La Russie est plus que jamais déterminée à créer une «Opep du gaz». Ainsi, après avoir pris la tête du groupe de réflexion mis en place à cet effet par le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) et qui doit soumettre ses conclusions au prochain sommet du Forum cet été, la Russie, à travers le holding Gazprom, compte créer à Saint-Pétersbourg la plus grande Bourse du gaz européenne. Selon le quotidien russe Kommersant qui rapportait, hier, l'information, cette Bourse du gaz sera créée par Gazprom conjointement avec Gazprombank et la Bourse interrégionale du complexe gazier et pétrolier (MBNK, Interregional Oil and Gas Industry Exchange). «Afin de réaliser ce projet, un comité pour le développement du commerce boursier a été créé il y a deux mois au sein de Gazprom. En outre, le holding a d'ores et déjà désigné un spécialiste chargé de mener cette mission», indique le journal, ajoutant que le projet sera créé sur la base de la Bouse pétrolière SPBEX (Saint-Pétersburg Stock Exchange), déjà existante. En référence à des sources dans le secteur énergétique et financier, le journal a indiqué que la tache de créer la Bourse est confiée à l'actuelle première adjointe du directeur général de la Micex (Bourse interbancaire des échanges de devises de Moscou), Mme Marina Medvedeva, qui devrait quitter son poste dès cette semaine afin d'entamer ses fonctions au sein de la direction de Gazprombank le 24 mars. Le directeur de la SPBEX, Viktor Nikolaïev, n'a pas nié l'éventuelle création de la Bourse du gaz. «Les négociations sur la création de cette Bourse du gaz de Saint-Pétersbourg sont en cours», a-t-il annoncé à Kommersant. La SPBEX est, pour rappel, la troisième place financière de Russie après les Bourses Micex et RTS. La décision russe de crée une Bourse du gaz peut être perçue comme un premier jalon pour la création de l'Opep du gaz, d'autant qu'il y a quelques semaines, le même journal moscovite à fait état du possible lancement de cette organisation lors du prochain FPEG. Cette Bourse du gaz servira sans doute de base pour l'expansion et le développement du marché gazier spot. Il faut dire que le gaz naturel est déjà coté sur des places financières, mais cela ne concerne qu'une très faible part du marché. Pour beaucoup d'observateurs, l'objectif des partisans d'une telle organisation est plus politique qu'économique. Selon eux, autant le marché de l'or noir est mondialisé (le même prix spot pour tout le monde), autant celui du gaz est fragmenté entre différentes régions et des modalités de contrat à long terme très différentes selon les pays. Mais cette photographie est en train de bouger très vite, avec la montée en puissance du gaz naturel liquéfié (GNL), lequel a le précieux avantage d'être transportable par bateau. Avec cette nouvelle technologie, la géographie du gaz est en train d'être totalement modifiée. Et les grandes zones productrices vont progressivement retrouver une plus grande liberté de commercialisation. Au lieu d'être totalement dépendante des pipelines qui les relient à un seul client, les producteurs pourront commercialiser leur gaz un peu partout dans le monde. Et donc faire jouer la concurrence. Ce qui inquiète les pays consommateurs. Une gestion type Opep apparaît envisageable donc si les contrats court terme prennent une part croissante dans le commerce gazier international. La montée en puissance du GNL peut faciliter une telle évolution qui prendra en tout état de cause du temps à se concrétiser. Cela étant dit, d'ici l'été 2008, date de la tenue du Forum des pays exportateurs du gaz à Moscou, le schéma sera sans doute plus clair, et la position des uns et des autres aussi.