Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a présenté vendredi une série de mesures pour relancer l'économie de son pays en récession, dont un assouplissement des règles d'obtention des visas pour stimuler le tourisme et un programme d'infrastructures. Le "plan de stimulation et de relance de l'économie", dévoilé vendredi, vise "à restaurer la confiance des investisseurs, éviter de nouvelles suppressions de postes et créer de nouveaux emplois", a expliqué à Pretoria le président Ramaphosa.
La première puissance économique du continent affiche un taux de chômage de plus de 27%. Ce plan ne se traduira pas par une augmentation des dépenses publiques mais "une révision des priorités du budget actuel" qui portent sur "environ 50 milliards de rands" (3,5 milliards de dollars, 2,9 milliards d'euros), a précisé le chef de l'Etat. Pour encourager le tourisme et faciliter les affaires, M. Ramaphosa veut assouplir les régularisations pour les mineurs et les visas de personnes hautement qualifiées, et réviser la liste des pays soumis à l'obtention d'un visa pour entrer en Afrique du Sud. Actuellement, les familles qui souhaitent se rendre en Afrique du Sud doivent fournir un certificat de naissance complet des enfants mineurs qui les accompagnent. "Le tourisme continue à être un formidable créateur d'emplois et, avec ces mesures, nous sommes confiants qu'encore plus de touristes se rendront en Afrique du Sud", a dit M. Ramaphosa. Il a également promis "une série de mesures de soutien aux agriculteurs noirs" et la mise en place d'un fonds pour la création et le soutien aux entreprises dans les townships et les zones rurales. Dans le secteur de la santé publique en pleine crise, 2.200 postes médicaux vont être pourvus "immédiatement". Le président a enfin annoncé la création d'"un fonds pour les infrastructures" de plus de 400 milliards de rands (28 milliards de dollars, 24 milliards d'euros), qui reste à financer notamment avec l'appui de partenaires privés. Ce fonds doit permettre de construire des routes, des barrages ou encore des écoles, des projets qui auront "le potentiel de créer de l'emploi à grande échelle". M. Ramaphosa, au pouvoir depuis février après la démission forcée de Jacob Zuma, a fait de la relance de l'économie sa priorité. Ses premiers résultats sont cependant très décevants. L'Afrique du Sud a replongé dans la récession en 2018, pour la deuxième fois en deux ans. L'opposition s'est montrée très critique vis-à-vis du plan de relance. Pour l'Alliance démocratique (DA), il "devrait avoir un impact limité sur la croissance économique et la création d'emplois", car les 50 milliards de rands qui lui sont alloués ne sont pas de l'argent frais mais des fonds redistribués. Le plan risque en outre d'être "compromis par les propositions économiques irréfléchies" du gouvernement, a estimé la DA, citant notamment la réforme agraire controversée proposée par M. Ramaphosa, qui prévoit notamment des expropriations sans indemnisation de fermiers blancs au profit de la majorité noire du pays. Pour le parti radical des Combattants pour la liberté économique (EFF), les mesures présentées constituent "une tentative destinée à sauver une économie basée sur la préservation des intérêts du monopole blanc". Le syndicat du textile SACTWU a en revanche salué les mesures visant son secteur, notamment la lutte accrue contre les importations illégales.