"La Russie est le principal allié de l'Occident dans la lutte contre le terrorisme", a déclaré le vice-premier ministre italien Matteo Salvini. Le leader du parti Ligue a également noté la nécessité de coopérer avec Moscou sur d'autres problèmes mondiaux. Le député italien Stefano Valdegamberi a expliqué, pour sa part, que la tentative d'isoler la Russie était "une grande erreur". Pendant le sommet du G7 qui s'est déroulé au Québec du 8 au 9 juin, Donald Trump s'est prononcé pour le retour de la Russie à la table du "club". Selon lui, le G7 doit redevenir le G8, que cela plaise ou non aux autres participants. Le vice-Premier ministre et ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini a déclaré au quotidien Izvestia qu'il soutenait l'appel du dirigeant américain car "Moscou est l'un des principaux acteurs sur la scène mondiale". "Je suis ravi que le Président américain Donald Trump ait les mêmes intentions que moi vis-à-vis de la Russie. Moscou est notre allié fondamental contre le terrorisme. Nous, les Européens, devons travailler avec le Président russe Vladimir Poutine pour protéger notre civilisation des attaques des extrémistes islamistes", a déclaré Matteo Salvini. Il y a ainsi des changements dans la politique étrangère de l'Italie après les récentes législatives (4 mars) qui ont été remportées par la coalition de droite prônant la normalisation des relations avec la Russie. Contrairement aux élites politiques de plusieurs pays européens, où il n'y a pas d'unanimité quant aux relations avec la Russie, la grande majorité des partis italiens est favorable aux contacts avec Moscou. Cette disposition est notamment partagée par le partenaire de la Ligue au sein de la coalition au pouvoir: le Mouvement 5 étoiles (M5E). La nouvelle ligne du gouvernement italien en politique étrangère accélérera le rétablissement des relations entre la Russie et l'Occident, affirme Stefano Valdegamberi, député du parlement régional de Venise et membre du parti Ligue. D'après ce dernier, la demande de changer les approches du dialogue avec Moscou se fait sentir en Europe, et "le monde assistera prochainement à de profonds changements sur l'axe russe". "La position actuelle de l'Italie pourrait provoquer un effet domino au moins en UE. En France et en Allemagne, de plus en plus de politiciens prennent conscience de l'importance du retour aux contacts constructifs avec la Russie - notamment sur fond de différends économiques avec les USA. L'Italie sera très certainement soutenue dans ce sens par l'Autriche et la Hongrie. La tentative d'isoler la Russie était une grande erreur, c'est pourquoi tout va bientôt changer", a déclaré l'homme politique italien. Avec l'arrivée de nouveaux hommes politiques au pouvoir en Italie, le poids des pays prônant des relations ouvertes avec la Russie a nettement augmenté, pense le politologue italien Giuseppe Maiello. L'un des principaux acteurs de l'UE a rejoint les rangs des pays adoptant une approche pragmatique sur l'axe russe, explique-t-il. "Salvini est un politicien sincère qui, en arrivant au pouvoir, n'a pas changé d'opinion vis-à-vis de Moscou. Certes, la situation change progressivement, de plus en plus de politiciens veulent la normalisation. Néanmoins, il existe un obstacle aux changements brusques dans la politique européenne. Pendant plusieurs années les médias et les politiciens occidentaux ont créé une sorte de "conte sur la Russie" et à présent, plusieurs représentants ont peur de perdre la face en reconnaissant l'inutilité de ce vecteur. Salvini pourrait jouer un rôle important car les médias de masse suivent les principaux hommes politiques et relaient leurs opinions", a souligné l'expert italien. Le contrat de coalition signé par la Ligue et le M5E avant l'arrivée officielle de leur gouvernement au pouvoir comprend un point stipulant que le cabinet italien aspirerait à "affaiblir les sanctions contre la Russie, qui doit être considérée comme un partenaire et non un adversaire ou un antagoniste". Cette position a été réaffirmée par le nouveau Premier ministre italien Giuseppe Conte. Lors de l'approbation de sa candidature par le Parlement, il a promis que l'Italie serait le "conducteur de la politique de révision des sanctions - à commencer par celles qui portent atteinte à la société civile en Russie". Rome ne cache pas que l'aspiration à annuler les sanctions est avant tout dictée par des raisons économiques: selon Confindustria Russia, l'Association des industriels italiens en Russie, les exportations italiennes en Russie ont chuté de 65% par rapport à la période précédant les sanctions. "Le nouveau gouvernement assume la responsabilité de reconstruire le dialogue avec la Russie - comme avant, sur des principes mutuellement bénéfiques et amicaux. Le sommet de l'UE (qui se tiendra à Bruxelles les 28 et 29 juin), où sera évoquée la nécessité de prolonger les sanctions antirusses pourrait être une excellente opportunité pour cela", a déclaré Ernesto Ferlenghi, président de Confindustria Russia. Le changement de la politique occidentale vis-à-vis de la Russie est effectivement à l'ordre du jour, comme l'a confirmé l'échec du G7 au Canada. En raison de profondes divergences sur la politique commerciale dont le remaniement a été initié par Donald Trump, ce dernier a finalement retiré sa signature sous le communiqué final du groupe, qui avait également évoqué l'accord nucléaire avec l'Iran, le règlement de la crise syrienne et la situation sur la péninsule coréenne. Cependant, l'un des principaux sujets sur lequel étaient rivés les yeux des médias mondiaux restait le débat sur la nécessité de revenir au format G8 avec la participation de Moscou. Un débat enflammé a été lancé par la main légère du Président américain, qui a déclaré qu'il fallait faire revenir la Russie au sein du G8 parce que Moscou devait être présent aux réunions du "club". Le locataire de la Maison Blanche a été soutenu par le Premier ministre italien Giuseppe Conte. "Je suis d'accord avec le Président Trump. La Russie doit revenir au sein du G8. C'est dans l'intérêt de tous", a écrit sur Twitter le chef du gouvernement italien. Néanmoins tous les membres du club n'étaient pas d'accord avec l'appel américano-italien. La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que les membres européens du G7 jugeaient le retour de la Russie possible à condition d'un "progrès notable dans le règlement du problème avec l'Ukraine". Toutefois, c'est devenu une habitude pour certains dirigeants européens d'associer la normalisation du dialogue entre Moscou et l'Occident au conflit dans le Donbass et aux accords de Minsk. La dirigeante allemande n'a donc rien dit de nouveau. Le plus curieux est qu'à l'heure actuelle, la Russie n'étudie même pas la possibilité de revenir au sein du G8. D'après le porte-parole du président russe Dmitri Peskov, en ce moment Moscou "met l'accent sur d'autres formats".