C'est aujourd'hui que s'ouvre à Bruxelles, capitale de l'Union européenne, un séminaire international sur la nouvelle politique des visas en gestation depuis les 5 dernières années au sein des commissions de l'UE et dont les premières retombées sur la facilitation liées à l'obtention du visa Schengen commencent à voir le jour. Mais elles demeurent insuffisantes. "L'Europe doit se doter d'une politique des visas plus intelligente. Il nous faut attirer davantage de touristes, d'hommes et de femmes d'affaires, de chercheurs, d'étudiants, d'artistes et de professionnels de la culture. Nous voulons donner un coup d'accélérateur à notre économie et créer de nouveaux emplois en insistant sur la dimension économique dans notre politique des visas, tout en maintenant un niveau élevé de sécurité à nos frontières. Les propositions allégeront beaucoup les procédures pour les visiteurs effectuant de courts séjours. Grâce à ces propositions, nous attendons une forte progression du nombre de voyageurs dans les années à venir", a déclaré récemment Mme Cecilia Malmström, commissaire aux Affaires intérieures, qui abordera aujourd'hui les nouvelles facilitations mises en œuvre dans le cadre de la nouvelle politique européenne des visas. C'est dans cet esprit, qui tentera de concilier les exigences économiques liées à l'impérieuse nécessité d'ouvrir un peu plus l'espace Schengen aux citoyens désireux de s'y rendre et les impératifs de sécurité que commande la dangereuse évolution du terrorisme international, que la conférence d'aujourd'hui permettra de jeter les bases de ce qu'on pourrait appeler "la démocratisation du visa Schengen". 15 pays sont représentés à cette conférence : Algérie, Angola, Belarus, Chine, Inde, Indonésie, Kosovo, Nigeria, Russie, Afrique du Sud, Tunisie, Turquie, Ukraine, Vietnam et Maroc. Au menu de cette rencontre organisée par la direction générale des affaires intérieures de la Commission européenne et à laquelle ont été conviés une quinzaine de journalistes de pays considérés comme les plus grands "gisements de demandeurs de visas", figure toute une thématique liée à la libre circulation des personnes. Les éléments-clés de la politique des visas tendance et statistiques seront abordés par Jan de Ceuster, responsable de la section visa et directeur général des affaires intérieures à la Commission européenne. La liste des pays qui sont soumis à l'obligation d'obtenir un visa, les procédures de suspension ainsi que la réciprocité seront détaillées par Jordi Garcia Martinez, responsable politique et DG aux affaires intérieures au sein de la Commission européenne. Quant à Michel Dejagher, ancien consul général de France à Alger et Anne-Marie Sorensen, responsable politique et également DG aux affaires intérieures, ils évoqueront la difficile application des procédures entre ce que prévoient la réglementation et la réalité de la pratique. D'autres aspects de la question tels que les nouvelles propositions afin de faciliter le voyage dans l'espace Schengen, l'assouplissement des procédures et la libéralisation du processus ainsi que l'étude des cas spécifiques seront présentés par Tobias Mullensiefen et Diederk Paalman de la Commission européenne. Pour les initiateurs de la nouvelle stratégie des visas, il ne fait aucun doute qu'une ouverture contribuera à la prospérité économique du Vieux continent et stimulera les secteurs du tourisme et de l'industrie. Selon une étude réalisée en 2012, "l'Union européenne aurait perdu au total 6,6 millions de voyageurs potentiels, originaires de six des pays comptant le plus grand nombre de voyageurs, à cause de procédures de visa trop lourdes" avant de souligner que "si les règles de délivrance des visas étaient plus souples, le nombre de voyages à destination de l'espace Schengen, depuis ces seuls six pays, pourrait enregistrer une hausse comprise entre entre 30 et 60 %". Sur le plan purement financier, "cela pourrait représenter un total de 130 milliards d'euros en dépenses directes sur cinq ans (en hébergement, alimentation et boissons, transports, divertissements, achats, etc.) et se traduire par la création de quelque 1,3 million d'emplois dans le tourisme et les secteurs qui y sont associés". C'est ainsi que plusieurs facilitations ont été proposées dont certaines d'entres elles sont déjà mises en œuvre. Il s'agit de la réduction de 15 à 10 jours du délai fixé pour traiter les demandes de visa, de la possibilité d'introduire les demandes de visa auprès des consulats d'autres pays de l'UE si l'Etat membre compétent pour traiter la demande n'est ni présent ni représenté, l'assouplissement pour les voyageurs réguliers, notamment la délivrance obligatoire de visas à entrées multiples, assortis d'une période de validité de trois ans ; simplifier le formulaire, la possibilité pour les Etats membres de créer des régimes spéciaux permettant la délivrance aux frontières de visas valables 15 jours au maximum dans un seul Etat Schengen; la possibilité pour les Etats membres de faciliter la délivrance de visas destinés aux visiteurs assistant à de grandes manifestations ; la création d'un nouveau type de visa (visa d'itinérance) permettant aux voyageurs en règle de circuler dans l'espace Schengen pendant un an au maximum (sans pouvoir séjourner dans un même Etat membre plus de 90 jours sur toute une période de 180 jours). Si une bonne partie de ces mesures a permis d'augmenter les demandes passant de 10,2 millions en 2009 à 17,2 millions en 2013, il n'en demeure pas moins qu'il reste beaucoup à faire pour accroître la mobilité des voyageurs dans l'espace Schengen. Des experts de l'UE affirment qu'il "arrive trop fréquemment que des problèmes d'obtention de visa limitent l'accès à des attractions touristiques et réduisent ainsi les retombées économiques potentielles de ces dernières", avant d'évoquer d'ores et déjà, l'Exposition universelle de 2015 à Milan qui "pourrait amener des millions de nouveaux visiteurs en Europe". La conférence d'aujourd'hui livrera certainement d'autres nouveautés sur un sujet crucial qui intéresse non seulement le simple citoyen, mais qui a souvent constitué une source de conflit entre les états de la rive Nord et ceux de la rive Sud. S. T. Nom Adresse email