Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni vendredi à huis clos pour discuter de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo, en attente des résultats de ce scrutin historique. La France avait réclamé cette réunion dans le sillage de l'appel de l'Union européenne et de l'Union africaine aux autorités de la RDC de respecter l'issue du vote de dimanche. La publication des résultats, initialement prévue le 6 janvier, pourrait être retardée.
Pendant la réunion à huis clos, les membres du Conseil ont entendu un rapport de Leïla Zerrougui, représentante spéciale de l'ONU en République démocratique du Congo. Au cours d'une discussion de près de deux heures, les membres du Conseil ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un communiqué commun. Plusieurs pays, y compris d'Afrique, ont estimé qu'il était prématuré de le faire, ont rapporté des diplomates. "Ces élections ont permis l'expression de la volonté souveraine du peuple congolais. La consolidation des résultats doit se poursuivre dans la transparence", a commenté François Delattre, ambassadeur de France auprès de l'ONU, à l'issue du Conseil. "Les résultats qui seront proclamés devront être conformes au vote du peuple congolais", a-t-il poursuivi. Une réunion publique du Conseil est prévue mardi sur le sujet. Les puissances occidentales espèrent que ce pays connaîtra son premier changement pacifique à la tête de l'Etat depuis son indépendance en 1960. Le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, n'était pas candidat à sa réélection. Au total, 21 prétendants, dont l'ancien ministre de l'Intérieur et candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, étaient en lice. L'Eglise catholique congolaise, qui avait déployé des milliers d'observateurs électoraux, a affirmé jeudi connaître le vainqueur du scrutin. La Conférence épiscopale congolaise (CENCO) a demandé à la Commission électorale (CENI) de proclamer les résultats dans "la vérité et la justice". Les Etats-Unis ont aussi appelé jeudi les autorités électorales de RDC à "respecter" le choix des Congolais en publiant des résultats "exacts", avec des menaces de sanctions dans le cas contraire. Avant la réunion du Conseil, l'ambassadeur sud-africain Jerry Matjila avait indiqué à des journalistes que le monde devait être "très très patient" pendant le décompte des voix. M. Matjila, dont le pays est membre de la Communauté des Etats d'Afrique australe (SADC) --qui inclut la RDC--, a semblé minimiser l'appel de la conférence épiscopale. La CENCO "peut dire ce qu'elle veut mais en tant qu'Etat membre de l'ONU, du SADC, nous attendrons (...) l'annonce" du résultat par les personnes "en charge des élections". Le président de la CENI Corneille Nangaa, a indiqué jeudi, que la Commission envisageait par ailleurs un report de l'annonce des résultats provisoires initialement prévus dimanche "au plus tard", en raison du "comptage manuel des bulletins". Les élections générales ont été trois fois repoussées en RDC depuis la fin du second mandat constitutionnel de Joseph Kabila fin 2016: de décembre 2016 à décembre 2017, de décembre 2017 au 23 décembre 2018, puis du 23 au 30 décembre 2018. "Nous ne dormons pas. Nous faisons de notre mieux pour qu'on publie les résultats le 6 janvier. Mais si on n'y arrive pas, à l'impossible nul n'est tenu", a déclaré Corneille Nangaa. La Céni avait affirmé mardi que les résultats provisoires seraient proclamés "au plus tard" dimanche.
Près de 16.000 personnes fuient vers le Congo-Brazzaville Près de 16.000 personnes ont fui la République démocratique du Congo vers le Congo-Brazzaville pour échapper à des violences communautaires dans l'ouest du pays, ont indiqué vendredi les Nations unies. Ces violences avaient déjà entraîné le report des élections générales du 30 décembre à Yumbi dans la province du Mai-Ndombe. "Une vieille rivalité entre Banunus et Batende a provoqué de nouvelles violences communautaires", a déclaré un porte-parole de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) Andrej Mahecic. "On rapporte que la reprise des violences a tué des dizaines de personnes, avec quelque 150 blessés qui sont arrivés au Congo-Brazzaville", a-t-il déclaré. "C'est le plus grand flux de réfugiés en provenance de la RDC vers le Congo-Brazzaville depuis presqu'une décennie", selon lui. En 2009, quelque 130.000 personnes avaient traversé le fleuve pour fuir des affrontements ethniques dans le province de l'Equateur. La République du Congo- Brazzaville abrite environ 60.000 réfugiés, principalement de la RDC, de la Centrafrique et du Rwanda. La dernière vague de réfugiés comprend surtout des femmes et des enfants de la communauté Banunu. Ils arrivent dans la région de Makotipoko et Bouemba, où les autorités de Brazzaville et les agences des Nations unies leur fournissent des traitements médicaux. "Ceux qui fuient la RDC parlent d'attaques, de maisons incendiées et de personnes tuées", selon le porte-parole du HCR.