laisse les investisseurs sur leurs gardes. Signe de leur attrait pour les actifs jugés moins risqués, le marché obligataire montait: le taux d'intérêt sur la dette américaine à 10 ans reculait à 2,888% contre 2,917% lundi soir, et celui à 30 ans à 3,023%, contre 3,049% à la précédente fermeture.
L'euro lesté face au dollar L'euro baissait mardi face au dollar, plombé par les tensions politiques en Allemagne, des propos jugés prudents de Mario Draghi et l'escalade des sanctions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Vers 19H00 GMT (21H00 heure de Paris), la monnaie unique européenne valait 1,1572 dollar contre 1,1623 dollar lundi à 21H00 GMT. La devise européenne baissait face à la monnaie nipponne à 127,40 yens, contre 128,49 yens lundi soir. Le dollar reculait lui aussi face à la devise japonaise à 110,08 yens, contre 110,55 yens la veille. La livre britannique est quant à elle tombée à son plus bas en sept mois face au dollar au lendemain d'un vote des Lords: ceux-ci ont infligé lundi une nouvelle défaite à la Première ministre Theresa May en adoptant à une large majorité un amendement offrant au Parlement un droit de veto sur l'accord final de Brexit. Vers 19H00 GMT, l'once d'or valait 1.275,03 dollars après être tombée à 1.270,43 dollars, son plus bas niveau de l'année. Lundi soir, elle avait terminé à 1.278,31 dollars. Le bitcoin valait 6.715,26 dollars, contre 6.727,55 dollars lundi soir, selon des chiffres compilés par Bloomberg. La monnaie chinoise a terminé à son plus bas niveau depuis janvier, à 6,4853 yuans pour un dollar contre 6,4387 vendredi. La monnaie chinoise ne s'était pas échangée lundi en raison d'un jour férié.