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“ Nous sommes confiantes que dans quelques années nous serons très compétitives” Entretien avec Mme Khadidja Belhadi, présidente de l'Association des Algériennes managers et entrepreneuses (AME)
Le Maghreb : L'objectif le plus important de votre association est d'inciter les femmes à créer leurs entreprises, les informer et les accompagner dans cette voie. A votre avis pourquoi les femmes hésitent à créer leur propre entreprise et la gérer ? Mme Khadidja Belhadi : Beaucoup de femmes rêvent de créer leur entreprise, mais faute d'encadrement et d'aide concrète tels que, les financements pour les soutenir dans leur démarrage et l'accès à des locaux ou au foncier à des couts abordables, elles se découragent.
Pouvez-vous nous dire quels genres d'obstacles et de difficultés rencontrent la plupart des femmes, et pourquoi, à votre avis, elles se heurtent encore à plus d'obstacles sur le marché du travail ? Comme je l'ai dis plus haut ; la bureaucratie, le manque de confiance en soi et la peur de l'échec sont très souvent les obstacles qui font reculer plus d'un (homme ou femme)et ce par manque de formation et d'information sur les règles qui font fonctionner les administrations. Autrement dit, on a toujours peur de ce qu'on ne comprend pas. On évoque souvent la ségrégation sexiste dans les milieux du travail. Pensez-vous que cela est lié à une donne culturelle et traditionaliste qui impose comme un fait la supériorité des hommes sur les femmes, ce qui les poussent à ne pas accepter l'idée qu'une femme puisse diriger toute une entreprise ? Concernant la ségrégation sexiste, cela arrive très souvent que " certains " responsables au sein d'administrations se prennent pour des empereurs ou ont des comportements à la limite de la décence ; mais je ne prendrai pas les exceptions pour des généralités, car nombreux sont les hommes qui vous encouragent à aller de l'avant. Cela dit, le comportement d'autrui dépend de notre comportement. Très nombreuses sont les femmes qui se sont lancées malgré les difficultés communes et ont surmonté les obstacles et concilié leur vie familiale avec leur vie professionnelle et ce, grâce à leur ténacité et persévérance. Elles ont donc le grand mérite du respect et de la considération. C'est pourquoi elles doivent être particulièrement aidées et encouragées par les institutions et organisations pour se développer. Selon les chiffres du Centre national du registre du commerce (CNRC), il existe plus d'un million de femmes qui possèdent leurs propres entreprises mais, la plupart sont de simple prête-nom. Qu'en pensez- vous, et comment vous l'expliquez ? Oui c'est une réalité dont il faut chercher le pourquoi et l'origine. Très souvent la fiscalité a été l'origine de ces situations, faillite, impossibilité à la personne de reprendre une activité commerciale, interdiction, à une époque, d'avoir la possibilité d'exercer plusieurs activités et ou fuite de responsabilité suite à des faillites ou pour organiser des fuites fiscales. Cependant, le prête-nom est très souvent utilisé pour servir des comportements cupides irresponsables et des comportements inconscients qu'il faut combattre par des campagnes de sensibilisation, de formation et d'information. Vous avez participé l'année passée à Milan au Forum pour la promotion de la femme chef d'entreprise du Bassin méditerranéen, du Moyen-Orient et du Golfe. Cette rencontre a été une opportunité pour votre association pour nouer ainsi des contacts avec d'autres femmes. Qu'est-ce- que vous avez tiré comme expérience ?
En effet, ces rencontres ont été très bénéfiques sur le plan de nos stratégies de développement morale et technique. Tout d'abord ces rencontres nous ont permis de nous déstresser en voyant que certaines situations que nous vivons sont vécues de la même manière par les femmes des autres rives de la Méditerranée. Elles nous ont permis également de voir leurs systèmes d'organisation et soutiens de leurs gouvernements pour un développement harmonieux et durable. Il faut dire que ces rencontres nous permettent de tisser des liens d'échanges et de créer des partenariats dans l'intérêt réciproque des parties et permettent à nos entreprises d'évoluer selon les standards internationaux de performance et viser un niveau d'excellence comparable à nos concurrents dans le monde.
Comparativement aux femmes dirigeantes maghrébines, arabes ou encore européennes, où se situe la femme algérienne dans cette sphère ? Les femmes algériennes, qui émergent, se développent au même titre que les femmes des autres nations et sans complexe. Oui, nous avons beaucoup de travail pour élever nos entreprises à un certains niveau. Mais dans un cadre organisé nous sommes confiantes que dans quelques années nous seront très compétitives en apportant des solutions innovantes et futuristes pour notre pays. Quels seront vos prochaines activités, et spécialement pour la Journée de la femme? Nous allons organiser, prochainement, une tournée de sensibilisation et d'information au niveau national. Nous espérons au travers d'antennes régionales, drainer un nombre important de femmes managers qui pourront militer dans le sens d'actions positives. Notre association pourra servir de pivot afin d'être consultée et associée aux grands chantiers de réflexion qui marqueront le futur de notre pays. Pour le 8 Mars nous allons organiser une rencontre à l'hôtel Hilton, pour marquer avec toutes les femmes algériennes et du monde notre combat pour le progrès. Entretien réalisé par Samira Hamadi